Ces papys « verts » de l’atome...
Alors que le rejet de l’atome constitue un des piliers historiques du mouvement environnementaliste, une petite poignée de papys écolos ou assimilés ont, ces dernières années, déclaré leur flamme à l’atome.
Une déclaration au nom d’une « urgence climatique » à agir, d’une relève renouvelable tardant à s’organiser. Relativement bien médiatisés dans la presse anglo-saxonne, ces « traîtres à la cause » ou « écologistes intelligents », selon les points de vue, sont quasi inconnus de ce côté-ci de l’Atlantique. Dans le monde anglo-saxon, ils ne sont aujourd’hui plus que trois. Mais la relève est prête. Elle se trouve en France.
Cofondateur de Greenpeace à Vancouver en 1971, ce Canadien de 61 ans quitta le navire écologiste en 1986, après en avoir été l’un des cinq directeurs internationaux. En 1976, il décrivait les centrales nucléaires comme « les engins les plus dangereux que l’homme a jamais créés. Leur construction et leur prolifération est la chose la plus irresponsable, et même la plus criminelle, qui a jamais eu lieu sur la planète. » Depuis 2006, contre monnaie sonnante et trébuchante, Moore s’est mis à chanter les louanges de l’atome pour le compte de l’industrie nucléaire étasunienne. Après avoir quitté Greenpeace, et avant d’embrasser la cause de l’atome, il a travaillé comme consultant pour les industries minière, forestière, biotechnologique et du PVC. |
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Père de la théorie Gaïa, selon laquelle la planète serait un organisme vivant autorégulé, ce scientifique britannique de 88 ans prône depuis 2004, une « nucléarisation massive » de la planète pour endiguer le réchauffement climatique. Lovelock ne conçoit notre salut que dans le développement technologique : réflecteurs géants dans l’espace pour repousser une partie du rayonnement solaire, solidification et enfouissement du CO2, création d’aliments synthétiques pour donner à la planète une chance de récupérer, etc. Et si le pire devait néanmoins arriver ? Les survivants pourraient selon lui émigrer vers l’Arctique, devenu doux. Les riches se baladeraient alors dans des yachts propulsés à l’énergie solaire et les pauvres se divertiraient de voyages virtuels...
Cet évêque anglican, qui fut administrateur des Amis de la Terre pendant des années, a fait son coming out nucléaire à 85 ans, six mois avant de décéder en mai 2005. Pour lui comme pour Lovelock, la messe était dite : sans nucléaire point de salut climatique. Et si les gouvernements tardent à embrasser l’atome c’est uniquement à cause des médias et du « lobby environnemental » qui diabolisent l’énergie nucléaire, déclarait-il à la BBC en compagnie du Français Bruno Comby (lire ci-dessous). |
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Créateur de la revue Whole Earth Catalog, figure de la contre-culture et de la vague écologiste US, Brand s’est fait connaître en 1966 en lançant une campagne réclamant à la NASA qu’elle publie ses premières images de la Terre vue de l’espace. Ce futurologue aujourd’hui âgé de 69 ans déclara sa flamme à l’énergie nucléaire (et aux OGM) en 2005, dans un article très commenté de la prestigieuse Technology Review du MIT. Afin d’éviter que les déchets radioactifs des pays nucléarisés ne se retrouvent dans de mauvaises mains, Brand y plaidait notamment pour l’avènement d’un fournisseur mondial de combustible nucléaire qui récupérerait et retraiterait tous les déchets de la planète. Un Big Brother atomique en puissance, donc.
C’est le jeunot et seul francophone de la bande. Inventeur du « stressomètre » et auteur de nombreux ouvrages dont l’un propose au lecteur « les meilleures recettes à base d’insectes », cet ingénieur français de 48 ans préside l’Association des écologistes pour le nucléaire (AEPN) qui revendique 9.000 membres dans le monde – dont James Lovelock. En 1991, Comby publie Nature contre SIDA (un livre qui remet en question la réalité du SIDA) aux éditions Vivez Soleil, dont le directeur d’alors est un certain Maître C.T. Schaller, gourou de la secte Institut de santé globale et auteur d’ouvrages sur l’urinothérapie. Comby fut par ailleurs membre durant six ans de la secte de Montramé (Seine-et-Marne), dont le gourou Guy-Claude Burger a été condamné pour exercice illégal de la médecine et a écopé, en 2001, de 15 ans de prison pour pédophilie. |
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