Sarkozy, cet incompétent et arnaqueur qui se prend pour Tobin des bois et prend les Français pour des cons
Sarkozy veut mettre en place la taxe Tobin en France. J’ai comme l’impression d’un flottement soudain et me voilà en lévitation gnoséologique à m’interroger sur l’état intellectuel de nos gouvernants ainsi que sur les compétences de la gent médiatique à présenter et critiquer cette annonce. Taxe Tobin ? Qui sait vraiment ce que c’est ? Ce n’est même pas une taxe sur les transactions financières en général. Mais dans les esprits elle l’est devenue parce qu’un mouvement en quête de sigle percutant s’est autoproclamée Attac, association pour la taxe sur les transitions financières. Et s’est réclamée de l’économiste Tobin qui reçut le Nobel pour avoir théorisé cette fameuse taxe dont tout le monde parle, sauf que cette taxe ne concerne pas les transactions financières dans leur ensemble mais uniquement les échanges de monnaies. C’est donc une première falsification à laquelle s’ajoute une seconde tromperie, celle de faire passer Tobin pour un abbé Pierre de la finance, ce qui est complètement faux puisque la taxe qu’il a inventée avait pour finalité de contenir d’éventuelles fluctuations dans les parités monétaires.
Rappelons le contexte. C’était en 1971. Le système de l’étalon or était liquidé au profit du système des changes flottants. En économiste très réactif, Tobin anticipa d’éventuels désordres consécutifs à cette nouvelle donne monétaire. La monnaie nationale devenait plus volatile, liquide, car elle n’était plus adossée à la solidité éternelle de l’or métallique. Tobin était préoccupé de cette nouvelle situation, envisageant deux possibilités pour éviter le désordre, soit une monnaie commune mondiale, assortie d’une convergence économique et d’une harmonisation fiscale. Génial utopiste que ce Tobin ! Ou alors une segmentation économique et monétaire offrant aux banques centrales les libéralités pour intervenir et soutenir leurs zones respectives. Le Tobin qui était un idéaliste préférait la première solution mais le Tobin qui était réaliste savait pertinemment que la seconde serait appliquée par les nations. Et comme cette option était susceptible d’engendrer des fluctuations d’envergure liées à la puissance du marché des changes, il avait imaginé de placer un grain de sable dans la machine. C’était la fameuse taxe Tobin qui plus de deux décennies plus tard, allait être détournée de sa finalité dans les années 1990 par ce mouvement anti puis alter mondialiste baptisé Attac. Bien évidemment, c’était une escroquerie intellectuelle habilement propagée par les activistes d’Attac. Voilà la première phase de cette histoire. Je mets en lien la notice Wiki rédigée en anglais, ayant un peu honte de l’indigence de la notice écrite en langue française
Ce qui maintenant paraît inattendu, c’est la conversion progressive du président Sarkozy qui a même décidé d’imposer unilatéralement cette taxe. On notera au passage, pour portraiturer le président, cette volatilité dans le jugement. On l’a constaté avec Kadhafi, reçu à l’Elysée avec les honneurs puis pilonné et assassiné avec l’appui des forces de frappe française trois ans plus tard. En 1999, Sarkozy jugeait la taxe Tobin stupide et contreproductive et en 2012, il veut l’imposer de force alors que le système financier n’a pas varié d’un pouce mais s’est juste déstabilisé et pas par la faute des monnaies. Sarkozy est capable de tout, de récupérer la figure de Jaurès ou bien de s’inspirer des inepties économiques d’un mouvement Attac constitué de militants bureaucrates névrosés et arrivistes prêts à tromper les populations pour une bonne cause. Alors Sarkozy se lance, pour une taxation dont on se demande bien comment elle pourra être appliquée. Ce faisant, il n’hésite pas à transgresser le principe communautaire, quitte à se fâcher avec ses partenaires européens à qui il adresse ce message crypté : vous êtes des pleutres et des billes, alors que moi, j’avance et sur le pont d’Arcole, je vaincrai ces démons de la finance en leur infligeant une défaite morale et fiscale ! Les mauvaises langues évoqueront une hitlérisation de Sarkozy, ce qui psychologiquement peut être défendu avec quelques risques, mais pas historiquement. Sarkozy ne doit sa puissance qu’à la soumission des pleutres députés qui le suivent en croyant qu’ils pourront sauver leur maroquin. Au final ils perdront leur mandat et leur honneur. Espérons néanmoins qu’ils ne voterons pas les dernières mesures voulues par Sarkozy et imposées avec son tempérament intempestif et fébrile.
Si incompétence et tromperie il y a, elle est bien du côté de Sarkozy et de la voix de son maître qui répète ses inepties, le ministre François Baroin. La confusion est telle que même les médias ne savent plus ce dont il s’agit, imaginant d’éventuelles taxations sur des échanges de produits financiers que par exemple la société Euroclear gère. Or, ces échanges concernent des obligations et des titres de fondations d’investissement et donc, des produits qui, s’ils sont financiers, ne relèvent aucunement de la taxe Tobin qui, si elle devait être appliquée, le serait sur le Forex, le marché où s’échangent des devises. Et là, ça devient du n’importe quoi car on n’imagine pas que le Forex insère dans son logiciel d’échange cette taxe Tobin sur injonction de la France. Et c’est doublement du n’importe quoi puisque sur le plan moral, Sarkozy justifie cette taxe en accusant les marchés d’être responsables de la crise, or, le Forex n’est pour rien dans la crise et a même fonctionné correctement en maintenant l’euro à une parité assez « sympathique ». La taxe Tobin est donc une supercherie encore plus flagrante que la TVA sociale. Les responsables de la crise, ce sont les banques avec les subprimes et les Etats avec leurs gouvernants irresponsables qui ont endetté leurs contribuables. S’il fallait taxer les responsables, alors il faudrait ponctionner les banques, lever un impôt moral sur ses patrons et ses cadres supérieurs, ainsi qu’un autre impôt moral sur les revenus des gouvernants et des hauts fonctionnaires du régime.
La charge est sévère contre le président et par souci d’équité, je ferai aussi une remarque sur la tactique de François Hollande qui me paraît assez fine vu qu’il a parfaitement perçu le flou inhérent à ce projet de taxation dans lequel s’est fourvoyé Sarkozy. Hélas, Hollande ne prend pas assez ses distances avec cette "arnaque Tobin". Comme si afficher sa volonté de taxer les transactions financières était un instrument politique conçu comme une adhésion à une croyance que doivent exprimer les gouvernants, comme en d’autres temps, les empereurs romains affichaient publiquement leur religion.
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