Attention aux projets d’axes routiers urbains nuisibles à la santé !
Introduire un axe routier majeur aux abords d’un milieu densément peuplé n’est pas sans impacts sociaux et sur la santé de ce milieu. C’est ce que tend à démontrer une étude rendue publique récemment. D’une durée de quatre ans, l’étude a été menée aux abords de rue Notre-Dame qui longe le quartier Hochelaga-Maisonneuve dans la ville de Montréal.
Selon l’étude du groupe de recherche Cinbiose - un Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et de l’Organisation panaméricaine de la santé (OPS) - ainsi que de la Chaire d’étude sur les écosystèmes urbains de l’Université du Québec à Montréal, ce constat « s’applique pour la rue Notre-Dame, mais peut aussi s’appliquer sur tous les projets autoroutiers en milieu urbain. »
Les infrastructures routières peuvent s’avérer des divisions nuisibles en restreignant les déplacements de proximité et en réduisant l’espace de vie, constatent les chercheurs. La rue Notre-Dame est devenue, au fil des années, non seulement une barrière physique majeure entre les résidents du quartier Hochelaga-Maisonneuve et le fleuse Saint-Laurent mais aussi une importante source de pollution de proximité.
Le Bureau d’audiences publiques en environnement (BAPE) du Québec avait rejeté en 2003 un projet autoroutier et demandé de privilégier plutôt l’option d’un boulevard urbain. L’étude, pour sa part, invite à « procéder à une revitalisation urbaine dans l’optique d’améliorer les conditions de santé de la population montréalaise. »
Le phénomène d’effet barrière a des conséquences majeures, constatent les chercheurs, en limitant les déplacements des gens et leurs activités sociales. Il modifie les conditions de vie des résidents avec des impacts sur leur santé physique et mentale, voire même « sur le réseau de support social. »
De plus en plus de chercheurs en santé, d’urbanistes et de spécialistes de l’environnement plaident par ailleurs, nous révèle l’étude, pour une organisation du transport urbain qui non seulement protège la santé des populations urbaines, mais aussi en fait la promotion. La planification des transports est ainsi un élément clé de la santé des populations urbaines.
Au-delà de l’impact économique, quelques travaux, ajoute l’étude, commencent à mesurer les modifications physiques d’un quartier en terme de perte de capital social.
Pour le rédacteur du rapport, Ugo Lachapelle, le capital social est une « colle sociologique qui permet aux membres d’un groupe, dans ce cas-ci les résidentes et résidents d’un quartier, de développer un certain sens d’appartenance, une confiance dans les autres membres de la communauté et une certaine connectivité émotionnelle au lieu de résidence. »
On considère de plus en plus les liens sociaux comme une composante majeure de la santé humaine. On les associe même à une plus grande espérance de vie, à une perception améliorée de la santé physique, voire à une plus grande rémission suite à une maladie.
« Dès les premières vagues d’expropriation au début des années 70 pour la construction à l’époque de ce qu’on appelait l’autoroute est-ouest, plusieurs milliers de personnes ont dû être relocalisés dans le quartier ou à l’extérieur, provoquant ainsi une perte importante de capital social, fragilisant les liens sociaux dans le sud du quartier et ouvrant la porte à un milieu urbain dégradé qui persévère jusqu’à aujourd’hui », rappelle pour sa part Daniel Vanier, un des recherchistes associés à l’étude.
L’étude insiste sur l’importance, au-delà des objectifs traditionnels de mobilité et de développement économique, de déployer des transports durables, « utilisant le moins de ressources possible, émettant le moins de polluants possible et faisant la promotion d’un usage rationnel et écologique du territoire. »
Ajouter une réaction
Pour réagir, identifiez-vous avec votre login / mot de passe, en haut à droite de cette page
Si vous n'avez pas de login / mot de passe, vous devez vous inscrire ici.
FAIRE UN DON