Chronique Mediterranéenne : Satanées Méduses, satané plastique
Ulysse, roi d’Ithaque est projeté dans notre temps. Il livre ses impressions à Pénélope
Ma chère Pénélope,
Ma mémoire commence à être défaillante car je ne sais pas s’il est question de méduses dans le récit qu’a fait Homère de mes pérégrinations en Méditerranée. Il faudra que je prenne le temps de relire l’Odyssée mais j’ai tellement de choses à découvrir notamment les livres de Fernand Braudel dont j’ai parlé il y a quelques semaines et qui me donnent la nostalgie de nos temps passés. Mais, justement, passons…
Si je te parle de méduses, c’est parce qu’il n’y a pas une seule côte méditerranéenne qui ne soit infestée par ces créatures faites d’eau et de venin même si je me dois de rappeler avec respect que l’une d’elle a été la mère de sang de Pégase, fidèle destrier de Zeus.
Il y a quelques semaines, je me trouvais au nord de Tunis, sur la plage de La Marsa. A peine m’étais-je éloigné du bord pour aller chercher un peu de fraîcheur et de silence au large que des gamins ont commencé à m’interpeller. « Reviens Monsieur ! Reviens Monsieur ! Il y a des méduses, là bas » hurlaient-ils. C’était trop tard. J’allais faire demi-tour quand j’ai ressenti deux piqûres, l’une au bras – car je crawlais – et l’autre à la cuisse. Satanées bestioles ! Elles sont partout et se déplacent par centaines.
C’est la faute de l’Homme, m’explique-t-on. C’est lui qui pollue la Méditerranée et qui la réchauffe ce qui permet aux méduses de proliférer. C’est de sa faute si les prédateurs naturels de la méduse disparaissent à l’image de ces tortues parfois centenaires dont la vie s’interrompt à cause d’un misérable morceau de plastique. Le plastique, en voilà une invention maléfique ! Imagine une étoffe qui ne laisserait passer aucun liquide et que les tortues s’étouffent en l’avalant après l’avoir pris pour une méduse. Tu vois où je veux en venir : ce n’est pas tant la méduse qui pose problème que le plastique. Pourtant, j’entends ici et là, que des plans d’éradication de la méduse sont en train d’être étudiés. Peut-être qu’il n’y en aura plus d’ici quelques années. Je pourrais alors me baigner sans risque d’en croiser. Remarque, je ne croiserai pas non plus de tortues car, les méduses ayant disparu, ces pauvres animaux trouveront toujours du plastique en mer…
Ulysse, roi d’Ithaque
d’autres chroniques méditerranéennes sur : www.ipemed.coop
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