C'est reparti pour un tour. La 17ème Conférence de l'ONU (COP17) sur le climat s'ouvre ce lundi 28 novembre à Durban, en Afrique du Sud.
Après le
flop de Copenhague finalement
entériné à Cancun, la conférence de Durban risque d'enterrer Kyoto, seul instrument légal et contraignant existant.
Comme l'analyse Pablo Solon, ancien négociateur en chef sur le climat et ambassadeur aux Nations-Unies pour la Bolivie, le plus vraisemblable est que le protocole soit conservé pour ne pas trop braquer les «
opinions publiques » mais qu'il soit en même temps complètement vidé de sa substance,
ie sans nouvelle période d'engagements de réductions d'émissions de gaz à effets de serre. Alors que le première période d'engagements n'était pas bien féroce, les Etats, en premier lieu les Etats du Nord, refusent de prendre des engagements à la hauteur des enjeux.
Pire, ils proposent de tout repousser à 2020. C'est le
Guardian qui a révélé l'affaire le 20 novembre. Il annonçait que «
les pays riches abandonnaient toute idée d'un nouveau traité avant 2020 ». Les négociateurs de ces pays admettent aujourd'hui en privé qu'aucun accord mondial sur le climat ne pourra être obtenu avant 2016, et que dans ce cas, il n'entrerait pas en vigueur avant 2020. Selon le Guardian, «
l'Union européenne, le Japon, les Etats-Unis et les autres pays riches sont désormais tous unis pour repousser un nouvel accord ». Connie Hedegaard, commissaire européenne du climat a ainsi affirmé que la feuille de route de l'Union Européenne prévoyait qu'un accord puisse être établi en décembre2016 et qu'il devienne effectif en 2020.
Ces annonces ont fait sortir de leurs gonds un certain nombre de négociateurs de pays du Sud. L'alliance des petits Etats insulaires considèrent que cette proposition est «
imprudente et irresponsable ». D'une manière générale, les pays du G77 + Chine s'agacent de ces annonces et refusent que «
Durban devienne la tombe du protocole de Kyoto ». L'exaspération grimpe. Au point que l'ancien
président Costaricain Jose Maria Figueres, qui n'est autre que le frère de Christiana Figueres, actuelle secrétaire exécutive des négociations climat, propose «
d'occuper Durban ». Il annonce même que cela pourrait se matérialiser par «
un sit-in des délégations des pays les plus touchés par les dérèglements climatiques ». Un blocage des négociations qui seraient du jamais vu depuis le boycott des négociations par les pays africains pendant une journée en octobre 2009 à Barcelone.
Des menaces qui font écho à l'appel lancé par des activistes pour la justice climatique qui ont donné rendez-vous à l'heure de l'ouverture de la COP pour un
Occupycop17 à l'extérieur de la conférence ! Sur le thème de la «
justice climatique », et «
dans l'esprit de toutes les assemblées tenues dans le monde entier », il s'agira «
de discuter sur la façon de réagir au niveau international face aux dérèglements climatiques ». A l'intérieur des négociations, «
les besoins des 99 % n'ont pas été entendus ». «
Les entreprises privées occupent nos places » et «
des gouvernements corrompus par l'influence des entreprises prétendent nous représenter ». Rejetant «
les structures qui ont permis que les famines, inondations, ouragans et massacres s'accroissent sans relâche », sont appelés à participer tous ceux qui veulent que «
l'actuel mode de vie des 1% de la population mondiale ne crée plus d'injustice sur le futur des 99 % ».
Pas très étonnant que les velléités subversives se fassent plus présentes dans ou autour de ces instances généralement policées que sont les conférences de l'ONU. En effet, un nouveau record d'émissions de gaz à effets de serre est battu quasiment chaque année :
+ 6 % en 2010. Les niveaux d'émissions sont aujourd'hui plus hauts que le pire des scénarios publiés par les scientifiques il y a à peine 4 ans. Nous allons vers 3 à 4°C de réchauffement climatique global et la consommation d'énergie carbonée s'accroît. Les conséquences à travers le monde sont désastreuses (voir le dernier
document du GIEC) : sécheresses en Australie et en Afrique, inondations au Pakistan et en Indonésie, feux de forêts en Russie, montée des eaux qui menacent les îles du Pacifique, changement des saisons des pluies dans les Andes ou en Asie du Sud-Est, etc.
Par ailleurs, si les COP ne permettent pas de lutter efficacement contre les dérèglements climatiques, elles sont devenues de véritables foires aux propositions inadaptées, injustes et dangereuses. Elles ont d'abord suscité les marchés et la compensation carbone qui permettent surtout aux pays du Nord d'éviter de réduire leurs émissions domestiques tout en étant un formidable effet d'aubaine pour les entreprises du Nord. Aujourd'hui, les négociations climat prévoient d'étendre ces mécanismes aux forêts, à l'usage des sols et à l'activité agricole. Si l'on y rajoute la
géo-ingénierie, il n'est pas aberrant de se demander si les COP ne sont pas malheureusement devenues des
Conférences de Pollueurs.
OccupyCop17 pour tout changer ?
Pour aller plus loin, quelques liens :