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Six des dix plus grandes banques américaines pourraient être nationalisées

Le gouvernement américain a commencé à soumettre les grandes banques américaines à des tests de solidité pour évaluer leur résistance face à une aggravation de la crise. Derrière cet exercice aux allures techniques, se cache une question beaucoup plus politique, celle de la nationalisation des grandes banques présentant un risque systémique. 

Le gouvernement américain a détaillé le plan d’assistance aux grandes banques américaines (Capital Assistance Program) destiné aux 19 établissements bancaires ayant des actifs supérieurs à 100 milliards $. Le gouvernement va soumettre ces banques à des tests de solidité (ou "stress tests") jusqu’à fin avril pour évaluer leur résistance à une aggravation possible de la crise.

Le principe est simple : comme dans un test d’effort médical, on simule des conditions extrêmes et on évalue le comportement du « patient » dans ces conditions. Dans ce cas précis, il s’agit d’évaluer les pertes en capital pour les banques, qui seraient entraînées par un scénario macroéconomique dans lequel les prix de l’immobilier chuteraient de 20% d’ici à deux ans, le PIB baisserait de 3,3% en 2009 et de 0,5% en 2010, et le chômage atteindrait 10%. Les banques qui ne passeraient pas le test seraient éligibles à un renflouement en capital par le Trésor, ce qui équivaut à une nationalisation, totale ou partielle.

 Nul besoin d’être un prix Nobel en économie, pour constater que les hypothèses de ce « worst case », ne sont pas foncièrement différentes des prévisions actuelles de la plupart des économistes sur l’évolution de l’économie américaine en 2009-2010. La révision des chiffres de la croissance au quatrième trimestre 2008 - avec une chute historique de -6.2% du PIB américain en rythme annuel contre une estimation initiale de -3,8% - ne fait que conforter cette analyse.

 On peut donc s’interroger sur l’utilité de ces stress tests, réalisés en temps de crise, qui ne font qu’entériner une situation déjà bien connue. En réalité, il semble que le gouvernement américain cherche à gagner du temps, pour préparer l’opinion publique à une intervention de grande ampleur dans le capital des grandes banques du pays. Interrogé jeudi dernier à ce sujet par des parlementaires, le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, a d’ailleurs clairement dit que le résultat de ces stress tests ne serait pas du type « pass or fail » (réussite ou échec total). Il s’agit surtout pour les autorités d’avoir accès aux bilans des banques, pour évaluer les pertes en fonds propres, entraînées par les dépréciations en chaîne de leurs actifs.  

 De manière plus technique, les autorités définissent le niveau de fonds propres dits « de première perte » composé d’actions ordinaires (tangible common equity) qui seraient impactés les premiers en cas d’aggravation de la crise. Ce critère est beaucoup plus restrictif que le ratio de fonds propre de base, dit ratio « Tier one », défini par le Comité de Bâle. Il n’inclut pas les actions préférentielles - sans droit de vote mais à dividende garanti - déjà détenues par le gouvernement dans certaines banques. Ainsi, la récente décision prise par le Trésor américain de convertir en actions ordinaires jusqu’à 36% des 40% du capital qu’il détenait, sous la forme d’actions préférentielles, dans la banque CITIGROUP , ne s’explique pas autrement. Officiellement, il s’agit de renforcer les fonds propres de la deuxième banque du pays. Dans les faits, il s’agit bel et bien d’une nationalisation partielle.

Selon l’hebdomadaire anglais The Economist, sur les dix plus grandes banques du pays, six pourraient ainsi être prochainement « nationalisées » car elles ne passeraient pas le test du gouvernement. Une chose est sûre : pour restaurer la confiance, le nouveau gouvernement américain devrait rompre définitivement avec la stratégie du déni et des demi-mesures, qui a déjà coûté très cher à l’économie américaine et mondiale, et qui a été associée aux pires heures de l’administration Bush.


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19 réactions à cet article    


  • Forest Ent Forest Ent 2 mars 2009 11:45

    Il n’y a effectivement pas besoin de simuler des stress tests, il vont venir tout seuls. smiley

    La vraie question, c’est : pendant la nationalisation, les états reprendront-ils les engagements des banques faillies ? C’est à dire : hyperdéflation ou hyperinflation ?


    • philou 2 mars 2009 15:05

      Bonjour Forest,

      Pourriez-vous expliquer les mécanismes qui lient la reprise des engagements des banques en faillite par les états avec l’hyperdéflation/hyperinflation.

      Merci


    • Forest Ent Forest Ent 2 mars 2009 15:50

      Voui, c’était un peu elliptique, mais c’est toujours la même situation.

      On peut annuler la dette en trop soit en constatant qu’elle ne vaut plus rien (baisse de valeur des actifs = déflation), soit en décidant que la monnaie ne vaut plus rien (hausse des prix à la consommation = inflation).

      Le problème des banques est qu’elles ont beaucoup d’engagements qui vont leur coûter très cher. Après nationalisation, ces engagements seront-ils repris par les états ? Si non, leurs détenteurs perdent leurs actifs espérés. Si oui, le contribuable paiera et il faudra bien fabriquer de la monnaie pour ça.

      Pour reformuler, va-t-on nationaliser uniquement les banques en tant que structures capables de faire un métier donné, ou bien va-t-on aussi nationaliser aussi toutes leurs pertes latentes ?

      Par exemple, si la BNP a vendu à Valeo une assurance sur la faillite de Renault et que l’état nationalise la BNP, continue-t-il à porter cette assurance ?


    • Kobayachi Kobayachi 2 mars 2009 17:22
      Pour l’instant la Fed semble vouloir jouer sur les 2 tableaux. Puisqu’elle crée asser d’argent pour sauver les banques et financer le plan de relance ce qui va a terme crée de l’inflation, tout en laissant les marchés décider du prix de ces avoir toxiques et donc crée une déflation.
      Le seul problème toujours d’actualité (et il est de taille) étant que le crédit interbancaire et les crédits aux entreprises sont toujours moribonds (bien que les derniers chiffres montre une nette amélioration) et que personne ne peu prédire pour combien de temps ces ajustements vont durer. Il est certain que tant que la confiance ne sera pas rétablie, les banques et les investisseurs ne vont pas reprendre leur tâche et préféreront la prudence.
      Malheureusement pour nous, chaque semaine dans cette situation résulte en une aggravation de cette dernière et dans des pertes d’emplois.

    • plancherDesVaches 3 mars 2009 11:06

      Kobayachi, en parlant d’amélioration, je commence tout de suite une quète pour trouver 250 milliards :
      http://www.lemonde.fr/la-crise-financiere/article/2009/03/03/comment-l-assureur-aig-a-perdu-plus-que-toutes-les-banques-d-affaires_1162472_1101386.html

      A priori, l’évaluation de 600 000 milliards de dollars de nationnalisation de pertes pourra peut-être être plus importante.
      Nous devons en être à 120 000 avec toutes les dettes mondiales, à vue de nez.

      Et, récemment, ces chers américains ont lancé un nouvel outil génial style subprime :
      La titrisation des dettes des ménages.
      Ils sont inguérisables, en gros.
      Mais je pense qu’un bon paquet d’autres pays commencent à en avoir marre.

      Quand à parler confiance, oui : pour aller dans le mur.


    • TALL 2 mars 2009 13:16

      Faut voir ce qu’on entend exactement par "nationalisation"...
      En Angleterre, de grosses banques ont fait l’objet de capitalisations étatiques massives, mais l’action reste disponible sur le marché. Pourtant on parle là aussi de "nationalisations".
      L’étatisation complète avec expropriation des actionnaires privés n’est pas jugée intéressante pour le contribuable.
      C’est du moins le point de vue anglo-saxon. Mais même ches les Allemands, on ne s’y résigne qu’en toute dernière extrémité malgré la gravité de la situation ( voir le cas d’Hypo Real Estate )


      • Marco Marco 2 mars 2009 13:56

        Comme s’il suffisait de nationaliser les banques et pourquoi pas demain les industries pour sauver toutes les dettes et les excès du système.
        Ils essaient de colmater les brèches d’un navire qui coule inexorablement.
         

