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Accueil du site > Actualités > Environnement > Brésil, éthanol, canne à sucre et esclavagisme

Brésil, éthanol, canne à sucre et esclavagisme

Aujourd’hui et depuis de nombreuses années, le groupe Total est mis à l’index pour l’emploi supposé ou avéré d’esclaves ou travailleurs forcés en Birmanie.

Oh le méchant groupe international pétrolier que voilà !

Raison de plus pour développer les carburants verts, c’est écologiquement, humanitairement et politiquement correct s’empressent de dire les biens pensants en tout genre.

J’ai une nouvelle pour eux, cela ne change rien au problème, on passe d’esclaves des carburants fossiles aux esclaves des énergies renouvelables

Comprenez-moi bien je ne parle pas d’esclaves consuméristes et dépendants que nous sommes, je parle de vrais esclaves, d’hommes, de femmes et d’enfants qui sont exploités pour assouvir nos besoins de rouleurs impénitents (Quel hypocrite je fais !).

De quoi parle-t-il l’Ostrogoth ?

J’y viens !

Chacun, tout du moins celui qui fait semblant de s’intéresser au sujet en ces temps de baril à 100 dollars ; chacun donc peut suivre ces derniers mois les tribulations commerciales du commis voyageur de l’éthanol brésilien, Lula le président brésilien vantant de par le monde le savoir-faire (indéniable) de l’AgroBusiness brésilien en matière de carburants verts.

En aparté - chacun sa croix ou son commis voyageur, notre ancien et actuel président ont choisi au choix Alstom ou Airbus dans leurs tournées diplomatico-commerciales - fin de l’aparté.

Lula donc, disais-je, vante à coups de grands discours et autres argumentaires commerciaux le développement de l’éthanol brésilien, produit à partir de la canne à sucre.

Seulement voilà, depuis quelques mois, la police brésilienne met au jour des affaires d’esclavagisme ou de travailleurs de la canne à sucre exploités de manière dégradante.

Des esclaves au Brésil, il débloque l’Ostrogoth.

Pas du tout, des esclaves les chaînes en moins peut-être.

Un esclavage "moderne"qui repose principalement sur l’endettement du travailleur vis-à-vis de son employeur.

Au depart un sergent recruteur qui sillonne les pauvres campagnes pour le compte de propriétaires terriens en quête de main-d’oeuvre si possible gratuite et non déclarées pour défricher, déboiser, récolter sur des exploitations de soja, de canne à sucre.

En face des travailleurs agricoles, pauvres, illettrés, vulnérables, chargés de famille nombreuse.

Le miroir aux Alouettes : faire miroiter à ce pauvre bougre, un travail certes éloigné, mais rémunérateur, un logis décent pour lui et sa famille, bref un espoir, une chance de s’extraire de sa pauvreté, du chômage.

Une avance (remboursable sur le salaire à venir et immédiatement dépensée) pour les frais du voyage souvent long et cauchemardesque.

A l’arrivée, toujours le même piège, la même désillusion.

En fait de logement, la belle étoile ou bien des huttes faites de bois et de branchage, pire encore que ce qu’ils ont abandonné au début du voyage.

En fait de subsistance, leur eau et leur nourriture payées à prix d’or et décomptées de leur hypothétique salaire, souvent pire que l’alimentation du bétail.

Imaginez une exploitation de milliers d’hectares où le premier bourg, village et ses commerces se trouvent a 30, 40 voir 100 km en dehors de l’exploitation, aucune possibilité de trouver pitance avec ses seuls pieds comme moyen de transports.

L’employeur se fait pourvoyeur, merveilleux monopole que voilà : employeur, fournisseur et banquier, les trois en un.

Le piège s’est refermé, le pauvre bougre doit plus que ce qu’il dépense, c’est le cercle sans fin de l’endettement.

et cela peut durer des années, les revotés quand il y en a sont purement et simplement éliminés pour l’exemple. C’est cela l’esclavagisme moderne.

Une histoire pour les enfants, une légende urbaine ou rural ?

