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Accueil du site > Actualités > Economie > Quelle stratégie pour l’industrie ?

Quelle stratégie pour l’industrie ?

J’avais déjà évoqué en 2007 le rapport de l’association de documentation industrielle (ADI) présidée par M. Brun. Ce rapport, publié il y a un an, est cette année renouvelé. Il permet de faire le point sur les avancées et sur le sur-place des mesures nécessaires au développement de l’industrie française.

Le rapport 2008 exprime sans doute mieux que le premier les doutes que les citoyens peuvent avoir quant à la stratégie industrielle de la France.

Certes, nous savons tous que nos hommes politiques veulent accompagner et encourager la recherche et le développement pour faire de nos entreprises des championnes de l’économie de la connaissance.

Cependant l’industrie est fortement créatrice de valeur ajoutée, fortement créatrice d’emploi et surtout elle rapporte énormément en taxe professionnelle aux collectivités locales.

Et à ce titre, on ne peut qu’être surpris de l’absence de stratégie sur un secteur qui à la fois finance les collectivités et crée de l’emploi.
Il existe depuis dix ans une stratégie développée pour encourager et faciliter la création d’entreprise. Résultat, aujourd’hui, il est extrêmement facile de créer une société en France. D’un point de vue administratif s’entend.

Pour l’industrie, il n’y a pas de stratégie bien définie à ce jour. Le plan Force 5 lancé l’an dernier vise à faciliter l’exportation, en aucun cas à améliorer la compétitivité intrinsèque des industries pour améliorer leur "exportabilité..."

Cette stratégie devrait faciliter le développement de l’industrie sur au moins trois axes :

  1. par la recherche et l’innovation, en ce sens le Crédit d’impôt recherche et son nouveau mode de calcul est une réelle avancée pour les entreprises ;
  2. par la réduction des charges non liées aux bénéfices, telle la taxe professionnelle qui vient taxer l’outil productif ;
  3. par une modification en profondeur des prélèvements sociaux afin de réduire le coût de l’emploi, le plus élevé en Europe.
1- Le développement de la recherche et de l’innovation sont des préalables à toute politique. La France finance un système fort coûteux de formation initiale via les universités. Il est inimaginable que cette dépense ne puisse pas profiter à la fois aux étudiants pour entrer dans la vie active et aux entreprises pour découvrir de nouveaux talents.
Ainsi les mesures de Crédit impôts recherche facilitent l’embauche de doctorants, et mieux permettent aux entreprises de réellement financer leurs recherches (à condition à minima d’avoir la trésorerie pour payer les salaires et frais de recherche). Dans le projet de loi de finance 2008, le calcul de ce CIR a été facilité et ouvre plus largement ce système (auparavant, il fallait faire de savants calculs pour montrer que l’on faisait augmenter son enveloppe de recherche).

2- La réforme de la Taxe professionnelle est indispensable. Cette réforme est difficile à mener, il faut aussi en avoir conscience, car elle touche le financement des collectivités locales, mais aussi leur gouvernance. Afin de clarifier la situation l’Etat a poussé les collectivités à se réunir dans des intercommunalités. Communautés de communes et d’agglomérations se sont développées pour mutualiser des investissements et certaines gestions de services, cependant cela ajoute une administration de plus à notre système.

Europe, Etat, région, département, pays, communauté de communes / d’agglomérations, communes...

Sept étages donc, au moins. Certains n’ont pas encore beaucoup de poids, tels les pays, d’autres seraient amenés à disparaître ; les politiques sont tous d’accord, les départements devraient "sauter" ! Pourtant, ils seront peu nombreux à le défendre, trop d’amis sont effectivement menacés... politiquement il est important alors de les soutenir, drôle de paradoxe.

L’ADI explique bien l’impact de la TP sur la compétitivité des entreprises, un investissement en France coûte 20 % plus cher à amortir pour une entreprise bénéficiaire et 30 % si elle est déficitaire. Voilà pourquoi l’investissement productif français est en berne et pourquoi à Gandrange, Mittal, après Arcelor, ne veut pas moderniser l’outil industriel.

Il y a là un point de cristallisation qui nécessiterait bien un Grenelle de l’industrie pour trouver des solutions partagées.


