Récession, baisse du pouvoir d’achat, les grandes surfaces cassent les prix
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Un capitaine de pédalo devrait savoir que ce n’est pas le mot « lapin » mais « récession » qu’il ne faut pas prononcer et pourtant, il a bien été obligé de le faire puisque les chiffres sont sans appel. L’autre mauvais chiffre, c’est celui de la baisse des dépenses de consommation, lequel découle en fait de la baisse du pouvoir d’achat. Une baisse évaluée à 0.9 % par les statisticiens officiels mais qui en fait, recalculée par la revue Challenge, se chiffre à 3.1 % par ménage. Même info donnée par le Point qui indique aussi la baisse du pouvoir d’achat « arbitral », autrement dit celui qui permet de remplir son caddie au super. Ce calcul intègre plusieurs paramètres et notamment les dépenses dites incompressibles. Comme le carburant et le chauffage. Ceux qui se chauffent au fuel, comme votre serviteur dans son HLM, ont vu leur facture annuelle augmenter considérablement. Entre 150 et 300 euros par logement et même plus si on remonte à deux ans. Ajoutons les différents prélèvements, taxes, et l’on comprend la situation. Baisse de 15 % des ventes automobiles. Ce qui incite les constructeurs à anticiper en fonction des prévisions et des stocks. Au final, baisse de la production industrielle de 30 %. Les constructeurs les moins touchés écoulent leurs véhicules en Chine mais attention, le client chinois sait se faire respecter et n’hésite pas à exprimer ces chinoiseries, du genre casser une Maserati de 250 000 euros parce que le service après-vente n’est pas irréprochable (le monde est devenu dingue mais on ne va pas pleurer sur une belle voiture alors qu’en Syrie, c’est le massacre généralisé et la fin d’un pays)
Ces nouvelles moroses seront peut-être compensées par les offres spéciales proposées par les grandes surfaces en cette période de baisse des consommations. Je ne parle pas des magasins Virgin dévalisés par une horde de charognards morts de faim en quête de produits bradés. La grande braderie, qui n’en est pas une en fait, mais un ajustement, consiste à proposer des biens à prix cassés en usant de différents mécanismes dont le plus employé consiste à vendre les produits par deux ou trois. Je viens de consulter la publicité des centres Leclerc. Nombre d’offres proposent des réductions de 30% sur l’unité, 40 % sur les deux achetés et si c’est le lot de trois, alors carrément 50 %. N’hésitez pas, truite fumée, jambon italien, tartare, yaourts, vinaigrette, les prix sont cassés, gavez-vous, remplissez le caddie, trois packs de Kro, Badoit, Perrier, tout y passe, y compris la mousse à raser, Gillette, soyez doux du visage, Cajoline, entrez dans des draps parfumés et moelleux, et Renoxa, pour ne pas puer des aisselles (petit conseil, mettez une pincée de bicarbonate sous chaque bras et vous êtes tranquille pour la journée et c’est beaucoup moins cher qu’un déodorant, même vendu à moitiés prix).
Je saute maintenant sur la publicité Casino. Je ne fais aucune pub, épluchant juste parmi les brochures reçues dans la boîte aux lettres celles que j’ai consultées parce c’est là que je fais mes courses. Les autres enseignes ont-elles aussi leurs réductions. Dans les supers Casino, l’offre la plus intéressante, c’est le deuxième gratuit. Après, il y a le deuxième à moitié prix, ce qui fait 25 % de réduction. Je tourne les pages. Il y a du champagne, proposé à 25 euros les deux bouteilles. Il ne doit pas être terrible à ce prix. Il y a le Boursin apéritif, des p’tits cubes sympa, pour les salades ou l’apéro avec les copains devant le match, ou le barbecue en famille dans le jardin… à Casino, les deux boîtes de pt’its cubes pour 2 euros, le prix d’une, ce qui fait 1 euro l’unité. Je regarde chez Leclerc. Bingo, l’offre y est aussi. Un peu plus intéressante puisque avec trois achetés, la boîte revient à 79 centimes. Ce qui fait, entre le prix à l’unité chez Casino et le prix par trois chez Leclerc une baisse de 60 %. C’est alléchant, presque une vente à perte, à moins que les enseignes aient négocié des tarifs avantageux. Je vois aussi les cornichons aigres-doux de la marque Kuhne (qui sont savoureux). L’offre est présente chez Casino et Leclerc mais pas dans le même format. Comparons le prix au kilo ; 3.51 chez Leclerc en format 185 g et 3.33 en format 360 g chez Casino. Allez, un peu de pain de mie « beau et bon » de chez Harry vendu par trois paquets et un assortiment de terrines « Stephan », trois lots de trois bocaux à moitié prix chez Leclerc. Les toasts accompagnés de cornichons complèteront les cubes de fromages. Et puis ne vous cassez pas la tête, que ce soit devant la télé ou dans le jardin, les invités bouffent et ne font pas attention à ce qu’ils mangent. Mais bon, si la terrine est dégueulasse, vous pouvez toujours la refiler à votre belle-mère. Par contre, la terrine de saumon aux asperges et fèves, ça doit pas être mal. 2 euros 47 euros pour 400 g si vous en prenez trois. Et pour le vin, soyez généreux, le Listel rosé en box de 3 litres vendu 5 euros 45 avec l’offre des trois achetés. Et vogue le pédalo et l’apéro, vive la crise !
Je reviens chez Casino. L’huile d’olive Via antiqua vendue 7 euros les deux bouteilles de 75 cl. Ne vous faites pas avoir cependant car au final, ça fait près de 5 euros le litres, soit à peine moins que le litre de Puget qui risque d’être meilleure au palais. Tiens donc, le classique du café Régal à quatre paquets dont un gratuit est revenu chez Casino. 5 euros 75. A peine plus intéressant que le lots de quatre vendus sans le gratuit chez Leclerc. Pas mal de gâteries chez Casino, avec 25 % de réduction, Granola, Côte d’Or, Milka et les fameux Lu déclinés en plusieurs variétés… et des Tuc, encore pour l’apéro. Et pour les gosses pas capricieux, le Pepsi vendu par deux lots de deux. Finalement, aucune logique dans tout ça. Les commerciaux doivent certainement connaître les raisons des choix dans cette grande braderie. Sans doute des stocks à écouler. La mévente et peut-être un choix sélectif parmi les produits un peu boudés alors que les locomotives des marques ne font pas partie des lots.
Je n’ai pas trop le temps pour faire une recension complète mais je crois pouvoir vous dire que le Lindt avec ses pyrénéens, les Labeyrie, et pas mal de produits de bon standing ne font pas partie de la liste. Pas plus que les premiers prix qui en fait, sont très peu margés et donc, ne sont pas inclus dans ces offres cassées. Ainsi, ces offres alléchantes n’ont rien d’étonnant puisque la compression du pouvoir d’achat concerne surtout les revenus moyens et si l’on regarde la configuration des offres, on devine que ce sont des produits de gamme intermédiaire, autrement dit, ce qui cible le grand public, traduire, les classes moyennes en général. Ce qui donne ainsi une image concrète de la récession et de la baisse du pouvoir d’achat. Allez, faites-vous plaisir, et puis, la crise, ça va passer comme dit tonton Hollande aux côtés de Barroso. Et puis la crise, si elle ne passe pas, vous pourrez toujours la noyer dans l’oubli avec le Listel en box de trois litres…
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