Détrompez-vous, jugez plutôt : selon la presse brésilienne, hier 21 novembre les autorités ont découverts 820 Indiens travaillant dans des conditions dégradantes sur une exploitation propriété de l’une des plus grosses sociétés brésiliennes de sucre et d’éthanol*. http://oglobo.globo.com/pais/mat/2007/11/21/327249758.asp

En juin dernier c’était plus de 1 000 esclaves que ces mêmes autorités avaient « libérés » dans une propriété de plus de 17 000 hectares. http://www1.fffolha.uol.com.br/folha/brasil/ult96u308917.ssshtml

En 2005, c’était la découverte d’une autre distillerie qui « employait » près de 1 000 esclaves.

Au passage, il faut noter qu’au moins une de ces propriétés avait, comme beaucoup d’autres et encore aujourd’hui, le Groupe Petrobras (le Total Brésilien) comme principal et unique client.

Certaines sources indépendantes des autorités brésiliennes considèrent à plus de 25 000 personnes le nombre de nouveaux esclaves dans l’Agrobusiness au Brésil chaque année.

*Il faut noter que le secteur sucre et éthanol est majoritairement contrôlé par des capitaux étrangers notamment français, cependant a priori il faut signaler et les féliciter qu’aucun des deux groupes français ne semble se livrer à l’esclavagisme (n’est pas Total qui veut).

Il existe une liste de ceux pris la main dans le sac, elle reprend ceux qui ont fait l’objet de condamnation en la matière : http://www.reporterbrasil.com.br/listasuja/resultado.php

Cette courte liste néanmoins déjà trop longue n’est cependant pas le reflet de la triste réalité, en effet le lobby de l’Agrobusiness compte bon nombre d’élus, de propriétaires terriens et industriels qui œuvrent plus ou moins ouvertement à cette minoration de la réalité.

Il faut entendre par là : intimidations et autres menaces de mort, éliminations physiques, corruption, financement occulte ou non des partis politiques. http://www1.folha.uol.com.br/folha/brasil/ult96u69361.sshtml

C’est plus globalement une conséquence des problèmes qui font le Brésil, absence de reforme agraire, mouvement des sans-terre, inégalités sociales, racisme social, transhumance humaine, etc.

En fait une opposition entre survivance d’un côté et accroissement des profits de l’autre, au final l’esclavagisme.

Il est ainsi symptomatique aujourd’hui de constater que les deux secteurs industriels les plus concernés par cette plaie qu’est l’esclavagisme sont ceux qui font ou feront les beaux jours des exportations brésiliennes, la canne à sucre et autres soja et la production de produits carnés et avicoles.

Ainsi la production bovine est en deuxième position dans les cas avérés d’esclavagisme.

Dur, dur le commerce équitable qui fleurit dans les favelas du fait des ONG, françaises, entre autre (rien à voir quoique, un petit peu de provoc ne peut pas faire de mal !).

Ce papier n’est qu’un avant-propos, ce phénomène est trop complexe pour l’aborder en bloc.

Néanmoins ajoutons que cet esclavage moderne ressemble à s’y méprendre à celui des deux siècles précédents, ici même au Brésil, les mêmes finalités, seules les méthodes ont changé.

Je ne suis le porte-parole de personne, ni écolo, ni altermondialiste, je pousse une gueulante c’est tout ! (Certain diront encore un gueulard de Français, eh bien soit).

En réalité, j’en ai ras la casquette de ces Français jeunes ou vieux qui débarquent au Brésil, le nouvel Eldorado sans avoir pris la peine de lire, de s’informer et sur autre chose que Rio, Copacabana, les Brésiliennes, les plages le foot, les restos, les quartiers sympas.

Le brésil n’est pas uniquement le Brésil littoral, de Sao Paulo, Rio, Salvador, Recife, Belem et j’en passe, il y a un autre Brésil celui de l’intérieur à plus de 1 000 km de là, le Mato grosso, Para, Amazonie, mais aussi parfois aux portes de ces mégalopoles 50, 100 km.

Ils sont là les esclaves et leurs maîtres.

Il n’y a pas que le côté pile il y a aussi le côté face.

Au fait pour les filles et les plages, j’ai pas de bon plan à indiquer c’est sans doute pour cela que je m’intéresse aux esclaves.

Comme dirait l’autre, désolé !


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13 réactions à cet article    


  • Z Z 23 novembre 2007 18:23

    « Je ne suis le porte-parole de personne, ni écolo, ni altermondialiste, je pousse une gueulante c’est tout ! »

    Pourtant, en dénonçant ce travers de cette mondialisation, vous vous faites altermondialiste. Pourquoi refuser cet adjectif ? Assumez ! smiley


    • Luc, un Français au Brésil 23 novembre 2007 20:35

      Je ne refuse pas cet adjectif, je refuse que l’on me le colle sur le dos !

