Qui veut gagner des milliards ?
Vous voulez devenir aussi riche que votre banquier ? Faites comme lui, lancez-vous dans le « CARRY TRADE ».
Le Carry Trade, dans le jargon financier anglo-saxon n’a pas de traduction officielle en français, approximativement « portage commercial ». Il s’agit d’une technique simple qui permet de s’enrichir facilement en spéculant avec le soutien, sinon la bénédiction des banques centrales, c’est-à-dire des grands manitous de la finance qui prétendent qu’il s’agit d’un « arbitrage », chacun ses pudeurs.
Le Carry Trade consiste à s'endetter à faible taux d'intérêt dans une devise, à convertir les fonds obtenus dans une devise à tendance haussière par rapport à la précédente puis à les placer dans des actifs offrant des rendements supérieurs. Aucune richesse réelle, ni matérielle, ni intellectuelle n'est produite. C’est de la pure spéculation financière et une source de profits faciles.
Comment est-ce possible ? Prenons un exemple concret dans le monde merveilleux de la finance de haut vol :
Depuis de nombreuses années, le Japon mène une politique financière inflationniste pour tenter de s’extraire d’une situation catastrophique qui a fait de ce pays autrefois dynamique et prospère, le pays le plus endetté du monde à côté duquel la France paraîtrait un modèle de rigueur et de bonne gestion.
Nous sommes en novembre 2013. Une banque, la vôtre peut-être, emprunte 100 000 yens à taux zéro à la banque centrale du Japon (BoJ), puis les convertit immédiatement en dollars à la parité de 100 yens pour 1 dollar, soit 1000 dollars qu’elle pourrait placer en bons du trésor. Elle choisit cette fois d’acheter 2 actions « Google » à 500 dollars pièce.
Le 7 novembre 2014, la banque revend ses 2 actions 550 dollars pièce, soit 1100 dollars, convertit 860 dollars en 1000 yens au cours du jour et rembourse son emprunt à la BoJ. Le bénéfice est de 240 dollars sur 1an, soit 24% de 1000 dollars. En réalité, si vous avez bien suivi, la rentabilité est infinie puisque la banque n’a pas engagé un seul dollar de ses fonds propres mais uniquement une promesse de remboursement. C’est ça qui est merveilleux.
Evidemment, les banquiers ne spéculent pas pour 240 dollars par an mais pour des milliards car leur cupidité n’a pas d’autre limite que la confiance qu’on leur accorde. Les profits sont augmentés par l’utilisation de techniques financières à effet de levier et d’ordinateurs aux algorythmes sophistiqués permettant la manipulation des cours en émettant des milliers d’ordres d’achats et de ventes par seconde.
La banque n’a rien produit, rien extrait du sol à la sueur de son front, rien fabriqué, rien inventé pour agrémenter la vie de ses contemporains. Elle n’a fait qu’utiliser une mécanique financière qu’aucune loi n’interdit et qu’aucun organisme gouvernemental ne contrôle.
Il s’agit bien de rapines en bandes organisées étant donné les liens « étroits » pour ne pas écrire « d’autorité » qui existent entre la BoJ et la Banque centrale américaine (FED), entre l’Empire et ses dominions. Ne doutons pas que ceux qui sont les initiateurs de la politique monétaire US et ceux qui s’enrichissent avec le carry trade se confondent. Rappelez-vous que la FED n’est qu’un conglomérat de banquiers privés tous très riches, très puissants et très honorables dans la « bonne société » des parasites.
Mais d’où viennent ces milliards de dollars qui enrichissent ces crapules ?
Pour comprendre, il faut expliquer ce que sont les mesures dites « non conventionnelles » de la politique monétaire décidée par la FED et qu’elle tente d’imposer à la BCE, les Quantitative Easing (QE). Voici en gros, comment cela se passe :
- La FED achète des obligations d’entreprises aux banques, ces obligations rapportent des dividendes et leur nominal sera remboursé à terme.
- Elle achète aux banques des obligations d’état. Elle l’a d’abord fait secrètement puis a officialisé le procédé avec les QE.
