Syriza... Hellas : Alètheia
Hellas Alètheia Grèce Vérité. La vérité pour les anciens grecs, c'était une chose cachée, qui se révélait, la réalité par rapport aux apparences. Yannis Varoufakis, Alexis Tsipras et leur mouvement Syriza portés au pouvoir avec 36% des voix, connaissent la réalité et doivent la faire partager à leur pays exsangue après être resté dans les apparences pendant la campagne électorale.

La dette grecque c'est 175% du PIB et même en ponctionnant les riches, les banques, le pays ne pourra se remettre à flot tout seul, sa production ne le permettant pas.
Dans le passé d'autres pays ont connu des dettes fortes. La France, l'Angleterre, l'Italie avec des dettes de guerre notamment.
Mais ce qui fait l'originalité de la dette publique grecque, c'est qu'elle a été produite par le financement de l'état providence. C'est un phénomène unique qui pendant des années a permis aux grecs de vivre au-dessus des moyens issus de la production du pays. La manne européenne a permis aux différents gouvernements de faire fonctionner un pays qui produisait peu, jusqu'à ce que la rupture intervienne, les dettes de marchés ne pouvant plus être financées.
Les moyens de résorber la dette dans l'histoire mondiale des finances sont maintenant bien identifiés quel que soit le régime politique ou économique en vigueur, capitalisme ou pas capitalisme, pays développé ou pays en voie de développement.
Soit l'inflation, soit la baisse des dépenses de l'état, soit la hausse des impôts, soit le financement par une banque centrale (avec les conflits qui naissent obligatoirement entre l'état et la banque centrale),soit les achats forcés d'obligations pour les banques,soit la création d'une caisse d'amortissement, nouvelle institution publique qui récupère la dette garantie par l'état (la France au lendemain de la première guerre mondiale en a créé une, basée sur les recettes du tabac),soit la caisse de dépôts, c'est à dire une banque semi-publique qui rachète la dette publique.
Ces solutions ont été mises en place dans l'histoire pour éviter que les pays fassent défaut et elles sont connues des dirigeants grecs qui savent qu'en dehors d'elles il n'y a point de salut.
Ou alors le pays en cause fait défaut !
La Grèce a fait défaut plusieurs fois au 19 ème siècle. De même il est arrivé à l'Allemagne de faire défaut au 20ème siècle.
Et c'est en arguant du défaut de l'Allemagne dans le passé que Syriza s'insurge contre les mesures que le FMI, l'Union Européenne veulent lui proposer pour continuer de l'aider.
Syriza fait l'impasse sur le traité de Londres de 1953 qui renégocie les réparations dues par l'Allemagne du fait du premier conflit mondial et la dette accumulée après la seconde guerre mondiale avec, entre autres, les prêts du plan américain Marshall mis en place pour éviter que l'Allemagne ne tombe dans le camp de l'URSS. Les allemands ont continué à payer jusqu'en 2010 et ont pris leur part des dettes de l'Allemagne communiste après la réunification. De même sont oubliés les remboursements concernant les crimes de l'holocauste qui ont été versés à Israël,et à bien d'autres pays dont... la Grèce.
On voit donc que de toutes les manières les dettes publiques doivent être payées et le sont par les contribuables. S'il y a défaut ou bien on taxe les prêteurs qui détiennent la dette, les résidents du pays ou les extérieurs au pays ; ou bien on rééchelonne la dette en diminuant la valeur de la dette ; ou bien la banque centrale monétise avec un profit négatif pour elle.
Varoufakis et Tsypras savent aussi que le FMI avait prévu pour la Grèce une hausse de la croissance de 4,5 % (avec un excédent public hors charge de la dette), qui s'est révélée irréaliste. Le FMI a reconnu une pression des européens qui voulaient absolument une aide financière massive pour permettre à la Grèce de poursuivre dans l'UE.
La croissance de la Grèce étant bien en- deçà des prévisions on sait que le pays va faire défaut de paiement, sa dette n'étant plus soutenable.Mais quand ? Jusqu'à ce jour la Grèce n'a pas fait défaut et les anciennes obligations ont été remplacées par des nouvelles ( de la valeur 100 on est passé à la valeur 70). Les nouveaux "bonds" grecs sur la dette sont maintenant sous droit anglais ce qui est un abandon notoire de souveraineté juridique et une nouveauté pour un pays développé, ce qui rappelle la situation passée de l'Argentine.
Les Allemands expriment des nuances sur la conduite à tenir. Pour la chancelière dans le cadre de la politique européenne commune, une priorité : la Grèce reste dans l'UE et dans l'Euro ; pour son ministre des finances la priorité : rembourser les dettes. Le modèle allemand est clair, les règles sont très strictes sur les dettes des Länder, le renflouement possible mais il n'y a pas de possibilité de faire défaut ( au niveau fédéral la stabilité financière est inscrite dans la constitution, ce qui n'est toujours pas le cas de la France). Il faut donc une constitutionnalisation économique pour que la situation grecque ne puisse plus se reproduire, avec une union bancaire. Dans la période de transition avant un tel assainissement la Banque Centrale Européenne doit jouer son rôle.
Dans l'état actuel des choses (la France empêtrée dans ses propres dérives économiques étant complètement absente) les allemands disent aux grecs qu'un défaut de paiement les empêcherait de se financer auprès de quelque organisme financier que ce soit. De même si la Grèce sort de l'UE, elle ne fera plus partie du FMI qui la finance largement comme chacun sait ( 230 milliards octroyés par la troïka). Elle peut ne pas respecter les traités et recréer la drachme, mais le paiement de tous les contrats se font en euros.
A cela s'ajoute le fait que les traités européens ne prévoient pas la possibilité de sortir de l'Euro. On rappellera que les nouveaux états qui adhèrent, rentrent et dans l'Europe et dans l'Euro. La convention de Vienne de 1960 qui prévoit qu'un état peut sortir d'une fédération a été signée mais... non ratifiée.
Des vérités que les nouveaux dirigeants grecs connaissent mais qu'ils n'ont pas encore porté dans un même ensemble cohérent, à la connaissance de leurs électeurs. La Grèce ne pourra sortir de la grave crise qu'elle traverse sans cette politique de transparence démocratique.
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