      J’ai horreur des boites, des cases, des catégories,

      D’ailleurs bien heureux qui saurait donner une définition un brin cohérente de l’altermondialisme !

      Cela ressemble plus à l’etiquette « divers » que l’on colle sur un dossier lorsque l’on ne sait pas quoi y mettre.

      Un immense fourre-tout incohérent (je sens déjà certains aiguiser leur plume cela va saigner)

       smiley


    • sucre ethique sucre ethique 27 janvier 2008 19:32

      Bonjour,

      Si vous êtes réellement intéressé par ce problème d’esclavage moderne dans la canne, cela tombe bien nous aussi !

      merci alors e nous contacter sur www.sucre-ethique.org On vous y attend sans idéologie aucune.

      Le problème, comme vous le savez certainement et comme nous l’étudions depuis plusieurs années est assez complexe.

      Cordialement

      Olivier


    • Itapetininga 29 janvier 2008 18:04

      @Z C’est une blague j’espere

      L’ONG dite Sucre Ethique compte parmi les membres de son reseau « União da Agroindústria Canavieira de São Paulo »

      Auriez vous l’amabilité d’indiquer au lecteur de Agoravox de quoi il s’agit je suis sûr que certains ne manqueront pas de sourire a cette présence peu commune

      L’auteur


    • sucre ethique sucre ethique 10 février 2008 00:04

      Nous ne travaillons pas pour l’unica, je vous rassure. Il est "etrange" de constater que la mefiance est egalement de la part de ces gens comme de votre part, certainement par meconnaissance de ce que nous faisons.

      Donc pour resumer, nous ne validons pas la politique de L’unica. Je vous rassure....

      WWF ou l’unctad seraient ils soupçonnés egalement par votre démarche transversale  ?

      Cordialement ;

      Olivier


    • Jean-Loup Msika Jean-Loup Msika 23 novembre 2007 21:26

      Cette information est très importante : en fait la pratique de l’esclavage moderne au Brésil, avec gardes qui n’hésitent pas à massacrer les esclaves en fuite, est bien connue. C’est une véritable horreur de voir comment les droits de l’homme sont bafoués en amérique du sud très catholique. Depuis les conquistadors jusqu’à aujourd’hui ! Mais en plus de ça, il faut aussi remarquer que ces fameux carburants verts ou Biofuels, ne sont pas une bonne solution car leur généralisation priverait l’humanité (explosion démographique)de terres arables qui sont nécessaires à son alimentation. C’est une fausse solution, comme aussi la fameuse voiture électrique qui aboutirait à une accumulation de déchets nucléaires ingérables.


      • ZEN ZEN 23 novembre 2007 22:13

        @ L’auteur

        J’ai apprécié votre « coup de gueule » tout à fait pertinent et justifié . Les faits que vous décrivez sont avérés et tout le monde peut en prendre connaissance. Mais l’aveuglement , le déni, l’indifférence entretiennent le scandale...


      • ZEN ZEN 23 novembre 2007 22:16

        En ce qui concerne la fausse bonne idée des agrocarburants , j’abonde dans votre sens :

        http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=30630

        Si vous pouviez rendre vos liens actifs dans un commentaire, ce pourrait être utile.

        Cordialement


      • Lisa SION 2 Lisa SION 24 novembre 2007 14:41

        Bonjour,

        Je m’étais déjà rendu compte à quel point le diésel sentait la merde, mais je n’imaginais pas à quel point il pouvait ainsi respirer la MORT !

        On peut se rendre compte que notre bonheur, notre confort, notre cocon est lourdement assis sur la ruine du pauvre tiers monde, tant nos fêtes sonnent faux et finissent noyées dans l’alcool. Il n’est pas inéluctable de dépendre de ce puissant système puisque nous savons aujourd’hui produire notre courant sur nos toits, pomper notre eau pure par l’éolien et la chauffer par le solaire. On peut même circuler avec ce carburant fruit de la décomposition de nos végétaux confinés en ensilage au fond du jardin.

