« Virez-les tous ! »
Quand le multimillionnaire patron de Ryanair se pique de politique, on n’est pas déçu du voyage. Dans deux interviews parues simultanément en Grande-Bretagne[1], il donne sa vision d’une société idéale, débarrassée des officines, du contrôle des salaires et des fonctionnaires. Au premier rang dans sa ligne de mire : les associations de défense des consommateurs.
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Haro sur les consos
Il faut préciser que ladite NCA venait de l’attaquer de front dans l’affaire de l’annulation unilatérale, par Ryanair, de milliers de voyages achetés de bonne foi sur d’autres sites internet que le sien…[2] Intarissable sur le sujet des « quangos » (quasi non-governmental organisations), autrement dit les officines et organismes parastataux, O’Leary tient fermement sa proie. « Nous avons assisté à une explosion de "quangos", propulsé cette Celia Larkins à la tête de la NCA, et on lui paye un salaire pour faire quoi ? Débarrassons-nous d’elle ! Et l’autre type, ce mec de Cork, celui de « Show me the money », comment s’appelle-t-il déjà ?[3] Eddie Hobbs, voilà. Virons-le ! Pourquoi paie-t-on des types comme ça ? »
L’éruptif Irlandais étaie sa démonstration par son propre cas (évoqué ci-dessus), qu’il juge apparemment exemplaire et fédérateur. « De toutes façons, la NCA ne sert à rien. Nous l’avons démontré en empêchant des sites web d’agences intermédiaires de vendre des vols Ryanair en ligne en s’arrogeant des commissions illégales sur ces ventes. » Le régulateur du transport aérien ne s’en tire pas à meilleur compte ; « Tout ce qu’il a fait est d’apposer son cachet sur des augmentations de prix. » Fermez le ban.
« Vous allez en baver »
Heureusement, Michael O’Leary détient la recette miracle pour endiguer l’inflation et relancer
« P… de fonctionnaires »
Admettons ; mais comment compenser ce manque à gagner fiscal ? « Facile : réduire les dépenses publiques. Virer des fonctionnaires. Qu’attend-t-on ? Nous avons bien trop de p… de fonctionnaires, dont la plupart sont employés par des "quangos" parfaitement inutiles. »
Un raisonnement qui cadre avec la faconde du personnage, mais qui prend tout son sel dès lors qu’on sait que c’est grâce aux subventions publiques généreusement accordées par les collectivités locales des aéroports qui accueillent ses avions que O’Leary a bâti une fortune personnelle estimée à quelque 400 millions d’euros au bas mot[4]… Mais évidemment, il ne s’agit pas d’argent public irlandais ![5] Les Belges, eux, savent à quoi s’en tenir : ce sont pas moins de 255 millions d’euros qui ont été investis sur 20 ans dans l’aéroport de Charleroi, pour le seul profit de Ryanair et des deux petits « concurrents » qu’il a bien voulu tolérer sur sa piste fétiche : le hongrois Wizzair, spécialiste de l’Europe de l’Est (Pologne surtout) et le Marocain Jet4You.[6] Sans évoquer les 400 millions prévus pour la nouvelle gare, le tout en période de récession…
La valse des millions
En
[1] The Independent, on Sunday 17/08/08 et The Irish Independent, 16/08/08.
[2] www.air-scoop.com, 08/08/08
[3] Programme de la télé publique irlandaise, animé par Eddie Hobbs, le Julien Courbet local, qui aide les « petites gens » à améliorer leurs revenus en protégeant leurs droits de consommateurs.
[4] The Guardian, juin 2005
[5] Ryanair se défend de bénéficier de subventions publiques, car les montages qui lui permettent d’en bénéficier sont très complexes et sont conçus de telle sorte qu’ils permettent d’échapper aux foudres de la Commission européenne ; surtout depuis le jugement de février 2004 au terme duquel la compagnie irlandaise a été condamnée à rembourser 3,8 millions d’aides publiques illégales à
[6] A noter que Ryanair vient d’annoncer l’ouverture d’une ligne vers la Pologne et de 3 destinations au Maroc au départ de Charleroi.
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