Vous aussi, avez-vous la « subprimes attitude » ?
Comment s’étonner que le contexte actuel de taux américains si bas ne contraigne littéralement la masse de liquidités créé de se loger et de contribuer décisivement à la relance de l’activité économique ? En effet, les heureux détenteurs de cash sont quasiment forcés de prêter aux entreprises, de financer de nouvelles hypothèques en faveur des privés et même d’investir et de spéculer dès lors que les T-Bills américains offrent un rendement de … 0.15%. La Réserve Fédérale force ainsi littéralement la main de ces parieurs, « comme au bon vieux temps » serait-on tenté de dire. Cette époque dorée de la spéculation effrénée est donc de retour puisque – et vous ne le croirez pas – les subprimes sont de retour !
Effectivement, ces prêts immobiliers qui se sont révélés toxiques, coupables de la pire crise financière et de la récession la plus cauchemardesque en un siècle, font aujourd’hui leur grand « come back ». Oubliée la panique qui s’était emparée dès le printemps 2007 des investisseurs internationaux grands amateurs de ces titres pourris : la crise du crédit et les pertes massives du secteur financier mondial sinistré par ces subprimes appartiennent bel et bien passé… Doit-on leur pardonner parce qu’ « ils ne savent pas ce qu’ils font » ou se montrer tolérants vis-à-vis de leur mémoire qui leur joue des tours ? Toujours est-il – et c’est un fait incontestable – que la valeur de ces subprimes a plus que doublé depuis leur niveau le plus bas atteint à l’automne 2008 et que cet engouement renouvelé pour ces investissements ayant quasiment provoqué la banqueroute de l’Occident est entièrement imputable à la Réserve Fédérale…
Comment et pourquoi s’attarder à canaliser l’épargne et l’investissement vers des placement sécuritaires quand ils offrent une rentabilité nulle ? Ces taux zéro sans aucun précédent historique aux Etats-Unis ne sont-ils pas précisément là pour motiver même le plus vulgaire spéculateur et pour l’allécher de placer ses deniers dans des pans entiers de l’économie donnés pour morts il y a encore quelques mois ? Car, non contente d’avoir redonné vie aux subprimes, la Fed peut aujourd’hui se targuer d’avoir également relancé les « subprimes des subprimes », à savoir ces obligations qui ne pas garanties par Fannie Mae ou Freddie Mac – les « non agency bonds » – dont la valorisation est adossée sur … sur rien du tout ! Et pourquoi s’en priver puisqu’elles procurent actuellement un rendement de l’ordre de 5 à 7% ?
Enfin, voilà l’inflation qui s’invite et qui contribuera immanquablement à compliquer davantage la donne car, à mesure que le pouvoir d’achat sera rogné par le cherté de la vie, les investisseurs et épargnants – toujours rémunérés à hauteur de 0% sur les placements sûrs – seront forcés de prendre encore plus de risques afin de compenser l’érosion de leur niveau de vie par des profits encaissés sur des placements à hauts rendements. Ne constate-t-on pas déjà un afflux de liquidités en direction des obligations pourries (junk bonds) ainsi que vers les fonds spéculatifs à fort effet de levier (hedge funds) ? Les bourses ne bénéficient-elles pas d’une ascension défiant toute logique ?
Pourtant, ces quinze dernières années fourmillent d’épisodes dramatiques relatant des effondrements boursiers et des faillites spectaculaires de hedge funds mais qu’à cela ne tienne puisque c’est la Réserve Fédérale elle-même qui encourage ce type de comportements… Elle a ainsi totalement réussi sa mission consistant à rendre totalement inintéressants et inattractifs les placements peu ou pas risqués en précipitant toute la gamme des investisseurs dans des classes d’actifs potentiellement dévastatrices.
De fait, le temps est compté – des années voire des mois – avant que de nouvelles bulles n’implosent car le programme des baisses de taux quantitatives – c’est-à-dire les injections de liquidités – se conclura au mois de Juin prochain. La Réserve Fédérale a en effet prévu de se retirer graduellement et se prépare même à inverser la vapeur via une remontée de ses taux d’intérêts … quitte à laisser sur le carreau l’investisseur de base et le spéculateur persuadés que les arbres peuvent atteindre les cieux.
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