Un gouvernement de, par, et pour les banques
Cinq ans après l’effondrement financier de 2008, la spéculation et la fraude qui ont causé le crash ont fait un retour en force aux États-Unis. Conséquence des 85 milliards de dollars imprimés et livrés aux banques chaque mois par la Réserve fédérale, les affaires sont en plein boom au casino de Wall Street. Les valeurs des actions atteignent des niveaux record comme les profits des banques, dans un contexte de salaires en déclin et de pauvreté massive.
Dans ces conditions, les banques ont poussé à ce que soient levées les restrictions pourtant très modestes qui pèsent sur la spéculation financière, tout en élargissant le domaine d’applicabilité des lois sur le renflouage public. Le but est simple : donner aux banques une capacité maximale à spéculer sans contraintes, tout en obtenant un maximum d’aides de l’État si, et quand, la bulle éclatera.
L’emprise des banquiers sur le gouvernement est tellement ferme qu’ils ne se contentent plus de laisser leurs politiciens vendus écrire les lois, ils ont commencé à les écrire eux-mêmes. Ce fut le cas pour un projet de loi qui est passé devant la Commission aux services financiers de la chambre des députés ce mois-ci, le projet HR 992, et dont 70 des 85 lignes du projet étaient tirées de recommandations faites par Citigroup, l’une des plus grandes banques américaines. Deux paragraphes ont été insérés pratiquement mot à mot depuis un email envoyé par la banque aux législateurs.
Même les dispositions qui ont été appliquées ont été affaiblies par la suite par les autorités de régulation à la demande des banques. En dépit d’une montagne de preuves – dont un volumineux rapport de 2011 de la sous-commission permanente du Sénat sur les enquêtes – indiquant que le crash financier de 2008 était directement lié aux infractions constantes de Wall Street, pas un seul responsable d’une grande banque n’a été poursuivi en justice, sans parler d’aller en prison.
Les géants de Wall Street émergent de la crise financière plus grands et plus puissants que jamais, et, comme le montrent les enquêtes du gouvernement sur les pertes de 6 milliards de dollars de JPMorgan l’an dernier, leurs activités ne sont que spéculatives et parasitaires, comme avant le crash.
Ces facteurs, combinés avec la vaste quantité d’argent frais injecté dans les marchés financiers par les banques centrales rendent un nouveau crash financier quasi inévitable.
Dans tout cela, le rôle du gouvernement a été de couvrir et de faciliter les crimes des banques, cherchant à créer une apparence de régulation tout en permettant à Wall Street d’agir en toute impunité.
La principale connexion entre les banques et le gouvernement, c’est le gouvernement Obama lui-même, qui, avec chaque nouvelle nomination, devient encore plus un gouvernement de, par, et pour l’oligarchie financière.
En janvier, Obama a nommé au poste de ministre du trésor, Jacob Lew, qui a gagné des millions de dollars en tant que directeur de l’unité d’investissements alternatifs de Citigroup, qui pariait contre le marché de l’immobilier pendant que celui-ci s’effondrait.
En mai, Obama a nommé Penny Pritzker, l’héritière d’une chaîne d’hôtels et une opératrice d’un fonds d’investissement, comme secrétaire d’État au Commerce. Avec un capital net de 1,85 milliards de dollars, Pritzker est la personne la plus riche de l’histoire des États-Unis à être membre du gouvernement.
Ces développements démontrent l’impossibilité de maîtriser les criminels financiers dans le cadre très limité du système politique actuel. Le gouvernement et les deux grands partis ne sont qu’à peine plus que des valets des banquiers, lesquels exercent une dictature sur la vie politique des États-Unis.
André DAMAO
http://2ccr.unblog.fr/2013/08/02/un-gouvernement-de-par-et-pour-les-banques/
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« Les peuples vénèrent les canailles qui les plument, ils y voient peut-être, pas tout a fait à tord, une garantie d’efficacité dans un monde qui ne jure plus que par le profit »…ZHOUANG ZHI
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