3- Enfin le coût des prélèvements sociaux pèse fortement sur les salaires. Faut-il pour autant abattre notre système social ? Non, car un système de mutualisation le plus large possible vaut mieux qu’une multitude de petits systèmes de Sécurité sociale. La TVA sociale est à ce titre relativement intéressante. En transférant une partie des charges sociales salariales et patronales vers un système de TVA, ce sont les employés et les entreprises qui bénéficient de cet avantage (les salariés gagnent plus en net). Certes ce sont les consommateurs en général qui paient, mais cela inclut aussi les touristes et l’ensemble de ceux qui utilisent le système.

Le frein est ici psychologique car effectivement retraités, inactifs, étudiants seront taxés sur certains de leurs achats.

Pour lutter contre cet effet néfaste, une TVA sociale sur certains produits financiers pourraient aussi être mise en place, cela semble une piste à suivre.

Il faut bien se rendre compte que la Sécurité sociale c’est un budget pour 2008 de 27 milliards d’euros pour un déficit prévu de 9 milliards (régime général).

En laissant les prélèvements uniquement sur le travail (à quelques exceptions près) alors même que le ratio d’actif par inactif va en diminuant, cela conduit inévitablement soit à une privatisation du système de protection social, soit un appauvrissement des salariés. Dans les deux cas, le fossé entre les industriels et les salariés grandit. En effet, à terme, ce sont les inactifs qui ont le pouvoir du nombre et peuvent influer par leur vote sur les choix politiques à mener.

Pour conclure sur cette troisième partie, on le constate nettement les interactions entre tous facilitent plus l’immobilisme que la réforme et facilite les solutions de court terme sur celles du long terme.

Finalement, la réponse on le voit nettement aujourd’hui est qu’il n’y a pas de réelle stratégie à ce jour pour l’industrie, en dehors de la première partie sur "l’innovation". Rien ne sert de sortir le "plan", cette méthode dans une économie ouverte n’a plus sa place, il s’agit aujourd’hui de mettre en place les conditions favorables à l’accueil et surtout au développement de nos entreprises. Or, cela oblige à réaliser des réformes de fond et en continu, nous avions relevé le défi de l’exportation dans les années 90, nous devons relever un autre défi celui de nos finances publiques qui grèvent inévitablement notre compétitivité, d’une part en réduisant nos marges de manœuvre, d’autre part en alourdissant les prélèvements.

sources :
Rapport 2008 pour l’industrie - www.indusdoc.fr
Projet de loi 2008 pour Sécurité sociale
Le Crédit d’impôt recherche guide 2008

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8 réactions à cet article    


  • tvargentine.com lerma 16 juin 2008 11:13

    Vous écrivez " La TVA sociale est à ce titre relativement intéressante. En transférant une partie des charges sociales salariales et patronales vers un système de TVA, ce sont les employés et les entreprises qui bénéficient de cet avantage (les salariés gagnent plus en net). Certes ce sont les consommateurs en général qui paient, mais cela inclut aussi les touristes et l’ensemble de ceux qui utilisent le système."

    C’est bien mais un peu tard,car quand ici j’ai défendu cette idée du Président Nicolas Sarkozy,je me suis retrouvé bien seul,alors que qu’aujourd’hui,vous démontrez que cette TVA était vraiment interessante pour l’économie française

    Il est vraiment dommage qu’en France les vrais débats soient contaminées par de la démagogie populistes qui à consisté à faire croire que cette TVA allait faire exploser les prix

    Cette TVA aurait pu permettre de constituer des rentrées d’argent important pour les caisses de l’Etat et d’aider les pêcheurs,les camionneurs et les citoyens qui se rendent au travail chaque jour avec difficulté puisque le prix du pétrole à explosé

     

     

     


    • Forest Ent Forest Ent 16 juin 2008 11:22

      Comme j’avais déjà eu l’occasion de vous le répondre la dernière fois, personne n’a jamais entendu parler de l’ADI ni de M Brun. Tout le monde a le droit d’exprimer une opinion, mais la sienne n’est pas plus autorisée que celle d’autrui, et il n’y a rien dans son "rapport" qui étaye ses conclusions sur des méthodes d’analyse explicites. Dit autrement, c’est une tentative de propagande libertarienne, légale sans plus. A l’an prochain...


      • Yann Riché Yann Riché 16 juin 2008 13:24

        Forest,

        Il me semble plus interessant de s’interresser au contenu qu’au contenant. En l’occurence, M. Brun est issue de l’industrie et pas du commerce, tant mieux à mon sens.

