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Sauver l’Europe malgré les égoïsmes

Pour les nations Européennes à risque (comme la Grèce, l’Irlande ou le Portugal), la reprise de la croissance reste la seule issue honorable. C’est pourquoi ces pays très fragilisés ne doivent plus compter sur l’investissement privé afin de financer leur train de vie car les taux d’intérêts exorbitants exigés par les marchés y neutraliseront toute velléité de reprise économique tout en exacerbant la spirale de l’endettement. La Grèce ne doit-elle en effet pas payer aujourd’hui 11.3% aux marchés pour s’endetter à 10 ans ? Un fonds spécial Européen doit être mis en place afin de prêter à ces pays à des taux compatibles avec une reprise de la croissance car il est totalement indécent de ne laisser à ces pays – et à leur population – d’autre choix que de s’acquitter de taux usuraires. Ainsi, la Grèce dont l’endettement est de 15.4% du P.I.B. pour 2009 ou l’Irlande qui suit de près avec 14.4% (source Eurostat) subiront-elles une contraction notoire de leurs économies respectives ces prochaines années principalement du fait du service de cette dette. Le Gouvernement grec n’a-t-il tout récemment pas admis que la croissance du pays serait de – 4% en 2010 et de – 3% pour 2011 ? 

En réalité, l’équation fondamentale à résoudre consiste à restaurer la compétitivité extérieure de ces nations (dans le cadre rigide d’une union monétaire) tout en mettant en place des mesures d’austérité dans un contexte d’endettements sur le point d’échapper à tout contrôle. N’oublions pas qu’un pays comme la Grèce doit survivre avec une masse de dettes de 126.8% de son P.I.B. en 2009 et que ce chiffre pourrait atteindre les 150% cette année ! La Grèce et l’Irlande ne doivent plus être acculées à la déflation, présentée comme seule et unique manière d’améliorer leur compétitivité. En d’autres termes, certains pays – comme l’Allemagne bien-sûr – doivent accepter de sacrifier une partie de leurs excédents afin de stimuler la compétitivité des nations sinistrées. Car, en l’absence d’une dévaluation de l’Euro qui doperait leurs exportations, ces pays ne pourront corriger leurs déséquilibres qu’en faisant un usage excessif de la déflation qui nécessitera à l’évidence de douloureuses réductions salariales… Le rétablissement de ces pays ne doit donc pas dépendre de la seule variable intérieure, le risque étant que les niveaux des endettements atteignent des intensités telles qu’ils ne pourraient être résorbés que par une série de banqueroutes privées, voire par le défaut de paiement désordonné du pays en question. 

Nulle nation ne peut en effet assumer de tels paliers d’endettements (comparés à son P.I.B.) dans un contexte où la déflation et un taux de croissance nominal négatif se superposent de manière prolongée. Il va de soi qu’une baisse de l’Euro serait favorable pour la Grèce ou pour l’Irlande du point de vue de l’amélioration de leur compétitivité internationale mais également au sein même de l’Union. Cette hypothèse est néanmoins peu vraisemblable aujourd’hui eu égard aux nouvelles injections de liquidités américaines et du fait du refus de la BCE de mettre en place de nouveaux stimuli. Dans une telle conjoncture, ces pays devront-ils subir une longue traversée du désert déflationniste pendant que le noyau Européen (Allemagne, France) bénéficie d’une expansion économique ? Une décennie perdue à la japonaise qui toucherait certaines nations Européennes sous le regard sévère de certaines autres serait politiquement insupportable. 

Le défaut de paiement de la Grèce se doit donc d’être programmé et arrangé sachant que certains créanciers devront être contraints de prendre des pertes (de 20 à 40% sur leurs prêts) pendant que d’autres devront se résoudre à patienter plus longtemps avant de revoir leurs placements. Un tel ré échelonnement, voire un défaut partiel de paiement, n’entraînera pas nécessairement des conséquences cataclysmiques sachant que d’autres pays (comme l’Irlande) devront être capitalisés soit par la BCE soit par un fonds structurel Européen. A l’évidence, les établissements financiers nationaux porteurs de Bons du Trésor de ces pays d’Europe périphérique devront être soutenus par leur Etats, sauf à transférer ces obligations à prix coûtant à la BCE qui prendra les pertes… 

En conclusion, nulle source exogène ne permettra à ces nations au bord du précipice de renouer avec la croissance tandis que l’amplification de la rigueur y ancrera encore plus la déflation et la contraction économique avec, à la clé, une dégradation irrémédiable de leur P.I.B. L’Allemagne et la France devront donc consentir un effort de solidarité en faveur de ces pays pendant que la BCE devra obligatoirement innover et faire appel à des méthodes peu orthodoxes, à l’image de la Réserve Fédérale Américaine. Le cercle vicieux où sont enlisés ces pays Européens périphériques ne pourra être brisé sans la contribution active des autres membres en meilleure posture qui devront impérativement partager une part de leur fardeau et de leur souffrance.


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13 réactions à cet article    


  • candide candide 27 novembre 2010 08:18

    La question que l’on peut se poser est : pourquoi l’Europe ?
    Pourquoi maintenir une institution qui nuit et nuira à la grande majorité des européens ?
    Pourquoi maintenir une institution qui va nous réduire à l’esclavage ?
    Pourquoi maintenir une institution qui nous emmène progressivement à une dictature de type soviétique ?
    Pourquoi maintenir une institution qui ne profite qu’à une « élite » ?

    .....Heu... ben justement.... parce que c’est cette « élite » qui nous commande !


    • voxagora voxagora 27 novembre 2010 10:28

      .

      « Le cercle vicieux où sont enlisés certains pays européens ne pourra être brisé
      que par la contribution active des autres pays en meilleure posture qui devront
      impérativement partager une part de leur fardeau et de leur souffrance,
      écrivez-vous.
      Je suppose que c’est ce qui motive votre titre »sauver l’Europe malgré les égoïsmes" ?
      Le problème c’est que parlant des PPPays, des EEEtats, des NNNations ..
      vous oubliez, ou vous n’imaginez même pas (et je suis sûre que vous avez, pour
      me répondre, des arguments imparables mais qui ne changeront pas cette réalité)
      qu’on n’a pas le droit de parler de l’ensemble Pays en oubliant qu’il est
      composé : 1) de citoyens qui, ayant un toit sur leur tête, le ventre suffisamment plein, 
      et un peu de ce superflu nécessaire à la condition humaine, et ne sont pas témoins
      des gaspillages insensés des élites politiques, citoyens donc, qui sont accessibles
      aux idées supérieures de PPPays, NNNation, EEEtats ..
      et peuvent encaisser l’accusation d’égoïsme,
      2) de citoyens qui survivent, puisque seuls leurs besoins vitaux sont comblés, 
      et a minima.
      Comme l’a écrit Freud qui savait de quoi il parlait, quand on a une rage de dent 
      on n’est accessible à rien d’autre .. et encore une rage de dent ça se soigne, et ça
      ne dure pas toute la vie.
      Il ne s’agit pas simplement de style, cela traduit quand même, et c’est un comble
      pour qui donne une leçon (pas inintéressante d’ailleurs), de citoyenneté, une lacune. 



      • picpic 27 novembre 2010 12:59

        Ce qui m’intrigue en fait dans tout ça...C’est qu’étrangement, le discours, c’est qu’il faut payer !
        C’est là que je ne comprend pas, pourquoi, vous hurlé tous ça ??
        Que se passerait il si les pays concernés décidaient tout simplement...De ne pas payer ?

        En gros, j’imagine bien un dialogue du genre : « 
        Voilà, on veut bien vous payer 5% de ce qu’on vous dois maintenant et on oublie cette dette et si vous refusez, on ne vous donne pas un rond ! »
        Concrètement, il se passerait quoi ?


        • colza 27 novembre 2010 21:41

          J’ai déjà posé la question plusieurs fois ici et ailleurs, personne ne m’a jamais répondu.

          Sans doute que nos schémas mentaux ne permettent pas d’envisager pareil crime de lèse-libéralisme.

        • jojocanard 28 novembre 2010 22:53

          C’est déjà plus ou moins arrivé assez récemment pour l’Argentine. Globalement le capital réellement remboursé a été réduit de moitié par rapport à ce qui était du il me semble. Je ne détaillerai pas les effets que ça a eu vu que ça me dépasse un peu. Mais en tout cas l’Argentine est toujours là et va clairement mieux que quand elle avait une dette colossale.

          Évidemment après ça devient plus difficile d’emprunter puisqu’on a perdu la confiance des marchés mais de toute façon le simple fait de devoir compter sur l’emprunt pour faire tourner un pays est déjà bancal à la base.


        • verdan 27 novembre 2010 14:25

          Bonjour Tutti
          Bonjou M. Santi


          • pjf971 27 novembre 2010 16:16

            Lisez donc :

            Comment la zone euro s’est retrouvée face à l’abîme :

            http://www.mediapart.fr/journal/economie/271110/comment-la-zone-euro-sest-retrouvee-face-labime

            L’Europe est bien mal partie, et ça va continuer, hélas !

