Silence les agneaux, on taxe !
Depuis 2005, IPSOS analyse l’opinion des entrepreneurs européens, histoire d’avoir leur opinion sur les contraintes qui pèsent sur eux. L’originalité de ce sondage annuel, c’est qu’il n’offre pas seulement une photo prise par les entrepreneurs de leur propre pays, mais aussi des autres. Sachant que la croissance et l’emploi sont essentiellement dus à l’entreprise, l’opinion de ces acteurs est intéressante à décortiquer. Evidemment, le monde politique s’en moque comme d’une guigne et préfère esquiver grâce à des thèmes beaucoup plus essentiels comme l’identité nationale ou la burqa. A croire que le chômage et la stagnation font partie de leur fond de commerce.
Après l’effet kiss cool des petits cadeaux offerts aux entreprises par le gouvernement (exonération partielle des heures supplémentaires, plan d’aide aux PME, exonération de la taxe professionnelle en 2009 pour les nouveaux investissements, etc ... ), c’est reparti pour un coup de blues. La France rejoint ainsi le trio de queue des pays dont les entrepreneurs, français ou étrangers, sont les moins satisfaits.
Alors qu’en Europe, leurs premières préoccupations sont, dans l’ordre, la stabilité juridique et réglementaire (43 %), l’impôt sur le sociétés (40 %) et les charges sociales (39 %), celles des entrepreneurs français concernent d’abord les charges sociales (68 %). Il faut dire que la France fait partie, est-ce une surprise, de la famille des pays les moins attractifs en termes de pression fiscale. Nous sommes mêmes les champions de l’union européenne dans la catégorie poids lourd de la fiscalité. C’est ce qui explique que notre taux de chômage et d’inactivité soient aussi haut depuis 30 ans. Le moteur de l’emploi est sensiblement pénalisé par ses handicaps structurels. Les politiques en vivent, on les comprend. Que feraient-ils sans ces millions de mains tendues vers eux pour recevoir la manne de l’Etat ?
Au moins nos entrepreneurs ne sont-ils pas trop mécontents des services publics français. A 61 %, ils sont moins nombreux que les Suédois (77 %, normal, ils sont tous privés), et les Hollandais (84 %), pays libéral par excellence. Le TGV est un transport de luxe apprécié par le monde des affaires. Mais il n’y a pas que ça. Dans ce jugement pas trop défavorable, il faut intégrer l’accalmie des conflits sociaux (sans doute avant que les prises d’otages de sites et de cadres dirigeants ne se multiplient et se banalisent) et les mesures de soutien (entendez des chèques) face à la crise. Clientélisme, quand tu nous tiens.
Allez, une bonne nouvelle, l’Europe reste un champ ouvert et attractif pour nos entreprises, et les barrières administratives leur semblent surmontables. Elles ont bien raison, il y a sans doute davantage de potentiel de valeur ajoutée dans des cadres réglementaires et fiscaux plus libéraux. Il faut aller créer des richesses là où c’est autorisé. Espérons qu’elle ne s’expatrieront pas.
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