Cancu, rien ne va plus
Le problème est qu'en plus de se foutre de notre gueule, les conférenciers ont probablement engagé l'humanité vers le grand renoncement à tous les objectifs antécédents de réduction des émissions de CO2 et l'acceptation colatérale d'une inéluctable augmentation des températures. L'accord se fait donc sur une base minimale qui pourrait se définir ainsi : "Nous sommes tous d'accord pour admettre que nous ne pouvons rien faire."
Cancun ne déçoit pas parceque Cancun ne présageait rien de bon. C'est peut-être ce qu'on pouvait en attendre de mieux. Ne nous voilons pas la face, les 190 pays réunis sur le tapis vert de Cancun planchaient sur la façon de changer nos comportements incontrôlés, notre façon de vivre, or aucun n'a réellement envie de renoncer à la course à l'échalote. Le colloque a permis un échange de vue, blabla, vous savez c'est ce qu'on dit lorsqu'on n'a rien à dire.
Le problème est que si vous regardez par l'autre bout de la lorgnette, vous vous rendez compte que l'on a encore perdu un an, un an d'accumulation incontrôlée de gaz à effets de serre dans l'atmosphère, un an à regarder passer les bancs de fumée noire.
Nathalie Kosciusko Morizet notre représentante est contente, ouh quelle est contente, voici son sentiment : "C'est un bon texte, qui va nous permettre d'aller de l'avant , cela fait trois jours que nous ne dormons pas, pour parvenir à un consensus" Faute de pouvoir dire que le texte adopté est une régression totale, elle nous bacine sur ses conditions d'hébergement et son statut de travailleur de force.
Nathalie était en cela aidée par l'ancien chefaillon du clan des écolos re con verti en diplomate de la plante verte, le bien nommé Brice Lalonde qui a tout du Brice mais rien du Nice. (Cécile Duflot, Reine des verts, consciente du mauvais pas de deux de Cancun n'avait même pas fait le déplacement n'ayant pas trouvé d'hôtel à sa convenance, elle avait préféré rester se geler à Paris plutôt que suivre nos représentants de luxe au Mexique.) Brice Lalonde, celui-là un habitué des tapis en lieux et places des moquettes, qui lançait des pavés il y a trente ans mais qui s'assoit maintenant sur des strapontins, Brice pour les intimes, ce nom ne vous dit plus rien mais c'est quand même lui qui porte notre parole écolo sur l'estrade et qui est payé pour cela. Comme il porte en lui l'étiquette du nucléaire alors qu'il était militant anti-nucléaire avant-hier, on imagine sa crédibilité au plan de la lutte contre le réchauffement, parlez-en aux mineurs d'uranium, les contaminés du Niger.
Vous avez dit consensus ? le mot est laché, il fallait bien que ce grand barnum accouche de quelque chose sans quoi on aurait fini par se demander pourquoi envoyer tant de monde pour une négociation qui n'apporte rien. On a donc fini par se mettre d'accord, non pas sur la poursuite des mesures de Kyoto mais sur la création de "fonds verts". Les fonds verts sont le contraire de ce qu'il faudrait pour améliorer la situation, imaginez : vous habitez sur le bord du périph et vous ne dormez pas la nuit à cause du bruit ? Le fond vert va vous indemniser pour que vous puissiez changer vos fenêtres, la solution n'est pas de ralentir la circulation mais de mettre du double-vitrage. Vos enfants déclenchent des crises d'allergies à cause de la pollution industrielle ? Le fond vert vous rembourse la ventoline pour leur continuer de respirer. Voilà, le fond vert est un ectoplasme qui va permettre aux pays pauvres, les plus exposés au réchauffement climatique, d'atténuer les souffrances.
On nous disait que Cancun ne devait pas ressembler aux meurtrissures de Cophenhage, mais plutôt à la grande illusion de Kyoto, où l'on avait en effet décidé de réduire les émissions de CO2. On a fait pire, on a signé le quitus de la fuite en avant.
En fait, si Kyoto n'avait réussit qu'à prendre des décisions qui n'ont jamais été suivies d'effet, c'est parcequ'il y manquait le volet répressif, on avait tout simplement occulté à Kyoto de se doter des mesures devant contraindre les états à se conformer aux règles de frugalité, inséparables du versant politique. Pas de résultats sans sanctions, c'est le constat de 13 ans d'échecs, je peux toujours vous dire que vais arrêter de fumer au restaurant, si on ne m'oblige pas à le faire, je continue à enfumer mes voisins de table, et moi en même temps.
Donc, incapables de s'auto-réguler, ce qui reviendrait à renoncer à la sacro-sainte Croissance pour tous, les états ont décidé de se doter de fonds, ce qui veut dire mettre dans un pot commun, sans que les moyens de se doter de ce fond ne soit définis. Autant dire qu'il n'y aura pas de pot, car la priorité n'est pas de gaspiller des milliards à vouloir sauver la Terre mais de s'entendre sur la façon de préserver les paradis fiscaux.
Toute la planète s'est entendue sur ce constat d'échec, ce qui revient à une victoire. Toute ? non car un État a refusé la bouffonnerie et de signer l'arrêt de mort de notre atmosphère, la Bolivie de Morales pour qui il semble clair que le processus n'est qu'une plaisanterie respectant le dictât des lobbies industriels. Ces manipulateurs sous la coupe desquels discutaient les pions de Cancun, pour qui il n'est pas de survie ou de domination sans une constante augmentation des flux, des trafics et des chiffres d'affaires, ce qui implique de poursuivre la gabegie économique et la destruction méthodique des milieux naturels.
En attendant un hypothétique Père Noël nous apportant les climatiseurs de l'au-delà, 2010 est l'année la plus chaude depuis que des mesures de températures existent au niveau mondial, bonnes gens dormez tranquille et consommez bien, on s'occupe de votre mort. Et de votre caisse, en bois imputrescible
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