Utopie pour une industrie meilleure
Notre industrie s’évapore peu à peu faute d’avoir encouragé l’esprit d’entreprendre qui a prévalu à son avènement.
Depuis bien trop longtemps, elle est le théâtre d’un affrontement permanent entre les gestionnaires de la routine et les créateurs d’innovation.
La pression est arrivée au paroxysme le plus vil d’une opposition brutale qui conduit irrémédiablement au licenciement des esprits créatifs dont le seul pouvoir est celui des idées.
Mais, si personne ne se décide à avoir des idées, qu’adviendra-t-il alors des processus d’innovation ?
Ils finiront par se tarir car la source qui les alimente sera désespérément asséchée.
Les entreprises industrielles qui n’adoptent pas une démarche entrepreneuriale à l’image d’une création d’entreprise innovante subissent les rigueurs de la mondialisation.
De nos jours, il faut bien admettre qu’il y a infiniment plus de risques à ne rien faire qu’à innover.
Pour cela, il devient urgent de replacer les esprits créatifs au cœur des processus d’innovation et surtout de reconnaître la valeur de leurs apports dans la croissance de l’entreprise.
Cette reconnaissance passe bien sûr par la mise en application du principe de rémunérations supplémentaires justes et objectives des inventions comme le code de la propriété industrielle et les textes de lois le stipulent bien, à défaut de bon sens des chefs d’entreprise retors.
Je me suis déjà expliqué sur le sujet dans un article précédent. Mon propos aujourd’hui est de démontrer que le débat actuel sur la rémunération supplémentaire a vingt ans de retard.
Notre pays n’a pas su changer à temps les mentalités des chefs d’entreprise d’un passé bien révolu.
Certes, la volonté des pouvoirs publics engagée sur plusieurs fronts, de l’Enseignement supérieur aux industries pour un renouveau du dynamisme économique, est louable même si elle est tardive.
Mais sera-t-elle suffisante pour combler le « Grand Canyon » qui s’est creusé pendant des décennies d’aveuglement et d’immobilisme ?
1. L’INNOVATION CREATRICE :
Avant d’aborder les modes de rémunération des inventions quels qu’ils soient, il convient de préciser les conditions dans lesquelles elles sont susceptibles de prendre naissance et de se développer.
L’organisation des différents processus d’innovation dans l’entreprise relève de trois approches principales bien distinctes qui peuvent faire l’objet de passerelles pour aller d’une approche à l’autre comme le montre le schéma ci-dessous :
voir premier graphique en bas de l’article.
Les sources créatives dans ces processus d’innovation diffèrent en fonction des objectifs d’évolution, de consolidation ou de création que l’entreprise se fixe.
Les entreprises industrielles dont le principal objectif est de pérenniser son portefeuille de produits existants utilisent principalement les approches 1 et 2.
Celles-ci sont en phase avec une stratégie du court terme dans laquelle la créativité est très largement instrumentalisée et perçue comme une action « presse-bouton » à la portée de tout individu créatif.
Elle induit alors dans les esprits gestionnaires de la routine le sentiment d’un pouvoir absolu sur l’univers existant et d’un contrôle maîtrisé des esprits créatifs qui l’entretiennent.
La relation « employeur/salarié » de type dominant/dominé ne laisse aucune place à l’épanouissement de l’esprit créatif qui doit répondre seulement en force d’exécution.
Dans la conscience collective, le « salarié inventeur » n’a aucun mérite puisqu’il ne fait qu’accomplir le travail pour lequel il est rémunéré. La valeur de sa créativité est totalement transparente et elle ne sera sûrement pas reconnue à sa juste valeur.
Quand bien même elle relèverait d’une réflexion très personnelle en rapport avec les principes de l’approche 3, elle serait très vite assimilée aux approches classiques d’une mission de toute façon commandée pour ne pas lui donner d’importance autre que celle imposée par le joug du statut d’inventeur salarié.
Par opposition, le chercheur inventeur ou le porteur d’un projet innovant se place d’emblée sur l’approche 3 plus radicale et parfois en rupture avec une stratégie du court terme dans laquelle la créativité est bien souvent inattendue et totalement inaccessible.