        L’agence de notation Moody’s prévoit une hécatombe d’entreprises pire qu’en 1933

        http://www.boursier.com/vals/ALL/economie-moody-s-prevoit-une-hecatombe-d-entreprises-pire-qu-en-1933-news-322119.htm

         


        • plancherDesVaches 2 mars 2009 17:13

          Ca ne peut effectivement être que pire qu’en 1929, car :

          - l’étalon or a été abandonné, donc la spéculation sur les monnaies permet aux investisseurs de tuer n’importe quel pays.

          - 90 % de la richesse mondiale soit actifs virtuels : les "actifs" (papiers imprimés hors monnaie) sont devenus toxiques car ils contenaient une part de risque non estimable.

          Nous pouvons dire merci à la spéculation et au virtuel.


        • Marco Marco 2 mars 2009 13:59

          Comme s’il suffisait de nationaliser les banques et pourquoi pas demain les industries pour sauver toutes les dettes et les excès du système.
          Ils essaient de colmater les brèches d’un navire qui coule inexorablement.

          L’agence de notation Moody’s prévoit une hécatombe d’entreprises pire qu’en 1933

          http://www.boursier.com/vals/ALL/economie-moody-s-prevoit-une-hecatombe-d-entreprises-pire-qu-en-1933-news-322119.htm


          • TALL 2 mars 2009 14:18

            Mais les modèles de Moody’s tiennent-ils compte des réactions étatiques présentes et à venir ?


          • Marco Marco 2 mars 2009 14:42

            Je ne vois pas en quoi les interventions étatiques de nos gouvernements empécheront l’inéluctable à venir, les interventions étatiques dans l’économie n’ont jamais été un franc succés, ca se saurait si c’était le cas...

            Une des possibilités pour eux serait de mettre en marche la planche à billets pour préter aux entreprises et aux ménages pour ne pas qu’ils s’effondrent mais s’ils ouvrent cette voie là à l’émission monétaire incontrôlée cela se traduira par une hyperinflation massive qui dévalorisera tous les actifs et ruinera tout les détenteurs de rentes financières,

            On en sera sans doute bcp plus après le G20, ce sommet est la dernière chance pour eux, s’ils ne s’oganisent pas et ne changent en rien le système financier actuel on court tout droit à la catastrophe.


          • TALL 2 mars 2009 15:49

            Pour reprendre l’exemple anglais de la RBS ( que je suis de près depuis qq mois ), l’état est devenu gros actionnaire de la banque ( 70% au moins ), ils ont changé le management, ils ont garanti les prêts interbancaires ainsi que les actifs toxiques. En compensation, la banque est soumise à une grosse restructuration ( 25% des actifs mais sans brader ) et elle est obligée de stimuler les prêts aux entreprises et particuliers à des taux attractifs et des conditions normales.
            Je ne suis pas expert, mais ça me semble être un bon plan, non ?


          • plancherDesVaches 2 mars 2009 17:28

            C’est effectivement un bon plan, Tall.

            Et quelque soit votre plan pour vous faire du fric, ça s’essoufle, là tout de suite.

            Bon courage à votre porte monnaie. Soit votre coeur.


          • W.Best fonzibrain 2 mars 2009 16:30

            tall
            non,c’est pas bon
            cette crise va mener à une nouvelle organisation mondial ou les états vont perdre leurs souveraineté,voir l’interview de ruppert murdoch",We are in the midst of a phase of history in which nations will be redefined and their futures fundamentally altered. Many people will be under extreme pressure and many companies mortally wounded.",http://www.thenewamerican.com/usnews/election/834


            "ils " vont détruire totalement l’économie ,les monnaies,les gens et ensuite le NWO sera.
            voila ce que the telegraph publie en ce moment,http://www.telegraph.co.uk/culture/4613223/Blackjack---Part-5.html

            moi je vous le dit,
            ca craint comme jamais,cette crise est comme un gigantesque attentat.
            le monde sera radicalement diffferent


            • nortydal 2 mars 2009 21:01

              Liste des banques ayant fait faillite aux USA "Failed bank List"

              Pour ce qui est de citigroup, en 4 jours la position de l’administration Obama est passé de non à la prise de position de l’etat, à non et non puis peut etre et enfin prise de position...

