Tout va très bien, Madame la marquise…
La Bourse pète la forme, les taux d’intérêt pratiqués pour faire rouler la Dette souveraine sont en baisse, … bref l’année 2012 a démarré sous les meilleurs auspices et, après les remous de 2011 et une année « laborieuse » en 2012, nous devrions enfin voir le bout du tunnel… Désolé, l’image est quelque peu trompeuse !

Désolé de vous décevoir les amis, la seule chose qui a changé, c’est qu’ « enfin » la Banque centrale Européenne a fait marcher la planche à billets. Une décision prise en catimini à la veille de Noël. Elle a changé la donne, au moins provisoirement. Cela se comprend fort bien : les investisseurs peuvent continuer à prêter aux États puisque la BCE rachètera ce que le marché ne veut plus. Du coup la crispation sur les taux marquées en novembre s’est détendue, et par voie de conséquence les valeurs bancaires mènent la cote boursière à la hausse, comme elles l’ont menée à la baisse en 2011.
Maintenant que la Banque centrale européenne, sur la vive insistance de la France, a suivi la voie ouverte par ses consœurs américaine et anglaise, elle ne pourra que poursuivre en ce sens, et nous allons tout droit vers un scénario marqué par deux grands phénomènes : sur le plan financier, une hyperinflation, qui va éliminer la maladie en tuant le malade et sur le plan économique une forte récession.
Absence de toute opposition
Dans les deux cas, c’est la population qui subira le choc de la crise. Mais on peut compter sur elle ! Certes, des mouvements de protestation se sont manifestés en 2011, Indignés, Occupy Wall Street,… mais il n’en sortira RIEN, pour la bonne raison qu’ils n’apportent rien. Ils satisfont certes l’ego des manifestants qui « ne restent pas sans rien faire » face à la fin programmée de l’État-Providence et de sa Croisade de la Consommation, mais ils ont cette caractéristique INCROYABLE de demander une dose supplémentaire de poison pour attaquer la maladie.
Regardez par exemple le « gourou » Paul Roosevelt Jorion, classé depuis belle lurette dans le lot de tête des blogs économiques (http://www.pauljorion.com/blog/ ). M. Jorion nous a commis un bilan de l’année 2011 sur le thème « comment la dérégulation et la privatisation engendrent le dérèglement ». Il exhale sa nostalgie pour de grands hommes politiques comme Franklin Delano Roosevelt, …dont l’action a permis de sortir de la crise des années trente et a inspiré toute la politique de consommation génératrice des trente glorieuses. Il faudrait donc selon lui revenir à la vraie logique de l’État-Providence et à son prophète J.M. Keynes, le renforcer en le rendant indépendant de la finance, qu’il faut réguler et contenir. Faire à nouveau du bonheur des peuples (via leur consommation) le but suprême des États. Ainsi soit-il !
M. Jorion nous refait comme tant d’autres le coup de la crémière et de son sourire ! Si les trente glorieuses lancées sur une politique rooseveltienne ont débouché sur trente dispendieuses, et si nous avons devant nous trente douloureuses, il est évident que ce n’est pas dû au simple dérapage de la cupidité et de l’avidité au gain. C’est le système même qui le veut. Dès l’instant où vous mettez le doigt dans un engrenage dont le PRINCIPE est de rembourser une dette par un emprunt de préférence plus important que la dette passée, vous ne pouvez éviter de passer tôt ou tard de la consommation à la dilapidation. Et de faire fonctionner tout le système économique sur la seule base de la croissance de l’État-Léviathan et de sa Dette. Pour solutionner la question, ont-ils alors le culot de dire, supprimons donc ce qui reste d’économie financière et mettons TOUT sous la coupe de l’État ! Pour masquer l’absurdité de cette proposition, ses défenseurs l’habillent sous un déguisement de fête : un État entièrement au service de la population… Le côté tendance de M. Jorion sur la toile n’a d’égal que la mainmise des Indignés sur la protestation contre la crise, mais alors que M. Jorion peut habiller tout cela de son prestige intellectuel (étymologiquement : tours de passe-passe) cela prend chez les indignés cet aspect véritablement ringard de la dénonciation des profiteurs, spéculateurs, image qu’ils associent à une douceur teinte de passivité générale : on s’assied et on pleure… ! Et on veut que les États ci..., les États là… Bref, les gémissements d’assistés soudain abandonnés par le Grand Protecteur.
C’est peut-être la plus mauvaise nouvelle de l’évolution de cette crise. S’il nous faut la subir, il nous faut aussi subir tous les faux prophètes qui, tout en chantant la mélopée du malheur des peuples, tentent de régénérer les causes mêmes de ce malheur. Il est évidemment beaucoup plus difficile aujourd’hui de dire à tout un chacun que si nous en sommes arrivés là, c’est qu’à force de colifichets et de (faux) standinges de vie, la Croisade de la Consommation nous a tous corrompus et que nous ne savons plus comment nous en sortir, id est comment revenir au RÉEL. Mais, tenez-vous, bien, pour M. Jorion et sa famille, la réalité n’existe pas, on l’a inventée… Délire d’enfant gâté…
Dans les mois, les années qui viennent
Quant à son évolution même, la Crise ouvre de multiples scenarii qui vont du défaut d’un État européen à l’explosion de la situation en Chine, en passant par un délabrement accentué de l’économie américaine. Tous ont intérêt à jouer de la solidarité face à La Crise tout en menant une guerre dans laquelle ils pourraient tirer au mieux leur épingle du jeu. Ce ne sont pas les pièges qui manquent et les acteurs du monde financier sont bien obligés de jouer de l’optimisme chaque fois qu’ils peuvent, même si la tendance majeure du côté des analystes reste au catastrophisme. Ce qui ne veut évidemment rien dire : la plupart d’entre eux n’ayant pas vu venir la crise, pourquoi en verraient-ils soudain l’issue ? Les plus réalistes d’entre eux posent et reposent la question centrale : comment allons-nous nous faire quitte de ce bibendum de l’endettement ?
Quittez graphiques, courbes et statistiques, Messieurs, il n’y va pas de l’avenir de la science économique, il y va de l’avenir de l’Humanité !
Maltagliati
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