Elle induit dans les esprits gestionnaires de la routine une absence de pouvoir sur l’univers des produits connus et de contrôle prévisible des esprits créatifs qui l’orientent.
La relation « employeur/salarié » de type égal à égal contribue à stimuler l’esprit créatif qui doit impulser des idées nouvelles en force de proposition.
L’essence même de chaque approche d’innovation conduit à des processus de créativité totalement différents :
voir deuxième graphique en bas de l’article.
Or, si la nature de la créativité issue des approches 1 et 2 est bien l’apanage de chacun à partir d’un socle existant, il n’en est strictement rien pour l’approche 3.
En effet, la créativité issue de l’approche 3 relève plus du don particulier d’une réflexion individuelle. Celle-ci est proportionnelle à l’aptitude de son auteur à dépasser un existant ou à le sublimer. Il ne se commande pas. Il s’exprime librement chemin faisant en absence de tout cloisonnement de la pensée.
Les cheminements des projets de Recherche Innovation Développement suivent une gestion en boucle plus au moins linéaire en fonction des difficultés rencontrées selon la méthodologie globale suivante :
voir troisième graphique en bas de l’article.
Dans cette schématisation, il faut noter les positions distinctes de la créativité qu’elle soit en amont ou en aval du processus d’innovation.
C’est de la prise de conscience de cette position que dépend le sursaut de notre industrie dans un contexte de mondialisation de notre économie de la connaissance.
En règle générale, les entreprises ne laissent pas assez de place à l’amont du processus de création pour sacrifier les sources créatives les plus prometteuses.
En effet, elles n’intègrent pas assez dans leur mode d’organisation la composante entrepreneuriale inhérente à ce don d’imagination propre au génie créatif dont certains individus hors norme disposent à foison grâce à un esprit intuitif sans cloisonnement.
Ce don leur permet de voir instantanément ce que d’autres ne voient pas.
2. UN NOUVEAU REGARD SUR L’INVENTION :
Pour reconnaître la valeur de la création, un changement de paradigme sur le fonctionnement de l’innovation est capital au même titre que la vision sur l’inventeur.
- Sur le premier point, il est nécessaire d’opérer un changement d’axe de révolution pour basculer d’une logique de gestionnaire de la routine à celle d’entrepreneuriat innovant correspondant au passage d’une stratégie de refuge à celle de conquête.
- Sur le deuxième point, l’inventeur doit davantage être considéré comme une source de création de richesses nouvelles pour assurer la croissance pérenne de l’entreprise.
Les exemples les plus marquants sont ces inventeurs entrepreneurs qui ont créé une nouvelle entreprise ou permis de développer des activités à partir de leurs propres inventions.
De ce point de vue, ma position est sans doute différente de l’Association pour les Inventeurs Salariés et de celle en particulier de M. Jean-Paul Martin dont je respecte tout l’engagement à défendre depuis plus de vingt ans avec acharnement et détermination les inventeurs salariés.
Mais, dans ce système économique archaïque qui licencie sans vergogne ses inventeurs, il serait bon de distinguer la nature même de chaque invention afin de leur affecter un mode de calculs de la rémunération supplémentaire plus approprié en fonction de leur effet.
Il faut opérer une scission radicale pour que l’invention ne puisse plus être un prétexte à des querelles malsaines, à des interprétations limitatives ou à des obstacles réducteurs à l’esprit d’entreprendre.
L’invention est par nature un acte libre et c’est de cette liberté qu’elle puise son énergie durable. De ce fait, elle doit bénéficier d’une très grande souplesse et ne saurait être enfermée dans les modalités d’un statut juridique qui annihile tout l’intérêt de sa portée financière sous-exploitée.
Au contraire, l’invention doit être ouverte à des modalités de négociation très flexibles pour stimuler la dynamique économique et entrepreneuriale dont notre industrie a tant besoin.
LA LIBERTE D’ENTREPRENDRE DOIT DEVENIR UN DROIT POUR TOUS A TOUT MOMENT DE SA CARRIERE PROFESSIONNELLE, ELLE DOIT ETRE UNE INCITATION A PROMOUVOIR LES IDEES COMME LE PREMIER ACTE DE L’INNOVATION.
Les inventeurs entrepreneurs sont en première ligne pour assurer ce défi moderne.
