Collections d’insectes morts vendues à un euro : pillage ?
Sous couvert de diffuser de l’information pour faire mieux connaître
les insectes, les Éditions RBA-Fabbri se permettent de sacrifier la vie de plusieurs
centaines d’insectes du monde entier qui furent un jour bien vivants, et dans leur milieu naturel. Cette nouvelle collection se compose en
effet d’un petit fascicule sur un insecte, et surtout dudit insecte
mort et présenté dans un petit écrin de résine transparente pour bien
observer sa dépouille reluisante. Le premier numéro, accompagné du
cadavre d’un scorpion doré, était "offert" contre un simple euro. Cette
opération de marketing démontre, une fois de plus, la prédominance du "tout se vend", et surtout la nature. Toujours en donner plus au
consommateur et ceci à moindre frais. "Insectes véritables", nous
affirme-t-on comme un slogan farouche délivrant une prétendue part de
rêve et de voyage pour mieux "ingurgiter" le petit explicatif de
l’animal sacrifié reste dans la logique du "tout est bon pour se
démarquer". Banaliser le pillage de la nature pour que chacun puisse en
posséder capricieusement un bout qui finira aux oubliettes après avoir
trop pris la poussière, voilà le sacro-saint enjeu économique qui
justifie toutes les dérives.
Comme pour nous faire don d’une transparence respectueuse de l’environnement, RBA Fabbri annonce que les insectes vendus ne sont pas menacés d’extinction. Espérons donc que l’euphorie populaire ne s’emballe pas pour ce "produit" qui, au demeurant, devrait avoir été déclaré "impropre au respect de la vie". Toujours abrutir le consommateur peu zélé à la culture par de l’ersatz condensé de savoir destiné à lui procurer un pseudo-enrichissement intellectuel est un créneau qui rapporte dans notre société. Pour beaucoup d’entre nous, l’intérêt porté à la nature ne se manifeste que lorsqu’il s’agit d’en prélever un morceau pour se l’octroyer et en devenir le possesseur, le maître. Comme dans le reste du règne animal, le comportement paradoxal de l’humain montre des manquements dans sa réflexion, lorsqu’il en use. En représentation du reflet de son image, l’animal est présent partout dans nos maisons : sur des posters épinglés sur nos murs ou encadrés, dans des livres ornés de photos couchées sur papier glacé, dans nos films et jeux vidéos, en synthétique lorsqu’il s’agit de peluches... mais l’animal vivant, fait de chair et de sang, lui, "dérange". Mort, il apparaît bien plus captivant, puisque dominé.
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