- Elle prête de l’argent aux banques à taux d’intérêt pratiquement nul pour consolider le bilan des banques et contrer le blocage des crédits entre banques qui doutent chacune de la solvabilité des autres.
Officiellement les QE successifs ont été mis en place pour relancer l’économie. C’est un mensonge. L’influence des QE sur l’économie réelle est nulle, en moyenne, en trente ans, un dollar de dette supplémentaire achète 0,18 $ de PIB supplémentaire.
http://la-chronique-agora.com/pib-dette-us/
Si l’économie repart doucement outre atlantique, c’est dû à une énergie abondante et bon marché provenant des gaz et pétroles de schistes et des sables bitumineux à laquelle vient s’ajouter un début de relocalisations de l’industrie, donc des emplois.
La banques centrale ne peut pas financer directement les déficits des états, ce serait faire tourner « la planche à billets ». Le stratagème du QE permet de contourner discrètement cette règle. C’est la même tactique à trois bandes qui est utilisé au Japon, en Grande-Bretagne et encore timidement par la BCE.
Les banquiers utilisent une partie des abondantes liquidités des banques centrales pour spéculer. C’est de là que provient l’argent du carry-trade et la hausse continue des bourses malgré la stagnation de l’économie.
Vous pensez que c’est de la triche ? Pour eux, les règles sont pour les faibles.
Pour bien comprendre le monde dans lequel nous vivons, nous devons intégrer que la plupart des discours officiels sur l’économie et le social est un tapis de mensonges sous lequel est dissimulée une réalité indicible : Le monde est au bord du cataclysme financier.
Les indices économiques, les taux de chômage et d’inflation, les PIB, tout est manipulé pour convaincre les plus pauvres d’accepter les sacrifices que la situation exige et la valse des milliards pour les plus riches.
Est-ce l’abîme vertigineux de la dette qui a fini par faire peur aux autorités ? La FED vient de fermer le robinet des liquidités mais elle gardera la baignoire pleine. Les obligations seront remplacées au million de dollars près au fur et à mesure qu’elles arriveront à maturité.
Un heureux hasard fait qu’au même moment la banque centrale du Japon, la BoJ, annonce qu’elle va lancer un nouveau QE massif pour relancer l’économie et lutter contre la déflation.
C’était inévitable puisque la BCE est encore empêchée de le faire par les allemands. C’est juste une question de vie ou de mort pour le monde financier. Les banques centrales doivent maintenir les taux d’intérêts des emprunts d’état proches de zéro par tous les moyens. Les besoins de liquidité et les risques de faillite sont tels que si les banques centrales laissaient les marchés fonctionner normalement, les taux d’intérêt exploseraient. La plupart des pays surendettés se déclareraient en cessation de paiement, déclenchant une crise économique sans précédent sur toute la planète. La réalité indicible évoquée plus haut.
Les QE ont de nombreuses conséquences.
La première d’entre elles est qu’ils diminuent la valeur de la monnaie. C’est bon pour les exportations et pour l’inflation dont les états ont tellement besoin pour faire monter artificiellement leur PIB et leurs rentrées fiscales.
Ces milliards de dollars tirés du carry-trade en spéculant avec l’argent détourné des QE gonflent la dette et mécaniquement, les intérêts à verser chaque année. Comme la plupart des pays développés sont incapables de payer ses intérêts, ils empruntent davantage.
Par exemple, les intérêts de la dette française représentent 46,6 des 87,4 milliards de déficit prévu pour cette année. Il faudra donc emprunter pour payer. C’est de la cavalerie mais c’est mieux que la destruction de l’économie mondiale.
C’est ainsi que la dette est devenue hors de contrôle. Elle grossit telle une boule de neige qui dévale un couloir d’avalanche. Ou elle s’évaporera ou elle écrasera les peuples. C’est sans doute pour cela qu’elles sont, in fine, discrètement transférées des banques privées aux banques centrales, c’est à dire aux citoyens. Les plus riches acquiert des actifs rentables indexés sur l’inflation, les autres, un passif dangereux garantit par leurs impôts.