        Le contenant est une analyse de l’industrie française et de ses enjeux. Vous pouvez si cela vous tente lire les documents publiés par le ministère de l’industrie.

        Pourquoi M. Brun ne serait pas autorisé à publier un rapport ? Qu’est-ce qui vous gêne dans son analyse ?

        Comme tout rapport j’estime qu’il est intéressant de regarder les raisonnements et les enjeux qui y sont présentés. Est-ce du lobby ? Evidemment, mais Nicolas Hulot a fait le sien et d’autres aussi.

        Tous nous sommes prêts à crier au scandale mais qui apporte des solutions ?

        Evidemment l’industrie ça gêne aux entournures, celles qui sont installées partent, celles qui arrivent gênent (ça pue et ça fait du bruit), bref c’est vrai nous pouvons choisir de foncer vers la désindustrialisation active...


      • Forest Ent Forest Ent 16 juin 2008 20:15

        Pourquoi M. Brun ne serait pas autorisé à publier un rapport ?

        Il en a autant le droit que M Blond et M Roux, et ça a le même poids.

        Evidemment l’industrie ça gêne aux entournures, celles qui sont installées partent, celles qui arrivent gênent, bref c’est vrai nous pouvons choisir de foncer vers la désindustrialisation active...

        Pas de chantage affectif, SVP.

        Qu’est-ce qui vous gêne dans son analyse ?

        Quelle analyse ? Ca a l’air plutôt rempli de non-dits. Où est le constat ? Quelle est la cause de la désindustrialisation ? Le "coût de la recherche" et le "poids des prèlèvements sociaux" ? Sincèrement, ça me fait doucement rigoler.

        Pour la recherche, il y a plein de diplômés au chômage. Le gouvernement est en train de flinguer la recherche publique. Ca ressemble franchement à une porposition pour créer une 827ème niche fiscale.

        Quand au "poids des prélèvements sociaux", je n’y crois pas trop, mais de toutes façon votre article ne donne aucune piste pour le réduire. Il propose juste d’en transférer une partie vers une "fiscalité des produits financiers" dont je suis bien curieux de savoir comment vous la mettriez en oeuvre sans toucher aux paradis fiscaux et à la liberté de circulation des capitaux.

        Tous nous sommes prêts à crier au scandale mais qui apporte des solutions ?

        Allez, je vous fais une proposition bienveillante : investissons sérieusement dans la lutte contre l’évasion fiscale, rétablissons des douanes et un contrôle des changes.


      • karg se 17 juin 2008 09:33

        par une modification en profondeur des prélèvements sociaux afin de réduire le coût de l’emploi, le plus élevé en Europe.

        c’est faux :

        Les coûts de la main-d’oeuvre dans l’UE27 fluctuaient en 2006 dans un rapport de un à vingt
        Exprimé en euros, le coût horaire moyen de la main-d’oeuvre3 dans l’UE27 était en 2006 de 20,35€. C’est en Suède (32,16€) que le coût était le plus élevé, suivie du Danemark (31,98€ en 2005), du Luxembourg (31,98€) et de la Belgique (31,58€). Le coût horaire de la main-d’oeuvre était le plus bas en Bulgarie (1,65€), en Roumanie (2,68€), en Lettonie (3,41€) et en Lituanie (4,21€).

        source : eurostat

        D’autre part quand tu rentre dans l’économie de la connaissance les salaires sont de toute façon très élevé, quand tu embauche beaucoup d’ingénieur, de technicien et de PhD faut pas compter les payer au smic. C’est l’interêt même de l’économie de la connaissance : des salaires élevés pour faire de la croissance.

         


        • Alain60ans 18 juin 2008 16:15

          Bonjour Vous écrivez à la page 3 : "

          " la Sécurité sociale c’est un budget pour 2008 de 27 milliards d’euros pour un déficit prévu de 9 milliards (régime général)." J’ai vérifié. Il s’agit plutôt d’un budget de 270 milliards d’Euros !
           

          Article intéressant. Réforme de la Taxe professionnelle : Comme cet impôt sert à financer collectivités locales, des tas d’intérêt en jeu ! De mon côté et après une carrière d’ingénieur "hachée", j’ai fini comme traducteur technique anglais-allemand (difficile !), j’ai trouvé que dans la ville où j’étais , cette taxe prof était élevée. Notre "cher président" n’est pas "sorti de l’auberge" (et nous avec !). Pauvre FRANCE !


