Vers un socialisme d’avenir ou vers un réalisme du présent ?
Nous sommes à un tournant pour ne pas dire à une restructuration du socialisme, même si nos valeurs de base demeurent humanistes.
Toute la stratégie du PS est à repenser. Beaucoup de ses têtes exécutives sont discréditées à jamais aux yeux de nombreux concitoyens. Ses programmes ont cessé d’être en phase avec les réalités de ce monde. Son idéologie et sa philosophie sont à moderniser et à repenser. Son unité est à reconstruire. Sa légitimité à reconquérir.
Nous sommes à un tournant pour ne pas dire à une restructuration du socialisme, même si nos valeurs de base demeurent humanistes.
Toute la stratégie du PS est à repenser.
Beaucoup de ses têtes exécutives sont discréditées à jamais aux yeux de nombreux concitoyens.
Ses programmes ont cessé d’être en phase avec les réalités de ce monde.
Son idéologie et sa philosophie sont à moderniser et à repenser.
Son unité est à reconstruire.
Sa légitimité à reconquérir.
En à peine une année, notre ex-candidate Ségolène Royal, a amorcé ce renouveau. Les militants ne s’y sont pas trompés en la plébiscitant, car ils ont su entrevoir ses capacités à mener le pays vers l’avenir de manière honnête, transparente et moderne.
Ils ont réalisé qu’elle sortait du lot des éternels grincheux et des trop nombreuses langues de bois.
Cette manière de faire de la politique fatigue les Français, et ils viennent de le faire savoir en élisant démocratiquement un président de droite aidé de toute part par les « spin-doctors » de la communication, une extrême gauche aveugle, un PS kamikaze et enfin des médias souvent enchaînés.
Le socialisme de demain, et je dirai carrément, celui d’aujourd’hui, car il existe déjà, se doit de s’émanciper, car il est la meilleure des réponses aux défis actuels.
Ce socialisme d’hier ne peut continuer à exister que s’il prend réellement en compte la réalité économique de cette planète. Une économie largement responsable de la destruction de nos valeurs les plus chères : celles de notre environnement, de notre morale, de notre éducation, et enfin pour résumer le tout, de notre avenir à moyen et long terme, et de celui des générations à venir.
Un socialisme du réel ne sera praticable, envisageable ou encore possible que s’il intègre dans la base de sa philosophie et dans l’exécution de ses programmes, le triptyque suivant :
Environnement-Economique-Social.
En effet, ignorer cet axe triple, quand on pense à l’avenir, comme cela se passe dans les économies les plus ultralibérales d’aujourd’hui, c’est à coup sûr se ruer dans un précipice environnemental, démographique et moral. Cette ruée est déjà bien amorcée. Le temps presse, car indubitablement, nous courons à une catastrophe annoncée. Le travail des socialistes et des militants est précisément d’aider les populations à ouvrir leurs yeux et à leur faire comprendre la réelle impasse qui leur pend au nez ; qu’ils la vivent au quotidien et qu’il est de leur devoir de préparer le meilleur terrain possible pour leur progéniture.
Il sera difficile d’éviter les accusations de « catastrophisme » des défenseurs invétérés de l’ultralibéralisme.
« Toute personne croyant qu’une croissance exponentielle peut durer
indéfiniment dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste. »
Kenneth Boulding.
C’est pourquoi, même si je respecte la plus grande partie des actions socialistes depuis un siècle, à savoir la plupart des avancées sociales, il n’en demeure pas moins que le mot « socialisme » me paraît périmé : en effet, il est incomplet.
Jusqu’à aujourd’hui le socialisme s’est attaché à la défense des notions d’égalité et de solidarité, or il m’apparaît indispensable qu’il s’attache aussi, de manière transversale, à la réalité de l’individu et à ses besoins de liberté.
La première des libertés mais aussi le premier des devoirs, c’est le maintien, l’entretien et le respect de l’environnement de ce même individu.
Comme le dit si justement, ce professeur d’économie américain, né à Liverpool, que je viens de citer, nous vivons dans un « monde fini ». Même si celui-ci est voué à continuer son évolution naturelle, il n’en demeure pas moins que son espace géographique ne peut s’agrandir. Le capitalisme en général, mais surtout l’ultralibéralisme font fi de ces réalités et savent se doter de « spin doctors », ces censeurs de l’information, pour les aider à parvenir à leurs fins, à savoir favoriser une croissance exponentielle.
Ce n’est pas un bon calcul, et si « impasse » il y a, c’est bien là qu’elle réside ! Si je dispose de dix litres d’essence dans mon réservoir, je ne prétendrai pas traverser la France avec mon véhicule. Il faudra que je m’arrête faire le plein, que je sois seul à bord ou que je sois le chauffeur d’un autobus bondé de passagers.
Or, jusqu’à preuve du contraire, nous vivons tous sur une seule et même Terre, qui recèle bien des richesses, certes, mais qui s’épuise à force de consommation irréfléchie, irresponsable, sans aucune sorte de scrupules ou de réalisme pour les générations du futur qui auront à gérer le défi démographique de tous les temps, et par la même occasion, les défis économiques, sociaux et environnementaux. C’est une réalité. C’est une réalité géographique, que ne peuvent plus nier ou postposer les responsables politiques et les individus. Il semble, à ce sujet, que beaucoup de citoyens de France soient en avance par rapport à leurs leaders et leurs patrons, mais leurs moyens d’action concrète sont limités et étouffés dans l’œuf.
Désormais, il ne s’agit plus de « profit » ou d’intérêt, ni même d’essor ou de développement, mais bien de dilapidation.
Cette dilapidation planétaire nous prive de liberté, car elle restreint notre réactivité à tous les niveaux. La Terre est devenue une « peau de chagrin » que l’on pourrait presque illustrer avec les photographies satellitaires de notre pôle Sud troué et celles de notre pôle Nord qui fond à vitesse V.
Alors, oui, l’idéal du « socialisme » est insuffisant, et il nous appartient, à nous, de remettre les pendules à l’heure du jour, car personne ne le fera pour nous. Ségolène Royal et la démocratie participative ont entamé un processus de remises en question profondes et judicieuses. C’est la bonne direction, et beaucoup de Français l’ont perçu, mais on les a conditionnés à penser que ce n’était pas réaliste. Le résultat électoral est bien là pour l’attester. Je considère que c’est à moi, militant socialiste et défenseur de « Désirs d’avenir », comme à tous les militants du progrès réel et de l’humanisme, qu’il appartient d’expliquer aux masses populaires, que la plus grande des utopies, la plus irresponsable des démarches, c’est précisément de penser que la croissance peut continuer de manière exponentielle.
Le socialisme du XXIe siècle pourrait s’appeler le « réalisme », et plus que « socialiste », je ressens aujourd’hui le besoin de me définir en tant que « réaliste ». Les priorités ne sont plus politiques, mais bien géographiques.
Jean Jaurès disait : « Il ne peut y avoir de révolution que là où il y a conscience. »
La conscience, c’est la juste perception de la réalité qui nous entoure, donc celle de nos environnements. Une révolution sans évolution est une stagnation, sinon une régression. Fermer les yeux sur l’égoïsme actuel, c’est nier l’Histoire, mais surtout occulter la réalité géographique de ce monde.
Voilà, comment j’articule le « socialisme réalisme » des temps présents et à venir.
Blaise Boudet
A Montpellier ce 21 septembre 2007.
4 réactions à cet article
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON