Bannissement des bouteilles d’eau
Denis Coderre (maire de Montréal), veut bannir les bouteilles d’eau en plastique sur son territoire, Au même titre que la métropole de Montréal, les autres municipalités et métropoles du monde industrialisé devraient-elles considérer cette éventualité ?
Le porte-parole de Recyc-Québec, Richard Goulet, mentionnait en 2008 au journal Le Devoir que seulement 44% des bouteilles d’eau sont recyclées au Québec. C’est donc dire que sur un milliard de bouteilles « mises en circulation », 550 millions se retrouvent au dépotoir.[1] Les défenseurs des bouteilles d’eau diront qu’elles sont récupérables, mais tel qu’il appert des statistiques susmentionnées, une proportion considérable des bouteilles d’eau prend le chemin du dépotoir. Qui plus est, le transport des bouteilles d’eau, qui sont très volumineuses, nécessite beaucoup de pétrole. C’est sans compter l’énergie dépensée dans le but de recycler ou d’enfouir les dites bouteilles. Par surcroît, ce plaidoyer en faveur de la proscription des bouteilles de plastique n’en serait pas un s’il ne mentionnait pas la situation scandaleuse des continents de plastique se formant dans les océans. Au Canada, en moyenne, un habitant rejette environ 760 grammes de plastique dans les océans par an. Ces débris proviennent en très grande majorité de bouteilles ou récipients de plastique jetés directement par un individu dans l’eau, d’où la pertinence de bannir les dites bouteilles. Il serait facile de rester dans une inertie absolue et de blâmer les pays asiatiques, mais comme le disait si bien Jean-Paul Sartre : « Agir, c’est modifier la figure du monde ». Nonobstant le fait qu’un Canadien rejette en moyenne 10 fois moins de plastique qu’un Chinois, nous ne sommes pas disculpés pour autant.
Que ce soit une gourde, une carafe, une bouteille réutilisable quelconque, un thermos, des filtreurs à eau pour l’eau du robinet, les alternatives à l’eau embouteillée sont sans nul doute légion. Il faut donc résister à notre tendance naturelle vers la résignation devant les discours insidieux des multinationales qui assertent sans vergogne que les bouteilles de plastique sont quasi-indispensables.
Les municipalités sont les chefs de file du mouvement en train de s’opérer dans le but d’entraîner le déclin des bouteilles étant donné que ce sont elles qui ont comme mandat de fournir une eau de qualité à leur population. C’est donc dire que le bannissement de ces bouteilles ne passera probablement pas par un agissement du gouvernement provincial ou fédéral au Québec, par exemple. La situation est du même ordre dans plusieurs pays. Il n’en tient donc qu’à vous et vos conseils, chers maires, d’agir. Il est de plus, tout à fait légitime de tenter de mettre un frein à l’essor incommensurable de la vente de bouteilles d’eau provenant souvent de compagnies qui pompent l’eau des systèmes financés par la collectivité pour ensuite la revendre à des prix exorbitants. Au sud de Sydney, en Australie, une ville de 2500 habitants du nom de Bundanoon a été la première municipalité au monde à bannir les bouteilles d’eau en plastique. Concord, une ville d’environ 18 000 habitants du Massachussetts a également banni les bouteilles d’eau, preuve que les plus petites municipalités peuvent aussi agir. Ces villes ont ensuite incité plusieurs autres grandes villes à emboiter le pas, ou du moins à se diriger dans cette direction. En effet, des villes comparables à Montréal comme San Francisco aux États-Unis ou Hambourg en Allemagne ont fait un pas dans cette direction en débutant par bannir les bouteilles d’eau en plastique dans les bâtiments de la municipalité. Il serait tout à fait inepte de croire qu’une ville peut être trop petite pour procéder à un changement qui modifie réellement le cours des choses. En effet, une petite ville peut même bénéficier d’une présence beaucoup moins accrue des lobbys comme Coca-Cola ou Nestlé qui parviendront peut-être à faire reculer le maire Coderre.
Votre action peut soit être une artisane de la décadence environnementale, ou une actrice du renversement de situation qui semble être à l’horizon. Il serait facile de laisser le fardeau du changement sur les métropoles ou sur les autres paliers gouvernementaux, mais comme l’a dit Gandhi : « Soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ».[2] Certes, nous pouvons éviter d’offusquer les multinationales et éluder le problème en continuant de se bercer d’illusions et croire que la problématique est futile et frivole. Cependant, nous pouvons ne pas passer outre cette problématique tangible et potentiellement préjudiciable à la pérennité de l’espèce en jouant un rôle prépondérant. J’espère à tout le moins avoir instillé le doute dans votre esprit à l’égard des bouteilles d’eau et de l’impact environnemental qui les accompagne. J’espère également vous avoir insufflé le courage et la force de vous pencher sur ce sujet, d’implorer votre maire de faire de même.
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