Standard & Poor’s s’inquiète de la hausse des inégalités aux USA
Vous ne rêvez pas, l’agence de notation américaine a publié au début du mois une étude au titre on ne peut plus claire : « Comment la hausse des inégalités de revenus pèse sur la croissance américaine et les pistes pour changer la tendance ».
Les auteurs, dont Beth Ann Bovino, chef économiste à l’agence, ont fait le constat suivant :« Notre analyse des données, ainsi que l’abondante recherche en la matière, nous conduisent à conclure que le niveau actuel d’inégalité de revenus aux Etats-Unis freine la croissance du produit intérieur brut, au moment où la première économie mondiale lutte pour se remettre de la grande récession, et où le gouvernement a besoin de financement pour supporter le vieillissement de la population. »
Ce rapport dit également que le problème des inégalités de revenu tient notamment au fait que les plus riches ne dépensent qu’une faible part de leur fortune tout en exerçant une forte pression sur les politiciens afin de réduire leurs impôts, et aussi les investissements dans les infrastructures. Ces facteurs expliquent en partie la faible croissance de l’économie américaine au cours des dernières années.
Les conclusions en sont une révision à la baisse des prévisions de croissance américaine pour les dix prochaines années de 2,8% à 2,5%.
L’agence de notation prend tout de même bien le soin de nous avertir que cette étude ne se situe en rien dans le domaine de la morale. Elle tient à préciser que ses recommandations ne sont guidées que par des considérations économiques.
S&P est la première agence de notation à émettre des critiques sur la politique d’orientation néolibérale préconisée jusqu’ici par les grands organismes internationaux (UE, FMI, BCE) , et qui a conduit à creuser les inégalités en particulier dans les économies d’Europe du Sud.
Le Fonds Monétaire International avait également reconnu des erreurs à la fin de l’année 2013.
On aimerait que cette étude soit suivie d’actes. Par exemple que l’agence de notation dégrade les notes des pays qui continuent de laisser croître les inégalités entre riches et pauvres. On aimerait aussi que les états soient enfin obligés d’appliquer des sanctions sévères face aux plus riches qui fuient leurs obligations fiscales, que des règles soient fixés pour réguler les hauts salaires.
Si Standard & Poor’s ose passer à l’action, cela pourrait servir de prélude à un autre modèle. Cela obligerait les politiques et les économistes à une refondation totale du système actuelle.
Mais ne rêvons pas trop. Standard and Poor’s ne souhaite pas faire la révolution, l’agence souhaite juste un rééquilibrage tant que la conjoncture le permet. S & P se contente de demander à l’état d’investir dans l’éducation : « Il existe une forte corrélation entre le niveau de scolarité atteint dans un Etat et le salaire moyen dans cet Etat. Plus les individus sont diplômés, plus ils ont de chance de participer au marché du travail et de gagner plus, moins ils en ont d’être au chômage. »
La révolution ne semble pas encore pour demain. Mais qu’après Joseph Stiglitz et Paul Krugman, tous deux Prix Nobel d’économie, de grands organismes laissent la porte entre-ouverte vers une évolution de leur pensée unique doit permettre à ceux qui ont la volonté de changer les choses d’enfoncer cette porte.
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