          • W.Best fonzibrain 19 juin 2008 13:59

            Ambrose Evans-Pritchard, 18 juin 2008

             

             


             

            La Royal Bank of Scotland a averti ses clients de se préparer à un krach majeur des bourses mondiales et des marchés du crédit dans les trois prochains mois, au moment où l’inflation paralyse les possibilités d’action des grandes banques centrales.

            « Une période très dangereuse se rapproche rapidement - soyez prêts », met en garde Bob Janjuah, l’analyste stratégique de la banque écossaise.

            Un rapport rédigé par une équipe de la banque estime que l’indice boursier de Wall Street S&P 500 est susceptible de perdre plus de 300 points, pour atteindre environ 1050 en septembre, lorsque se solderont les excès de l’envolée des prix sur les marchés mondiaux, entraînant une contagion dans toute l’Europe et les marchés émergents.

            Une telle chute des bourses mondiales bourses créerait l’un des pires de marché baissier depuis un siècle.

            RBS déclare que l’indice iTraxx qui mesure la qualité du crédit des entreprises bien notées pourrait grimper à 130/150 points de base tandis que l’indice « Crossover » qui reflète le risque associé aux obligations spéculatives pourrait atteindre 650/700 pb en un nouvel épisode de panique sur les marchés des obligations.

            « Je ne crois pas que je puisse être beaucoup clair : si vous devez être engagés sur les marchés du crédit, mettez l’accent sur la qualité, les durées courtes, les investissements défensifs et non-cycliques. »

            « Le cash constitue la principale protection. Il s’agit de ne pas perdre votre argent, de ne pas perdre le résultat de votre travail », observe M. Janjuah, qui est devenu une star de la City après que ses sombres prévisions de l’année dernière sur la crise du crédit se soient avérées on ne peut plus justes.

            La RBS s’attend à ce que Wall Street monte encore un peu au début juillet avant que l’élan de courte durée donné par les crédits d’impôts aux USA ne s’évanouisse, et que l’effet retard de la flambée des cours du pétrole ne provoque des dégâts.

            « La mondialisation a toujours fait courir le risque que les banquiers du G7 se retrouvent pris dans une situation dangereuse à un moment donné. Nous y sommes. », juge-t-il.

            La Réserve Fédérale américaine et la Banque Centrale européenne n’auront plus le choix lorsque les salariés commenceront à perdre leur emploi et que les prêteurs fermeront les robinets du crédit.

            Les autorités ne pourront pas répondre par un assouplissement de la politique monétaire car le coût de l’énergie et de l’alimentation continuera à pousser l’inflation à des niveaux qui déstabilisent les marchés. « Le piège, c’est que nous pourrions avoir besoin d’une croissance mondiale plus faible pour provoquer une baisse de l’inflation », note-t-il.

            « La Fed est en mode panique. La perte massive de crédibilité que la Fed et peut-être même la BCE subiront lorsqu’elles ne pourront pas remonter les taux dans ce contexte inflationniste se conjugueront et déclencheront une vente massive des actifs à risque », déclare-t-il.

            Kit Jukes, responsable des marchés du crédit à la RBS, déclare que l’Europe ne sera pas immunisée. « Le ralentissement économique se propage et les données les plus récentes sur la demande des consommateurs et la confiance sont catastrophiques. La BCE est fermement décidée à relever ses taux.

            « Les conséquences au plan politique pourraient être importantes lorsque les ministres des Finances des économies les plus faibles s’en prendront à la BCE. Un élargissement des différences de rendements entre les Bons du Trésor Allemands et ceux des marchés périphériques semble assuré », affirme-t-il.

            En fin de compte, la banque prévoit que la flambée des prix du pétrole devrait diminuer d’intensité lorsque le puissant mécanisme de la déflation du crédit se fera sentir durant l’année prochaine.
             

            • Jérémy dumont Jeremy dumont 25 octobre 2008 13:24

              Les oiseaux de mauvais augure dressent un portrait sombre d’une société en mal d’avenir et d’ambitions collectives. A les entendre, les jeunes contestent moins, les créatifs suivent la mode, les philosophes bégaient...

              Dans leur description, ils oublient que si le contexte économique, politique et social incite à la morosité, il est aussi porteur de contradictions génératrices de nouvelles idées et d’ utopies.

              Collectons des utopies concretes et réalisables pour imaginer les produits de demain et concevoir des publicités qui ne racontent pas que des histoires.

              Pourquoi pas...non ?

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