Rigueur, vous avez dit rigueur ?
A une semaine des élections municipales et cantonales, Laurent Fabius tente de faire peur aux Français en annonçant un plan gouvernemental de rigueur dès le lendemain des échéances électorales. L’ancien Premier ministre socialiste essaye de rééditer le coup de la TVA sociale qui avait pénalisé les troupes UMP lors des dernières législatives.
Laurent Fabius invité dimanche du Forum de Radio J a indiqué que la France se serait engagée auprès de ses partenaires européens à prendre des mesures pour combler les déficits après les municipales. Plus concrètement, des mesures pour “combler les trous” budgétaires, qui se traduiraient par des augmentations d’impôts. “Vous savez que la France a été mise en accusation à cause de ses déficits. (...) La tonalité du débat qui a eu lieu c’est ’Ecoutez, laissez-nous passer le cap des élections municipales, et ensuite nous prendrons des décisions’.” “Toute l’Europe attend que le gouvernement prenne une série de décisions qu’on cache aux Français.”
Le 11 février dernier, les ministres des Finances de la zone euro ont effectivement appelé la France à respecter son engagement d’équilibrer ses comptes publics d’ici à 2010. La France doit “faire en sorte d’atteindre l’objectif en 2010″, avait souligné à Bruxelles le président du forum qui regroupe ces ministres (Eurogroupe), Jean-Claude Juncker.
La ministre française de l’Economie, Christine Lagarde, a laconiquement “démenti” les “insinuations” de Laurent Fabius. Pourtant, le leader socialiste a réussi la première étape de sa stratégie : semer le doute. La majorité présidentielle a beau écarter d’un revers de la main cette hypothèse, elle récolte ce qu’a semé le président de la République en annonçant, pour excuser son impuissance, que les caisses étaient vides.
Flairant le bon coup, la gauche depuis le début de l’année a fait de la menace d’une politique de rigueur son cheval de bataille. En agitant le chiffon rouge de la hausse des prélèvements obligatoires qui touchent tout le monde, TVA et CSG, l’opposition espère notamment reconquérir les suffrages des classes moyennes fragilisées par la hausse des prix.
Une croissance économique quasi nulle en 2008, une quasi-faillite des comptes publics annoncée dès cet automne par François Fillon et une inflation repartie à la hausse dans toute la zone euro, le chômage qui semble repartir, laissent planer de sombres nuages sur la tête de Français qui ne se font guère d’illusions sur le sort qui leur sera réservé. De la sueur et des larmes.
Si le diable s’habille en Prada, la rupture semble revêtir les habits de la rigueur même si le mot, à droite, est encore tabou. Rigueur pour le plus grand nombre, largesses pour une minorité, le cocktail est explosif. Si les Français n’entrevoient pas rapidement pour eux-mêmes le bout du tunnel, ils pourraient perdre patience et sanctionner durement lors des prochains scrutins, une droite qui s’est vendue corps et âme à Nicolas Sarkozy.
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