Quelques nouvelles du front : envolée des indices
La banque CIT (le financier des franchisés et de l’industrie du prêt-à-porter) serait sur le point de déposer le bilan, lâchée par le Trésor US comme Lehman 10 mois plus tôt ; ce serait la cinquième plus grosse faillite de l’histoire, derrière Coutrywide, General Motors ou Worldcom... mais devant Enron. Pendant ce temps, les indices américains s’envolent de 6,5%.
La banque dirigée par Jamie Dimon avait été sauvée de la débâcle à l’automne dernier grâce à l’argent des contribuables... mais pas un cent de bénéfice ne provient des services offerts aux particuliers (prêts immobiliers, avance de trésorerie aux entreprises, cartes de crédit, etc.).
Bien entendu, ces gains proviennent — comme pour Goldman Sachs — presque exclusivement des activités de marché : de la spéculation à grande échelle et tous azimuts, pour être très clair... Ils ont aussi été engrangés grâce à des placements de titres (obligations et actions) dans le cadre d’augmentations de capital souscrites en majorité par les organismes qui gèrent nos futures retraites.
Nous n’allons pas vous apprendre que la présentation des comptes d’une banque permettent de faire apparaître à volonté des gains ou des pertes — selon que des provisions seront ou non passées sur les créances douteuses ou les engagements hors bilan (les fameux SIV gavés de dérivés de crédit en décomposition).
Difficile en revanche de tricher lors de la présentation de trimestriels tels que ceux de Nokia dont l’activité constitue le véritable reflet de la santé de l’économie : les profits ont chuté de 73%.
Le volume d’affaires dégringole de 12% sur le marché du mobile (en un an). La direction du n°1 mondial juge que l’environnement demeure trop concurrentiel — comprendre trop "sauvage" — pour se focaliser sur la maîtrise des marges. C’est donc le maintien de la part de marché qui est privilégiée en attendant mieux.
Le titre Nokia a donc perdu 15%... Ce qui n’impacte absolument pas l’optimisme du Nasdaq, revenu à son zénith annuel à 1 870 points — comme s’il s’agissait d’une petite valeur technologique du second marché, d’une valeur correspondant à une niche non représentative du contexte macroéconomique.
Vous n’avez aucun mal à débusquer l’escroquerie intellectuelle consistant à faire passer les super-profits des super-spéculateurs pour le reflet d’une économie américaine florissante... alors que l’épargnant qui peine à régler ses factures vit dans un véritable climat de récession et même de dépression.
Pas moins d’un million de clients — qui possèdent un commerce pour la plupart — vont être touchés. L’ardoise pourrait vider d’un coup les réserves du fonds de garantie bancaire... mais ce n’est pas grave, il n’y aura qu’à le renflouer une nouvelle fois avec l’argent du contribuable
Tout ce qui précède n’empêche pas les médias de continuer à faire comme si.