La spéculation n’est pas sans conséquence pour les populations, celles des pays asiatiques, russes et argentines par exemple, ont terriblement souffert des crises financières, notamment celle de 1997 et 1998, provoquées en grande partie par les aller-retour massifs de devises à travers les opérations de carry-trade.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Crise_%C3%A9conomique_asiatique
Y a-t-il des risques pour les spéculateurs ?
Oui, si le Yen remonte significativement par rapport au dollar ou que l’action « Google » plonge, l’échafaudage doré s’effondre.
Mais non, car le Système n’autorise pas ce genre de surprise. Les banques centrales sont coordonnées entre elles sous l’autorité de la FED ou plutôt des banquiers privés qui constituent la FED. Le Yen ne montera pas et les actions ne baisseront pas tant qu’ils ne l’auront pas décidé, tant qu’ils ne se seront pas gavés, tant qu’ils n’auront pas réalisé leurs bénéfices et pris les positions qui leur permettront de profiter aussi de la baisse.
http://la-chronique-agora.com/qe-japon-sp-500/
Pour ceux qui bénéficient d’informations de première main, les banquiers au cœur du Système, il n’y a pas de risques. Même s’ils étaient pris à contrepied par un événement imprévu et risquaient la faillite, l’état viendrait aussitôt à leur secour. Pourquoi se priver ? Toutes les mises sont gagnantes.
Il en va tout autrement pour les spéculateurs de second rang. Ces pigeons ne bénéficient pas des informations réservées aux initiés et croient que les arbres montent jusqu’au ciel, qu’ils peuvent gagner contre les ordinateurs. Ils y laisseront leur chemise un jour ou l’autre, comme ces gogos qui spéculent sur le FOREX et sur les produits dérivés.
Ignorent-ils que tout le jeu est truqué et depuis longtemps ? Il est vrai que ce n’est que très récemment, tardivement dirons-nous, que les autorités ont commencé à poursuivre les banquiers délinquants. Ces autorités entendent bien se réserver le monopole des mensonges et des manipulations.
Les banques et les hedges-funds les plus importants, par leur imbrication dans le système sont relativement à l’abri d’une faillite. Non seulement, ils bénéficient des informations stratégiques mais en plus, ils font partie des « too big, to fail » (Trop gros pour faire faillite).
Vous vous souvenez sans doute qu’en 2009, pour sauver les grandes banques, Sarkozy leur a fait transférer des centaines de milliards d’euros pratiquement sans contrepartie alors que quelques mois plus tôt Fillon déclarait que les caisses étaient vides et que la France était en faillite.
Certaines auraient dû être nationalisées comme cela a été fait en Grande-Bretagne ou aux USA, deux pays fondateurs du libéralisme, mais Sarkzoy, responsable de tout mais justiciable de rien, s’est voulu plus libéral encore que les Anglo-saxons ou plus stupide. Il n’a pas voulu en entendre parler. Si aujourd’hui, les intérêts de la dette versés aux banques sont devenus le premier poste budgétaire et creusent le déficit, c’est en partie au sauvetage de ces mêmes banques que nous le devons.
La crise asiatique de 1997, provoquée en partie par le Carry Trade, s’est rapidement propagée à la Russie, provoquant la faillite du Hedge-fund « des prix Nobel » LTCM. Là encore, ce sont des fonds publics, US cette fois, qui ont sauvé les spéculateurs de la faillite.
http://lexpansion.lexpress.fr/actualite-economique/ce-petit-genie-a-perdu-600-milliards_1451995.html
Mais depuis, la situation a changé. Les hommes politiques savent que les finances des états ne permettront plus de sauver les banques défaillantes lorsque la prochaine grande crise financière surviendra. Ils savent que les banques spéculent au-delà de toute prudence mais n’osent pas légiférer pour les en empêcher. Par contre, ils ont trouvé le courage de voter pour permettre une faillite ordonnée des banques. Dorénavant, ce seront les clients qui épongeront l’ardoise.
Vous croyez que vous déposez l’argent durement acquis dans le coffre de la banque, mais en réalité en déposant vos économies à son guichet, vous l’échangez sans le savoir contre une créance. En cas de faillite, vous serez traité comme les autres créanciers. Ce dispositif qui entrera en vigueur en janvier 2016, se nomme le « bail-in » en opposition avec le « bail out ». S’il n’y a pas de traduction en français, c’est que le gouvernement n’a pas prévu de vous informer de ce détail.
http://investisseurpro.com/lineluctable-confiscation-des-depots-bancaires-bail-in/
Le gouvernement et nos élus « de gauche », rendus sourds, aveugles et idiots par les privilèges, ont décidé sans vous le dire que vos dépôts seraient garants des dettes contactées par votre banque.
