Qui gagne 1 000, 2 000, 3 000 euros par mois ?
Voici une analyse peu courante en dressant un portrait socioprofessionnel des personnes dont les revenus sont de 1 000, 2 000 ou 3 000 euros par mois. Cela vous permettra de vous faire une idée sur les revenus de vos concitoyens, idée basée sur des informations réelles et non plus sur des a priori ou des idées reçues.
Tout d’abord, il faut préciser que l’échantillon représenté sur MySalaire n’est pas un échantillon représentatif de la population française, mais plutôt de ce que nous appellerons « la population internet », caractérisée par : un âge compris entre 20 et 40 ans, des secteurs d’activité secondaire (industrie) ou tertiaire (services), principalement dans des entreprises ou des administrations. Les répartitions par taille d’entreprise et par secteur géographique suivent à peu près ceux de la population française. La segmentation proposée distingue quatre tranches, centrées sur 1 000, 2 000, 3 000 ou plus de 3 000 euros nets par mois.
Le « smicard »
1 000 euros nets par mois, cela correspond au Smic, le salaire minimum pour un temps complet, qui devrait logiquement être la rémunération des personnes ayant le minimum de qualification et d’expérience. En fait, il se trouve que beaucoup de salariés qualifiés (CAP, BEP, bac, voire BTS/DUT ou licence/maîtrise) sont rémunérés au Smic. On pourrait alors penser qu’ils sont « au Smic » car ils sont débutants ? Là encore, erreur, certains d’entre eux ont dix, vingt ou trente ans d’expérience professionnelle.
Les métiers exercés par les smicards sont principalement employés de commerce (vendeurs), employés administratifs d’entreprise (secrétaires, standardistes), ouvriers non qualifiés (manutentionnaires), mais on trouve également dans cette catégorie des débutants (moins de deux ans d’expérience) ayant un métier plus qualifié : techniciens ou ingénieurs. Par contre, au-delà de quinze ans d’expérience, la totalité des personnes ayant des revenus proches du Smic ont une formation initiale qui ne dépasse pas le baccalauréat.
La taille de l’employeur joue un rôle important : on constate que les smicards travaillent en majorité dans des entreprises dont l’effectif total est inférieur à dix personnes, alors que les sociétés de taille supérieure offrent des niveaux de revenus également supérieurs.
L’analyse de cette population en fonction du sexe vient confirmer une fois de plus une inégalité connue de tous : les femmes sont majoritairement présentes dans ce groupe : 62 % des smicards sont des « smicardes », alors que les femmes ne représentent que 35 % de l’ensemble des revenus analysés.
En résumé, si nous faisons la moyenne sur tous les paramètres, nous décrirons notre smicard-type comme une femme de 28 ans, ayant étudié jusqu’au baccalauréat maximum, vivant en province et exerçant un métier de secrétaire ou standardiste dans une entreprise, depuis sept ans.
Le « deux fois le Smic »
Deux fois le Smic – soit 2 000 euros nets par mois – c’est environ la moyenne de l’ensemble des revenus renseignés sur MySalaire (2 160 euros), et c’est aussi la catégorie la plus représentée car 62 % des personnes sont dans ce groupe. Nous sommes donc dans la moyenne des moyennes. La population est très variée : 33 % d’ingénieurs et cadres, 55 % d’employés et professions intermédiaires, 12 % d’ouvriers, sachant que les cadres sont globalement au-dessus de la moyenne des 2 000 euros alors que les professions intermédiaires, employés et ouvriers sont entre 1 500 et 2 000.
Les métiers exercés reflètent la variété de cette « classe moyenne » : ouvriers qualifiés industriels, dessinateurs industriels, employés administratifs de l’industrie ou des services, techniciens, vendeurs, cadres commerciaux, administratifs ou techniques, professeurs. La règle de l’ancienneté qui décroît lorsque la qualification augmente pour un revenu équivalent est vérifiée : les cadres de ce groupe ont cinq ans d’ancienneté en moyenne, les employés et professions intermédiaires : dix ans et les ouvriers : quatorze ans.
Bien que les personnes de ce groupe soient présentes dans tous les secteurs d’activité et toutes les tailles d’entreprises, elles sont majoritairement employées dans des petites sociétés (moins de cinquante personnes) ayant une activité d’envergure régionale.
Pour conclure, notre « deux fois le Smic » ressemblera beaucoup à ceci : un homme de 31 ans, de formation bac + 2, travaillant comme technicien ou employé depuis neuf ans en moyenne. Il vit en province et travaille dans une petite entreprise industrielle employant moins de cinquante personnes.
Le « 3 000 »
Avoir des revenus de 3 000 euros nets par mois permet de se sentir « au-dessus de la moyenne ». Nous allons donc voir quels sont les moyens de se hisser au-dessus de cette moyenne.
En premier lieu, c’est la formation initiale qui permet d’atteindre ces revenus car 55 % de ce groupe ont un niveau d’études supérieur à bac + 5. Par contre, ces bac + 5 et plus sont en grande majorité dans la première partie de leur carrière (moins de dix ans d’ancienneté), alors que des personnes avec un niveau d’études de bac à bac + 2 atteignent également ces revenus au-delà de vingt ans d’expérience.
Ensuite, vient le fait d’encadrer des collaborateurs : les « 3 000 » ont à 84 % le statut cadre, et la moitié de ces cadres supervisent entre une et dix personnes (et 12 % plus de dix personnes).
Puis, la taille de la société : c’est dans ce groupe que les grandes sociétés sont les mieux représentées puisque 37 % travaillent dans des entreprises de plus de 500 personnes.
Enfin, le secteur d’activité : les secteurs les plus souvent cités sont les hautes technologies (pour 30 % des « 3 000 »), puis les entreprises industrielles et de services. Les métiers pratiqués sont en majorité ceux de cadre technique ou commercial, avec une très forte présence des chefs de projet informatique. Le lieu d’habitation des personnes de ce groupe est à 50 % en région parisienne.
Donc, nous ferons le portrait de notre « 3 000 » comme suit : un homme de 34 ans, ayant fait des études supérieures, travaillant en région parisienne comme chef de projet informatique dans une grande entreprise high-tech de renommée internationale.
L’« au-delà »
Les personnes ayant des revenus supérieurs à 3 000 euros nets par mois sont proches des « 3 000 », mais avec plus d’ancienneté (dix ans d’expérience et plus). On retrouve donc logiquement les ingénieurs et commerciaux des grandes entreprises industrielles ou de services, avec souvent des responsabilités de directeur, mais on voit apparaître de nouvelles activités : médecins libéraux, pharmaciens, chefs d’entreprise. Quasiment toutes les personnes de ce groupe ont fait des études supérieures au-delà de bac + 4. A noter, les femmes ne représentent que 5 % des réponses de ce groupe.
Finalement, notre « au-delà » sera assez proche d’un homme de 39 ans, ayant fait des études supérieures, directeur dans une entreprise ou médecin/pharmacien libéral.
Ajoutons que ces salaires doivent être relativisés pour expliquer le niveau de vie réel d’une personne, car d’autres facteurs ont une influence du premier ordre sur ce dont une personne dispose pour ses dépenses mensuelles :
- le fait que les deux conjoints travaillent au lieu d’un seul ;
- le fait d’avoir des enfants ou non ;
- le fait de devoir acquérir ou non sa résidence principale (héritage ou don d’un parent).
Pour conclure : avez-vous reconnu des personnes de votre entourage ? Vous êtes-vous reconnu dans ces descriptions ?
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