        Il y a deux ans, le vingt et un Juin, je suis allé à l’Olympia écouter cinq groupes. Deux d’entre eux venaient du Brésil. Le premier, très Bossa, chantait sans coeur, une belle musique très complexe et harmonique, mais sans aucun sentiment. Beau, mais vide. Le second, chantait un peu plus rustique et pleurait pour son pays démoli. Il a même dit quelques mots en français. Il semblait appeler au secours et personne ne s’est rendu compte de rien, tout le monde dansait et s’éclatait égoïstement sur la misère qui dégoulinait de cette complainte émouvante...Même quand tu gueules ou pleures l’inégalité de ce monde en bon français, personne ne comprends la tristesse entre les lignes...

        S’il y a un monde meilleur, c’est sans aucun doute ailleurs !


        • Dark-Vador Dark-Vador 10 décembre 2007 22:14

          Dés que l’on parle du brésil et comme toujours l’amalgame avec tout et cet article reflète bien cet état d’esprit. L’association du travail esclave, des pétroliers, lobby, menace de mort, vous remarquerez d’ailleurs qu’au brésil il n’existe pas d’agriculteurs mais uniquement des propriétaires terriens ( en général des gros ou des Cie étrangères si possible qui exploitent le bas peuple). Il oublie de dire que ramené a la population cela donne en France l’équivalent de 72 esclaves soit 0.000125% c’est encore trop c’est vrai, Mais si je fais le tour des exploitations fruitières du sud de la France, je ne suis pas certain de trouver aussi peu de monde.

          Il oublie quand même de dire que le brésil est une des plus grande démocratie du monde et avant tout un état de droit, qui paye encore aujourd’hui 20 ans de mauvaise gestion militaire et le désastre d’une économie protectionniste et fermée au monde durant des années. Comme partout des bandits et des truands mais de la a tomber dans une caricature aussi triste c’est affligeant.

          Heureusement, comme on dit au brésil, deus é brasileiro !


          • Luc, un Français au Brésil 11 décembre 2007 21:13

            Vous ecrivez "vous remarquerez d’ailleurs qu’au brésil il n’existe pas d’agriculteurs mais uniquement des propriétaires terriens ( en général des gros ou des Cie étrangères si possible qui exploitent le bas peuple)."

            A défaut de connaitre le terrain, on peut se renseigner sur la structure fonciere du brésil, on parle bien de propriétaires terriens d’un coté et d’agriculteurs de l’autre

            « malgré sa superficie qui est la cinquième plus grande de la planète, plus de quatre millions et demi de familles y réclament une terre. Le Brésil est en effet un des pays au monde où la répartition foncière est la plus inégalitaire : 1 % des exploitants, soit cinquante mille personnes, détiennent 45 % de la surface agricole, tandis que 50 % de petits propriétaires, ne disposant que de 2,5 % de la superficie, emploient les deux tiers de la population rurale . Ces disparités reflètent les politiques des gouvernements successifs qui ont favorisé les grandes cultures d’exportation, source de croissance, au détriment de l’agriculture familiale vouée à une consommation interne. Le secteur agricole primaire représente 8 % de son PIB, et les produits issus de l’agro-industrie environ 30 % de ses exportations . Ainsi, l’agriculture a laissé progressivement sa place à l’agro-industrie, provoquant d’importants conflits entre les grands propriétaires entrepreneurs et la population rurale démunie de terres. »

            Vous semblez quelque peu méconnaitre la situation ce n ’est pas moi qui fait l’amalgame entre les esclaves, la canne a sucre, l’ethanol et les petroliers ce n’est d’ailleurs pas un amalagame c’est une succession logique de cause à effet

            Pour vous en convaincre c’est le groupe federal en charge de la lutte contre l’esclavage au Brésil qui reprend ces élements dans un rapport sur la sous traitance dans le domaine de l’exploitation de la Canne http://www.pernambuco.com/ultimas/nota.asp?materia=20071128091750&assunto=104&onde=1

            Je repondrais un autre jour sur démocratie et Etat de droit les deux ne sont pas forcément compatible en tout cas c’est l’opinion de nombreux brésiliens.


          • sucre ethique sucre ethique 27 janvier 2008 19:35

            Merci d’aller visiter www.sucre-ethique.org - parler c’est bie agir c’est mieux


          • Dark-Vador Dark-Vador 11 décembre 2007 22:09

            é verdade, sou culpado de ignorança,pois sou brasileiro je suis coupable d’ignorance car je suis brésilien.

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