De tout temps, l’acte d’invention individuelle a été le point de départ de l’innovation collective.
Le processus créatif engage l’entreprise dans sa pérennité et rarement le contraire.
L’entreprise innovante valorise l’invention dans des perspectives commerciales et rarement le contraire.
C’est de ce subtil équilibre que dépend la réussite économique.
3. LES ESPRITS CREATIFS NE SONT PAS UN APPAUVRISSEMENT DE L’ENTREPRISE, MAIS UNE RICHESSE ESSENTIELLE :
La rémunération des inventions ne doit pas résulter d’un nivellement par le bas que les employeurs justifient par une couverture abusive d’un statut d’inventeur salarié. Elle doit résulter d’un nivellement par le haut conforté en ce sens vers l’ouverture intelligente d’un statut d’inventeur entrepreneur.
Pour ma part, j’ai vécu le pire calvaire psychologique à partir du moment où j’ai évoqué ce droit à rémunérations supplémentaires de mes inventions chez mon ancien employeur. J’ai supporté l’humiliation la plus dégradante, j’ai subi un traumatisme irréversible dans ma perception du statut "d’inventeur salarié".
Je témoigne de cette réalité affligeante des entreprises pour m’éloigner irrémédiablement de ce chemin tout tracé qui conduit à la ruine de notre industrie.
Malgré moi, j’ai donc expérimenté la formule à l’aube de ce XXIe siècle et je puis vous assurer que ce n’est pas la reconnaissance qu’un inventeur est en droit d’espérer pour son art singulier !
Après avoir été licencié en septembre 2004 en raison du paradoxe de ma création exceptionnelle, de mon aptitude même d’inventeur hors norme, je ne souhaite plus jamais être considéré comme un "inventeur salarié" et encore moins mettre mes capacités inventives au service d’une organisation sous l’emprise de règles injustes ou trop mal définies qui perdurent depuis des décennies devant l’indifférence générale.
Comment ne pas promouvoir cette troisième voie, celle de l’entrepreneuriat innovant après une telle déconvenue.
Entre les « inventeurs salariés » soumis au régime des employeurs Caligula et les « inventeurs indépendants » condamnés au concours Lépine, les « inventeurs entrepreneurs » ont une place prépondérante à jouer pour l’avenir de notre industrie en quête d’idées.
Je n’ai donc aucune croyance dans la révolution instantanée des mentalités et encore moins dans des réflexions aussi sérieuses soient-elles qui nous feraient croire que des décennies d’errements vont être corrigées d’un seul trait par ceux-là même qui les organisent et les entretiennent de façon perverse.
Actuellement, les travaux de la commission au sein du Conseil supérieur de la Propriété industrielle se poursuivent dans le plus grand secret sans que les principaux intéressés en soient conviés : les inventeurs eux-mêmes.
Tous les experts interrogés à cette occasion relatent-ils les désastres d’une politique de la terre brûlée dont j’ai été une des très nombreuses victimes ?
Parmi les experts consultés, y a-t-il des entrepreneurs inventeurs ou des chercheurs entrepreneurs ?
Les réponses sont malheureusement très certainement négatives tout simplement parce que le débat n’est pas centré sur l’essentiel.
- Quel est le moteur du dynamisme économique de notre industrie ?
Pourtant, je suis un de ces inventeurs entrepreneurs qui a connu les affres du statut d’inventeur salarié.
Aujourd’hui, je veux pouvoir utiliser pleinement et sans aucune réserve le pouvoir de mes idées matérialisé par son outil de "Propriété intellectuelle" dans son aspect le plus positif et gratifiant.
Je souhaite bénéficier en tant qu’inventeur et faire bénéficier aux inventeurs de toute la liberté d’actions possible en termes de valorisation sous ses formes les plus diverses et cela indépendamment d’un statut de salarié qui tendrait à le limiter ou à l’étouffer dans un rapport de domination.
C’est la seule façon de redynamiser une industrie en panne d’idées.
Le remède à nos problèmes ne se trouve pas dans le licenciement systématique des créatifs qui ne demandent qu’à être reconnus, mais dans leur liberté d’entreprendre, dans l’accompagnement de leur initiative, dans la promotion de l’essaimage.
