Baromètre mondial de l’énergie : la France est-elle bonne élève ?
L'Institut Choiseul et le cabinet d'audit KMPG viennent de publier pour la première fois un baromètre sur la compétitivité énergétique mondiale. La France se situe en 9ème position du classement général mais arrive en tête pour la qualité de son électricité.
Depuis le 26 novembre, date de publication du rapport « Compétitivé énergétique des États : baromètres » de l'Institut Choiseul et de KMPG, les médias titrent : « La France numéro un mondial pour son électricité », « Qualité de l'électricité : la France numéro 1 mondial » ou « Étude : la France produit la meilleure électricité au monde ». Que d'éloge pour la France !
Une nouvelle polémique sur le nucléaire ?
Il est exact que selon ce baromètre, dont l'objectif est de « mesurer la compétitivité et la performance des politiques publiques des États en matière énergétique », la France est (ex-æquo avec la Corée du Sud) numéro 1 mondial au regard de « la qualité de l'électricité, de sa disponibilité et de son accès ». Principale raison de ce succès : l'importance de son parc nucléaire. Encore une polémique sur le nucléaire à l'horizon ? Wilfrid Lauriano do Rego, responsable énergie chez KPMG, commente : « nous avons considéré l'existence et la taille d'un parc nucléaire dans un pays comme un apport positif à la sécurité d'approvisionnement. Le nucléaire n'a pas été envisagé dans cette catégorie du point de vue environnemental ».
Dans un communiqué, l’Observatoire du Nucléaire dénonce « une grossière manipulation en faveur de l'atome ». Sans entrer dans une polémique, pourquoi ne pas s'en tenir à ce fait incontestable : les centrales nucléaires permettent à la France d'assurer un approvisionnement électrique de qualité. L'environnementales est une autre question... d'ailleurs posée par le baromètre : et la France se fait épinglée !
En ce qui concerne l'empreinte environnementale, la France se situe dans la moyenne mondiale. Sa faible intensité énergétique est contrebalancée par de fortes émissions de CO2 par habitant même si inférieures à certains de ses principaux partenaires. De plus, sa dépendance à l'égard des énergies primaires, notamment le pétrole, explique sa faible performance en matière de mix énergétique (93ème position). L'énergie renouvelable la plus développée restant l'hydraulique.
Malgré la qualité de son électricité, la France doit donc faire encore des efforts. Sans doute la transition énergétique annoncée par François Hollande va améliorer la qualité de son mix énergétique et de son impact environnemental.
L'Europe : bonne élève de l'énergie
Que dit ce baromètre de l'énergie en dehors du cas français ? Première constatation, l’Europe est de loin le continent qui affiche les meilleurs résultats. Cinq pays de l'Europe du Nord figure dans le top 10 : la Norvège (1er), l'Islande (3è), le Danemark (4è), la Suède (5è) et la Finlande (9è) tandis que neuf pays de l'Union européenne paradent dans le top 20. La Norvège reste la « référence absolue » même si ses émissions de CO2 par habitant restent élevées.
Pays importants, les États-Unis obtiennent la 11è place, la Russie la 21è, la Chine la 50è, et l'Inde la 99è.
Les pays de Sud et la préservation de l'environnement
Si leurs résultats sont globalement moins bons qu'en Europe, les pays du Sud montrent des signes encourageants. C'est le cas de la Colombie qui se classe en 5è position. Ce résultat découle d’un très bon mix (2ème rang mondial) et d’une stratégie énergétique compatible avec la préservation des grands défis environnementaux. Malgré tout, le pays se situe au 88è rang mondial pour ce qui est de la qualité et de l’accès à l’électricité.
D'autres pays du Sud montrent un bon bilan pour leur mix énergétique : les deux Congo, la Guinée équatoriale, l’Angola, le Gabon, le Venezuela et le Paraguay. Idem pour la préservation des équilibres environnementaux, section dans laquelle trônent des pays d'Amrique latine (Salvador, Guatemala, Costa Rica et Nicaragua) et de l'Afrique (Congo, Kenya, Angola ou encore Botswana) , même s'il faut prendre en compte un plus faible niveau d'industrialisation limitant les effets négatifs sur l'environnement.
Un baromètre annuel sur les tendances énergétiques
Ce baromètre mondial de l'énergie est un premier essai mais a pour vocation de devenir une référence annuelle. Au fil des années, il permettra de voir des tendances énergétiques selon les régions. Il est vrai que de nombreux pays réfléchissent de plus en plus à leur transition énergétique et aux contraintes environnementales.
Pascal Lorot, président de l'Institut Choiseul, commente : « un certain nombre de tendances de fond pourraient faire évoluer ce classement à moyen terme : la renonciation au nucléaire dans certaines parties du monde, le recours au gaz de schiste ou encore le développement des énergies renouvelables vont impacter le positionnement des États les uns par rapport aux autres et engendrer de nouveaux rapports de force ».
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