Attention, greenwashing
Depuis la flambée des cours du pétrole l’an dernier, le phénomène du greenwashing a pris une ampleur jusqu’alors inégalée : de grandes entreprises multinationales dépensent des fortunes en publicités pleines de chlorophylle pour nous convaincre qu’acheter leurs produits, c’est presque faire un don au conservatoire du littoral. Bien entendu, au-delà de ses pubs à verts pâturages, la multinationale ne change rien à ses pratiques.
Exemple avec la Cohn-Bendit SA et son dernier produit Europe-Ecologie.
Petit exemple avec la Cohn-Bendit SA, historiquement implantée en France et en Allemagne, mais qui a essaimé un peu partout en Europe. Cette petite entreprise mise résolument sur le néolibéralisme et libre-échangisme. Son dirigeant déclarait en 1998 : "Je suis pour le capitalisme et l’économie de marché" (dans son livre Une envie de politique) et précisait quelques mois plus tard : « Je suis persuadé que si on dit non à l’économie planifiée socialiste, on dit oui à l’économie de marché. Il n’y a rien entre les deux » (Libération, 6 janvier 1999). There is no alternative, compris ?
Daniel Cohn-Bendit n’en est d’ailleurs pas resté à des généralités, déclarant : « des services comme le téléphone, la Poste, l’électricité n’ont pas de raison de rester dans les mains de l’Etat », ou encore "il n’y a pas de raison qu’il existe un service public de la télévision".
A propos du travail le dimanche, il se situe sur le même créneau que ses concurrents de l’UMP et déclare : "Il faut admettre que les machines travaillent sept jours sur sept, donc admettre le travail du week-end"
Et surtout, la Cohn-Bendit SA soutient becs et ongles le traité de Lisbonne, clone du traité constitutionnel européen, largement rejeté par les Français en 2005.
Difficile donc pour la Cohn-Bendit SA de se démarquer de ses concurrents de MODEM incorporated et de la World UMP Company. C’est pourquoi, pour le lancement de son dernier produit nommé Europe-écologie, elle décide de jouer la carte du greenwashing.
Première étape : recruter une personnalité aimée des français et crédible dans le domaine de l’écologie. A la surprise générale, la Cohn-Bendit SA parvient à débaucher José Bové, figure de l’altermondialisme (qu’on préférait quand il démontait les Macdo.)
Deuxième étape : faire une série de voeux pieux, tels une taxe de type Tobin sur les transactions financières, un droit à la souveraineté alimentaire, une réorientation non productiviste de la PAC. Une belle lettre au père Noël, en contradiction totale avec l’objet social de la Cohn-Bendit SA : le traité de Lisbonne (respectivement article 63 TFUE, 188 B du TFUE, et 39 TFUE)
Le produit Europe-écologie, en dépit du greenwashing, reste fidèle aux fondamentaux de la Cohn-Bendit SA. En témoigne, le refus de sa filiale française Les Verts, chargée de la commercialisation du produit en France, de signer les deux communiqués de soutien à la mobilisation sociale organisée par le front syndical aux mois de janvier et mars. (Ces deux communiqués avaient été signés par toutes les organisation de gauche, du NPA au PS).
La même filiale a par ailleurs salué le G20 de Londres, dont le seul fait notable aura été de renforcer les pouvoirs du FMI, qui continue de démanteler l’Etat solidaire, y compris en Europe.
La catastrophe écologique vers laquelle nous nous dirigeons est la conséquence directe du productivisme de la recherche du profit à court terme, caractéristiques du capitalisme dérégulé. Tout programme qui n’envisage pas une rupture avec ce jeu des égoïsmes, notamment par une planification écologique, n’est donc que saupoudrage de bon sentiments. Du greenwashing.
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