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Rachat de SFR : quand Martin Bouygues veut le retour de l’entente entre opérateurs

Licenciements par centaine, hausse des prix, attaque à la concurrence… Le scénario que nous propose aujourd’hui Martin Bouygues avec son offre de rachat de SFR a du mal à passer. Endetté jusqu’au cou, Bouygues Telecom est à deux doigts de la faillite et souhaite apparemment entraîner les Français dans sa chute. 

Dettes et casse sociale : que demande le peuple ?

Ce soir, 20 heures, tous les candidats au rachat de SFR devront avoir déposé leur offre au groupe Vivendi, propriétaire de l’opérateur. Si Numericable a d’ores et déjà proposé 5 milliards d’euros et établi un plan sans licenciements, Bouygues Télécom devrait dans les heures qui viennent faire également une offre, qui aura probablement quelques difficultés à égaler celle du câblo-opérateur.

Depuis 2010, la dette de Bouygues a doublé et atteint désormais la somme astronomique de 4,4 milliards d’euros alors même que l’entreprise ne génère plus de cash. L’opérateur, pour qui le plus important est et à toujours été de continuer à payer grassement ses actionnaires, se retrouve obligé d’emprunter pour payer son dividende. Difficile de l’imaginer dans ses conditions proposer à SFR une offre plus alléchante que celle de son concurrent et rares sont ceux qui s’en plaindront.

Un rachat de SFR par Bouygues ne ravirait en effet pas grand monde. Les activités des deux opérateurs sont semblables et comme l’a précisé Fleur Pellerin en janvier dernier, « qui dit doublons dit casse sociale et ça n’est pas une perspective qui enchanterait le gouvernement. Pour l’instant, il n’en est pas question ». Chacun des deux opérateurs emploie environ 9 000 personnes. Après la fusion, l’entreprise Bouygues-SFR se retrouverait avec 18 000 employés, dont 9 000 ne servent plus à grand-chose. Que Martin Bouygues promette à Arnaud Montebourg de ne licencier personne est bien gentil, mais il est fort peu probable de voir une entreprise de cette envergure, pas franchement connue pour son sens du social, payer 18 000 employés quand 9 000 pourraient suffire.

Un retour à trois opérateurs : attention, danger !

Des milliers de licenciements et des centaines de fermetures de boutiques, simples dommages collatéraux pour Bouygues Telecom qui semble être en train de tirer ses dernières cartouches sur la population française. Ce ne serait malheureusement pas la seule conséquence funeste de cette opération. Martin Bouygues, en rachetant SFR, ramènerait le marché des télécoms français de quatre opérateurs à seulement trois. Une situation que l’Autorité de la concurrence et l’Arcep (l’Autorité de régulation des télécoms) aurait probablement du mal à accepter.

« Si une concentration devait avoir lieu, elle conduirait sans doute à une hausse des prix rapide, comme c’est le cas en Autriche après le passage de 4 à 3 opérateurs : presque instantanément en un trimestre, fin 2013, les prix ont augmenté de près de 10 %  » rappelle le président de l’Arcep, Jena-Ludovic Silicani. Même histoire en Allemagne où deux des principaux opérateurs, Telefonica et E-Plus, ont récemment fusionné, faisant augmenter les prix en moyenne de 13 à 17 %. Un retour à trois opérateurs serait également l’occasion pour ceux-ci de retrouver leurs vices d’antan. La période dorée durant laquelle Orange, Bouygues et SFR s’entendaient sur leurs prix afin de soutirer aux Français le plus d’argent possible n’a pas quitté les mémoires. Ni des Français, qui l’ont vécu à juste titre comme une trahison, ni des opérateurs, qui voient en cette proposition de Bouygues l’espoir de la voir revenir.

L’Autorité de la concurrence reste vigilante, mais elle pourrait bien, comme dans les années 90, mettre une dizaine d’années à se rendre compte de la supercherie. Dix années qui suffiront aux opérateurs pour se renflouer sur le dos de la population. Les Français, vaches à lait à la mode depuis trop d’années, vont-ils encore se retrouver à devoir payer l’absence de réussite d’entreprises comme Bouygues Télécom pour que celles-ci versent ensuite en toute impunité des dividendes faramineux à leurs actionnaires ?