Les inventeurs doivent impérativement reprendre le pouvoir sur leur propre avenir et ne plus se voir imposer des diktats qui consistent à scier la branche sur laquelle ils sont assis.
Le registre de la simple rémunération supplémentaire misérabiliste qu’offre aujourd’hui le statut de salarié est un débat d’arrière-garde dans lequel il est hors de question de se laisser enfermer.
Il y a fort à parier que les mesures de la commission du CSPI iront encore davantage dans ce sens pour consolider des décennies d’erreurs si elles ne s’inscrivent pas dans une démarche d’entrepreneuriat vitale.
4. LA VALORISATION DU GENIE CREATIF :
Le sursaut salutaire que je préconise se résume en deux mots seulement :
- ENTREPRENEURIAT INNOVANT.
Rappelons à notre mémoire tous ces inventeurs qui un jour ont réussi à transformer un rêve en réalité.
Ils l’ont fait parce que les seules limitent qu’ils se sont données sont celles de leur rêverie et les seules barrières qui se sont dressées sont celles que la puissance de leur créativité a imposées. Ce monde de l’imaginaire qui échappe complètement à toute emprise.
Les inventeurs ont simplement besoin d’être reconnus dans leur aptitude à mettre en œuvre leurs idées neuves.
Pour que tous les inventeurs talentueux de notre pays expriment leurs idées, il devient urgent d’inscrire l’invention dans un « droit à entreprendre » comme une valeur fondamentale de notre société au même titre que le combat pour les « droits de l’homme ».
« Pour cela, je ne crois pas au mirage grandiose des slogans, des foules bruyantes et des drapeaux partisans. Je crois davantage en l’engagement individuel et la somme des actions silencieuses de tous ces héros anonymes qui comme moi avancent dans l’ombre au jour le jour et s’obstinent à combattre les préjugés, l’ignorance, l’hypocrisie, l’injustice et les mille formes d’asservissement qui enserrent l’individu et sa pensée créative(1) ».
5. UNE ACTION CONCRETE :
En vertu de cet engagement personnel résultant d’une réorientation de mon parcours professionnel, j’ai entrepris de me mettre au service de mes idées et de celles de porteurs de projets innovants.
J’ai décidé de m’investir exclusivement dans des projets de type « start-up » ou l’esprit créatif est roi.
Aussi, j’ai accompagné en immersion totale le projet d’une start-up à partir de l’année 2006.
www.h2odevelopment.com
Premier client de mon projet de création d’entreprise qui met en évidence la nécessité d’une nouvelle logique d’accompagnement des porteurs d’idées dans leur désir d’entrepreneuriat innovant.
Par analogie avec la situation de défense des "droits de l’homme" aux JO de Pékin à l’été 2008 prochain, je défendrai bec et ongles, tel un athlète de haut niveau, les valeurs universelles de la création pour que le "droit d’entreprendre" acquiert ses lettres de noblesse et prenne une place prépondérante dans la stratégie des entreprises industrielles.
Je crois en effet que c’est en étant soi-même sur la première marche du podium que l’on est en mesure d’attirer l’attention et mieux faire valoir un combat juste.
Après trois ans de travail acharné et de sacrifices, le succès est au rendez-vous et ne tardera pas à se faire connaître comme le modèle de référence pour valoriser la création au sens le plus large.
http://www.nxtbook.fr/newpress/mairie-de-paris/Aparis_27-ete_2008/index.php ?startid=6#/6/OnePage
http://www.v2asp.paris.fr/v2/paristv/loisirs.asp ?v=5
Mon prochain article sera consacré à cette formidable aventure de la création qui met en évidence la magie d’une idée et ce pouvoir de l’imaginaire capable de la matérialiser contre vents et marées.
Cette démonstration d’efficacité sera, à n’en pas douter, l’exemple caractéristique le plus abouti pour sortir l’invention de l’obscurantisme dans lequel on voudrait l’isoler.
J’inviterai tous les inventeurs à me rejoindre dans ce défi moderne.
Il suffit d’y croire et de ne compter que sur soi-même pour une industrie meilleure avec plus d’humanité envers les inventeurs et d’éthique sur l’invention…
(1) Emile Masson (1869-1923) : professeur de liberté - J. Didier et Marielle Giraud - Ed. Canope 1991.
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