            Deux causes principales :
            - L’idéologie libérale présentée comme parole d’Evangile. On en voit le résultat en Irlande, ce fameux « tigre celtique » cité en exemple par les libéraux exaltés.
            - Le manque d’intégration européenne, et non pas comme le hurlent fanatiquement les eurosceptiques l’excès d’intégration. Créer une monnaie unique, c’était génial, à condition d’assurer en même temps une unification économique, sociale, fiscale, politique... Appelez ça « États-Unis d’Europe » si vous voulez. Au lieu de cela, que voyons-nous ? le déchaînement des égoïsmes nationaux, qui nous mènent à l’implosion.


            • rastapopulo rastapopulo 27 novembre 2010 17:20

              Mais enfin donc depuis le départ ça devait foirer sans ça ?????

              Et il faudrait faire confiance que tout d’un coup en abdiquant sa souverainenté pouf tout ira bien ????

              UN exemple dans l’histoire, parce que les USA se sont construit sur l’industrie et du protectionnisme contre l’empire anglo-saxon soit l’exacte contraire de l’UE ?!!!??

              Pour une fois dans votre vie, les européaouiouistes, argumentez, voir... prenez une référence historique ! Tout mais plus la fuite en avant vers le bloc anglosaxon de la finance (qui veut mettre à poil la Chine en dévaluant au maximum le $ tant que leur finance sera sourveraine).


            • BA 27 novembre 2010 20:43

              Concernant le sauvetage de l’Espagne, les économistes ne sont pas d’accord entre eux.

              Première estimation datée du 24 novembre : 500 milliards d’euros.

              Pour venir au secours de la Grèce, il a fallu débourser 110 milliards d’euros. Pour l’Irlande, le plan de soutien coûtera 80 à 90 milliards. Le cas espagnol est d’une autre dimension : « cela coûterait jusqu’à 500 milliards d’euros », a estimé cette semaine Cornelia Meyer, PDG de la société de conseil MRL Corporation, sur la chaîne américaine CNBC.
              « Juste après l’Irlande nous avons le Portugal et puis l’Espagne, et l’Espagne sera le gros poisson », a-t-elle jugé.

              http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2010/11/24/97002-20101124FILWWW00459-l-espagne-trop-grosse-pour-etre-sauvee.php

              Une autre estimation datée du 26 novembre : 800 milliards d’euros.

              Juergen B. Donges est l’un des économistes les plus influents d’Allemagne. Juergen B. Donges est un ancien membre du groupe des Cinq Sages qui conseillent le gouvernement allemand. Il a calculé que le sauvetage de l’Espagne coûterait 800 milliards d’euros.

              « Rescatar España costaría 800.000 millones de euros »

              http://www.eleconomista.es/economia/noticias/2633763/11/10/Entrevista-con-Juergen-B-Donges-Rescatar-Espana-costaria-800000-millones-de-euros.html

              Il faudrait que les économistes se mettent d’accord.

              Combien coûterait le sauvetage de l’Espagne ?


              • Echo Echo 28 novembre 2010 07:14

                Nous renflouons les banques qui maintenant alimentent les marchés pour qu’ils spéculent contre nous.

                Nous avons atteint le stade ultime de la perversité financière, contraints que nous sommes de nourrir la bulle qui va détruire nos États.

                Alors qu’on ne nous parle pas de sauver l’Europe, car c’est elle qui nous a tendu ce traquenard. Le piège n’a pu se refermer que par le passage en force du Traité de Lisbonne.

                Comme les prisons, l’Union européenne a été bâtie pour empêcher toute réforme de l’intérieur, et je crains qu’il y ait du sang sur les murs avant qu’ils ne s’écroulent.


                • chuppa 28 novembre 2010 13:46

                  Les anti Europe sont légions sur A.V. .....
                  Je ne crois pas une seconde que le « fabuleux & mythique » Franc Français aurait résisté aux grandes manoeuvres de la finance mondiale.
                  Alors que nous reste t il ? Choisir entre la peste et le choléra.....
                  Mais dans le nombreuses critiques à l’égard de l’Europe, je ne vois poindre aucune solution réaliste à mettre en oeuvre.


                  • rastapopulo rastapopulo 29 novembre 2010 19:27

                    Le franc français AVEC une autre politique d’investissement dans le réel (et non renflouer les banques). 

                    La croissance à l’anglosaxonne (Irlande, Espagne,...) n’en est pas une. C’est de la financiarisation. Les gagnants ne sont pas les citoyens.


                  • ZenLo 29 novembre 2010 11:41

                    Et pourquoi on ne pourrait pas tout simplement dire aux banques, créanciers, politiciens, magouilleurs et compagnies d’aller voir ailleurs si j’y suis ?

                    Comme je l’ai lu plus haut, on rembourse rien et on change le système économique par la base : c’est à dire nous.

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