En toute logique et justice, ils devaient interdire dans la même loi aux banques de spéculer et de mettre vos économies en danger, ils ne l’ont pas fait. Le candidat Hollande l’avait promis (N° 07-1), le Président ne l’a pas fait. Pourquoi ? Parce que les banquiers, maître de la dette sont devenus les maîtres du monde. Leur credo à tous : Mentir pour durer.
Bien entendu, vous n’avez aucun droit de contrôle sur ce que font les banques, ni aucun moyen de le savoir. Les opérations spéculatives font partie du « hors bilan », du « shadow Banking », du côté obscure de votre banque. Lorsqu’elle plongera pour cause de spéculation excessive, c’est devant le rideau de fer de l’agence que vous l’apprendrez.
http://www.youtube.com/watch?v=mx-ur9NWWYg
En clair, les gros bénéfices sont pour les actionnaires qui ne les rendront pas en cas de faillite, par contre les grosses pertes sont pour vous. Le piège est solidement construit, il est impossible d’y échapper car d’autres lois vous obligent à recevoir vos salaires sur un compte bancaire et vous interdisent tout paiement en liquide au-delà d’un montant réglementé.
http://vosdroits.service-public.fr/particuliers/F10999.xhtml
Vous trouverez un classement des banques à risque systémique sur ce site. Il serait prudent d’en tenir compte.
http://www.journaldunet.com/economie/finance/banques-a-risque-systemique.shtml
Comme nous sommes dans le monde réel, il n’y a pas de morale à cet article. Les biens mal acquis profitent à ceux qui parasitent la société.
Le siphonnage organisé sur les centaines de milliards imprimés pour empêcher le pire constitue l’une des sources du pouvoir de l’oligarchie. C’est de là que vient l’argent des campagnes électorales, de la corruption des élites et de la manipulation des masses.
Ces milliards servent à renforcer la domination des plus riches sur le monde, à récompenser les affidés, les hauts cadres des banques, du PDG aux traders par des bonus extravagants. Ils servent surtout à corrompre les hommes politiques et les agents de contrôle, à entretenir des Think Thank et des lobbyistes, à financer les médias qui manipulent et angoissent l’opinion, les officines qui organisent les campagnes de discrédits des opposants ou la déstabilisation des états réfractaires, à affaiblir les opposants au Système, les syndicalistes, les hommes politiques alternatifs, les journalistes d’investigation, les lanceurs d’alertes.
Ne cherchez pas plus loin les causes du refus obstiné des hommes politiques d’interdire la finance de haut vol, les taxes sur les transactions financières, le carry-trade et les CDS (Crédits Défault Swap, potentiel Armageddon de l’économie mondiale), de lutter contre les paradis fiscaux, du Delaware US aux Îles anglo-normandes, où sont abrités l’argent des corrupteurs et des corrompus, les fruits juteux des rapines et de la fraude fiscale.
Il faut bien financer la saturation de l’espace médiatique pour bloquer l’information, occulter aux sujets les méfaits des prédateurs financiers et leurs lourdes conséquences.
C’est bien à cela que servent la presse désuette que personne n’achète et les télévisions de désinformations continues, toutes construites sur le même modèle, la même ligne éditoriale ultra-libérale, diffusant les mêmes stupidités, les mêmes dépêches au même moment, les mêmes pubes aux mêmes heures, avec leurs éditorialistes pompeux ou agressifs mais toujours de mauvaise foi, leurs présentateurs tirés à quatre épingles commentant sans fin les mêmes petites phrases des uns ou des autres ou les exploits des nouveaux gladiateurs s’exhibant dans les stades ?
L’illusion démocratique s’est évaporée, apparaît ce qui a toujours été là, au fond, depuis toujours, un monde féodal.
Ne votez plus pour vos ennemis.
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