              En Europe on entend le même genre de rumeurs concernant l’éclatement de la zone euro... mon petit doigt me dit que ce qui était un non négatif pourrait très bien se transformer en non envisageable voir un oui... De toute façon la situation européenne n’a rien à envier a ce qu’il se passe de l’autre côté de l’atlantique ou en Asie. La seule différence de taille c’est qu’il n’y a pas de gouvernement économique qui va prendre les décisions pour tout le monde.
              Les différences entre les différents Etats ne seront plus tenable et certains pays seront sacrifié. Donc exclut de l’euro et soumis à des remboursement de leur dette qui les mettra définitivement à genoux.

              La livre et l’euro sont en replie par rapport au dollars...

              The euro fell to $1.2587, down from $1.2668 in North American trade late Friday. The single currency fell 0.8% versus the Japanese currency to 122.60 yen.
              The euro lost ground after European Union leaders refused over the weekend to consider a coordinated bail-out package for troubled Eastern European economies.
              "The foreign exchange market’s perception of the summit should be clear : The EU again has proven that it is unable to manage a coordinated response to the crisis," wrote strategists at Commerzbank.

              Le problème c’est que toutes les pires rumeurs viennent à ce confirmer.

              Graphique sur la situation actuelle comparé à toutes les périodes de crises depuis la deuxième guerre mondiale. "payroll downturns since WWII"

              La recession s’intensifie aux USA avec la plus grosse perte d’emploi depuis 60 ans "Worst job losses in 60 years expected"

              Après les 30 milliars d’AIG voici les 30 35 milliards de FMac qui arrivent...

              Après les milliards d’AIG et de FMAC préparez vous à la facture des GM et consort.

              Je crois que ça va suffire pour la revue d’actualité... tout est négatif dans tous les secteurs, dans tous les pays, partout... Pour l’instant ça baisse doucement mais surement. Quel va être le facteur d’accéleration de la chute ?

              A mon avis ça viendra d’un des pays européen qui sera mis à genoux par une de ces banques qui sera comme aux USA "to big to fall". Qui va se mettre a acheter des bons du trésor d’un pays qui va se faire dégager de l’euro ?



              • plancherDesVaches 3 mars 2009 10:57

                Si c’est l’heure, je prendrais un whisky... lol

                Impossible de changer de monnaie. Toutes les banques centrales en ont des montagnes ainsi que certains pays (Chine et Golfe) et le remplacement aurait sincèrement quel avantage... ?

                Même le remplacement du dollar par la nouvelle monnaie des pays du Golfe ne peut se faire qu’avec un dollar (ou un amero) qui doit quand-même valoir quelque chose.....

                Tout le monde se tient dans ce bo... binz.


              • W.Best fonzibrain 3 mars 2009 14:09

                 en parlant de l’améro
                c’est déja une alication pour i phone
                vraiment exelent,c’est une application qui permet de calculer les taux de change


                • Christoff_M Christoff_M 5 mars 2009 04:50

                   ou le taux de chomage... et le nombre de personnes virées quand la direction s’exprime en % pour ne pas effrayer !!


                • Christoff_M Christoff_M 5 mars 2009 04:48

                  Obama a fait voter un plan de relance de 120 milliards et a renvoyé des hommes en Afghanistan...

                  En fin d’année on renflouait déja, on n’échappe pas au phénomène en Europe avec Natixis ou Fortis...

                  Mais Obama part d’une situation déja tres endettée, comment va t il faire, il ne peut pas reinjecter de l’argent sans fin dans des puits sans fond !! tout a une limite...

                  d’autant que la rue ne supporte plus tous les jours ces titres sur le renflouement d’untel ou d’une tel en milliards alors que les virés du système peinent à avoir des indemnités de plus de vingt mille euros...

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