Quelque chose doit craquer !
Les avis divergent et les arguments s’affûtent entre ceux qui prétendent que la crise Européenne est en voie de résolution et les théoriciens dits du « double dip » qui, inquiets de la stagnation des marchés de l’emploi et de l’immobilier (aux USA, en Espagne…) estiment que les aléas Européens contribueront à replonger les économies mondiales dans une nouvelle récession… A l’appui de leur thèse, les premiers se réjouissent du Fonds d’urgence Européen de 750 milliards d’Euros ayant contribué à des émissions obligataires plutôt réussies en Espagne (et en Italie) tandis que les seconds sont persuadés que ces mesures – aussi spectaculaires fussent-elles – ne font que retarder l’inéluctable.
Car il faut en effet avoir une Foi du charbonnier pour prétendre que l’Europe s’est tirée d’affaire alors qu’elle patauge toujours dans son pêché originel ou – pour être plus prosaïque – structurel : Une descente aux enfers dans un contexte de marchés tourmentés est toujours d’actualité tant que chacun des membres de l’Union décidera de sa propre politique budgétaire et fiscale… En outre, l’exposition des Banques Européennes aux nations du PIIGS à hauteur de quelque 1 300 milliards d’Euros, la Grande Bretagne menacée de perdre son AAA par l’agence Fitch qui estime insurmontables les défis auxquels elle est confrontée, la Hongrie qui risque de faire défaut cet été en dépit des aides lui ayant été allouées l’an dernier de 20 milliards d’Euros … sont autant de facteurs supplémentaires faisant prédire à certains (dont Paul Krugman) 30 à 40% de chances que l’économie globale renoue avec une contraction d’autant moins évitable que les effets des stimuli fiscaux sont en train de se dissiper !
C’est donc dans une telle conjoncture que les positions deviennent irréductibles entre les Banquiers Centraux qui, faisant ni plus ni moins leur job, prêchent l’austérité et les dirigeants politiques qui tentent de justifier leur approche par des théories économiques qu’ils ne maîtrisent même pas. Il est vrai que l’originalité et le courage sont des qualités dont sont totalement dénuées nos responsables politiques et économiques qui basent leur communication et qui justifient leur argumentation éculées derrière des concepts hyper conventionnels afin de ne pas prendre de risques susceptibles d’hypothéquer leur propre carrière ! C’est ainsi que, selon Le Monde, « à une semaine du G20, Angela Mekel et Barack Obama s’opposent toujours sur la stratégie à adopter pour sortir de la crise économique. La chancelière allemande estime que l’heure est à la consolidation des finances publiques et non plus aux programmes de relance anti-crise tandis que le président américain se dit favorable à des plans de relance rapides. » En fait, nos politiques nous parlent de ce que nous comprenons, à savoir que les excès de dettes et de dépenses publiques finiront par oblitérer nos économies et nos monnaies même si la relation de cause à effet entre les premières et les secondes n’est pas mécanique…
Comment sortir de cet éternel débat (entre partisans et contradicteurs de l’austérité) qui nous réduit à tourner en rond et à compter les points dans un match stérile et ennuyeux opposant ceux qui veulent dépenser moins à celles qui sont traitées de « cigales » ? Comment en est-on arrivé à ce stade où nos politiques – et donc nos existences – sont entièrement conditionnées par le verdict de marchés financiers qui nous dictent nos dépenses ? Nos responsables sont devenus des chantres des « stimuli » , des pourfendeurs de déficits et des larbins des marchés obligataires ! Ne rendraient-ils pas plus service à leurs nations respectives de se livrer – pour une fois – à un véritable et courageux travail intellectuel de remise en question en profondeur de notre système - dont tout le monde s’accorde à dire qu’il est plus ou moins condamné – en privilégiant l’équilibre social qui, seul, ramènerait la confiance ?
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