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7 réactions à cet article    


  • leypanou 5 mars 2014 16:30

    Tant qu’il n’y ait pas un opérateur public qui ne cherche pas à faire des bénéfices pour des produits de première nécessité, le public sera toujours à la merci d’entente entre opérateurs privés pour avoir des marges scandaleuses.

    Et ce ne seront ni l’UMP ni le PS qui arrêteront cela ou encore l’ARCEP. La pseudo-concurrence libre et non faussée atteint là les limites de son hypocrisie.


    • vladsense 5 mars 2014 16:49

      Bonjour

      Je doute que les prix augmentent : Free est toujours là et exercera une pression via des prix identiques à aujourd’hui.

      De plus, pour financer cet achat, ou pour obligation légale, il y a fort à parier que BT soit obligé de vendre une partie du réseau, ou des fréquences...
      Si Free venait à en être acquéreur, cela l’avancerait dans ses installations  : même si les installations en place sont dépassées techniquement comparées à celles installées actuellement par Free, reste un emplacement... élément aujourd’hui qui freine l’opérateur puisque chaque nouvelle autorisation est soumis à une attente de validation.

      De toute façon, cela est loin d’être bien parti pour BT
      Reste que l’on perçoit bien à travers cet épisode, comment Martin B voit le monde...


      • baldis30 5 mars 2014 23:45

        un seul opérateur pour un service public au service du public et faisant en même temps de la recherche... car quelle recherche a fait SFR, ou Bouygues .... hormis celle des bénéfices....

        Quels brevets déposés ? L’emploi repose sur la recherche pas sur les bénéfices


        • soi même 5 mars 2014 23:55

          Et Portable free dans tous cela, passerait ’il à coté d’une opportunité historique !


          • G.L. Geoffroy Laville 6 mars 2014 00:13

            Bien entendu qu’une concentration de la concurrence serait une mauvaise chose... Mais de là à se voir proposer par les commentateurs l’alternative d’une unique entreprise publique....

            Il faut justement encourager la concurrence libre et non faussée. Il faut que l’Etat joue son rôle en protégeant le « libre » et le « non faussée ».

            Mais il y a une telle endogamie entre l’élite politique et l’élite économique (dont Martin Bouygues fait partie bien entendu...)...


            • zygzornifle zygzornifle 6 mars 2014 10:19

              Augmentation des marges et retour progressif à l’ancienne tarification .....


              • FYI FYI 6 mars 2014 12:05

                Sur des produits ou services matures, il est absolument nécessaire de s’appuyer sur une structure publique.

                Les opérateurs mobiles via les immenses avancées technologiques surtout par le passage sur la technologie IP, passent de la ressource rare à l’abondance. En effet il suffira de tailler suffisamment les infrastructures, et tout le monde pourra téléphoner 24/24 sans limite aucune pour un prix modique (moins de 1e/mois), essentiellement pour la maintenance et la veille technologique/évolution.

                C’est tellement vrai que les opérateurs prédateurs n’hésitent pas à vous vendre le principe qu’ils peuvent désormais mutualiser leur infrastructure entre eux, ce qui techniquement n’est pas très difficile, et le coût symbolique.

                Alors vous pensez que nous avons besoin de ses prédateurs ?

                Il suffirait de monter un GIP « France Mobile », un groupement d’intérêt publique qui proposera aux différents opérateurs de s’en servir pour vendre des services à hautes valeurs ajoutées pour des clients qui le désirent, le GIP se contentant de prendre et rendre publique les services les plus populaires à moyen terme sans que le coût pour les utilisateurs soient bloquant (le système d’information en particulier).

                Est ce qu’il y a un seul politique qui en parle ?

                En France par exemple il existe le GIP Renater, le réseau de recherche.

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