Certains ténors politiques et économiques dissidents, tels Nicolas Dupont Aignan, François Asselineau ou en encore Jean-Jacques Rosa profitent de la crise pour enfin avoir droit au chapitre médiatique et défendre la sortie de l’euro. L’impasse sera faite sur d’autres alternatives plus sophistiquées mais sans doute plus pertinentes (deux banques centrales en Europe, sortie de l’Allemagne de la zone euro, etc).
Entrailles de la crise grecque
Si nous nous souvenons bien, toutes les banques centrales ont réduit leurs taux d’intérêts afin de sortir de la dépression via une relance monétariste, friedmanienne : l’argent si bon marché est donc emprunté par les banques et vient irriguer l’économie, en principe.
Deux conséquences à cela :
- les taux des dettes publiques deviennent extrêmement faibles, ce qui on l’imagine, rend fou de rage les investisseurs friands de placements stables ;
- l’émission monétaire vient accroitre les risques inflationnistes, et la dévaluation sur le marché des changes de cette monnaie. On pensera tout naturellement au dollar ;
C’est là que les agences de notation rentrent en jeu, faisant d’une pierre deux ou trois coups.
Mettant à l’index, non pas les dettes publiques des pays les plus puissants, mais d’un pays de moins de dix millions d’âme, où les intérêts financiers privés sont sous-représentés en comparaison de l’univers anglo-saxon, elles ont permis :
- de déplacer l’indispensable catastrophe, bidoche indispensable aux médias, de l’endettement public et de la situation déplorable du dollar vers un autre bouc-émissaire ;
- de renchérir les rémunérations des dettes publiques ;
- de faire contre-feu à la situation nord-atlantique catastrophique (UK, Ireland, US).
Voilà, le décor est posé, et il fonctionne à merveille.
Position des républicains
Beaucoup de républicains, préconisant la souveraineté nationale, et par voix de conséquence, la souveraineté monétaire, préconisent donc la sortie de l’euro.
Cependant, quand bien même les attaques monétaires d’un George Soros en 1992 juste avant l’acceptation de la monnaie unique, acte scellé l’année suivante, me semblent être d’une chronologie suffisamment suspecte pour être dénuée de toute finalité politique européiste, préconiser la fin de l’euro serait donner le flanc à la spéculation sur les monnaies, ce que l’on ne peut accepter, surtout lorsque la spéculation est synonyme de ponction de l’économie réelle.
Conclusion
Il est techniquement concevable d’envisager de modifier les règles régissant l’euro. Les pays de l’Euroland ayant des déficits jugés inquiétants (PIGS + France) sont majoritaires en Euroland. Alors que la sortie de l’euro est servir la soupe à la finance, réautoriser aux états d’emprunter directement auprès de la BCE dans une limite inflationniste raisonnable, tuerait la situation de rente des banques et des fonds de pension américains investis dans nos bonds du trésor.
Au passage, constatez l’ironie de la situation : pendant que les libéraux (et notre hégérie Laurence Parisot) pourfendent le système par répartition afin de promouvoir la capitalisation, l’actif français cotise et pour ses retraités et pour le retraité américain. Pas dette publique, signifie des fonds de pension uniquement investis en actions : on aura une pensée émue pour tout les salariés d’Enron qui n’avaient placé leur épargne retraite que dans ce modèle économique brillantissime.
Afin de rendre sa viabilité à une économie euro-continentale, différentes mesures pourraient être envisagées afin de converger vers un ratio endettement/monnaie à 1 en zone euro :
- création monétaire équivalente aux capitaux fuyant vers les paradis fiscaux, destruction lorsqu’ils sont rapatriés (après le constat d’échec de la lutte contre l’évasion fiscale) ;
- restructuration de l’émission monétaire de la BCE, qui devrait verser le montant des intérêts qu’elle réclame, aux états (les plus endettés sont à privilégier) ;
Ces simples mesures sont la garantie d’une protection de l’économie réelle face au delirium financier et monétaire ambiant.