Contamination radioactive au Tibet : le militant écologiste Sun Xiaodi à nouveau mis en détention
En août 2005, Human Rights in China (HRIC) révélait l’arrestation de Sun Xiaodi (cf. Article Agoravox), ancien employé de la mine d’uranium du Gansu, alors qu’il allait dénoncer à Pékin de graves empoisonnements nucléaires. Solidaire de HRIC, France-Tibet demandait aux autorités chinoises de libérer Sun Xiaodi et de remédier aux risques sanitaires graves à proximité de la mine. A l’occasion de la visite en France du Premier ministre chinois Wen Jiabao, en décembre 2005, le réseau Sortir du nucléaire avait écrit au président Jacques Chirac, ainsi qu’aux PDG d’Areva et d’EDF, pour demander la libération du militant écologiste chinois. HRIC nous informe que Sun Xiaodi vient d’être à nouveau arrêté. Il avait été libéré de prison le 27 décembre 2005, mais était resté en résidence surveillée jusqu’en mars 2006. Le réseau Sortir du nucléaire et France-Tibet réitèrent leur demande pour obtenir et la libération de Sun Xiaodi, et des mesures pour remédier aux risques environnementaux liés à la continuation de l’exploitation nucléaire dans des conditions dangereuses.
L’ONG de défense des Droits de l’Homme en Chine HRIC a appris que Sun Xiaodi, détenu l’année dernière pendant 8 mois pour avoir tenté d’adresser une pétition au gouvernement central concernant la contamination à l’uranium dans la province du Gansu (au Tibet), est de nouveau détenu pour avoir adressé une pétition à Pékin concernant le même problème.
Sun Xiaodi, un ancien employé de la mine d’uranium n° 792 du Gansu, a été enlevé à Pékin le 28 avril 2005 après avoir été interviewé par un journaliste de l’AFP sur ses allégations de graves contaminations de l’environnement par la mine.
Sun avait interpelé les autorités pendant plus de 10 ans au sujet de la mine. Cette mine a été officiellement fermée en 2002, mais l’administration locale aurait continué à exploiter le minerai radioactif à des fins de profits personnels. Pendant 8 mois, on n’a pas su où se trouvait Sun, jusqu’à ce qu’il soit soudainement libéré de la prison de Lanzhou, le 27 décembre 2005. Il est resté en résidence surveillée jusqu’au 12 mars, date à laquelle on lui a notifié qu’il serait totalement libéré le 20 mars. L’avis précisait qu’après sa libération, Sun ne devrait pas quitter son village, dans le comté de Diebu.
HRIC a été informé par des sources chinoises que, alors qu’il était toujours en résidence surveillée, Sun et ses anciens collègues avaient appris que du minerai continuait d’être extrait de la mine d’uranium n° 792 et vendu à l’étranger sur le marché noir, générant un profit énorme, alors que la contamination de l’environnement se poursuivait. Après avoir été libéré de sa résidence surveillée, Sun est parti pour Pékin le 29 mars, dans l’intention de remettre de nouveau une pétition au gouvernement central.
Selon certaines sources, après son arrivée à Pékin le 30 mars, Sun a remis sa pétition, puis il s’est rendu à Shenyang, dans la province de Liaoning, le 1er avril, pour rendre visite à Liu Hua, l’ancienne chef du village de Zhangliangbao qui venait d’être relâchée après plus d’un mois de détention pour avoir pétitionné le gouvernement central au sujet de la corruption dans son village. Le mari de Liu, Yue Yongjin, ancien président du village, était toujours en détention, et le 4 avril, Sun Xiaodi est allé lui rendre visite au centre de détention du district de Sujiatun. Sun aurait trouvé Yue Yongjin émacié, forcé de travailler plus de 10 heures par jour à fabriquer des fleurs artificielles destinées à l’exportation vers la Corée du Sud, moyennant l’allocation quotidienne en nourriture de seulement trois pains de farine vapeur, et l’autorisation de se rendre aux toilettes seulement 2 fois par jour.
Ce même jour, Sun Xiaodi a participé à une manifestation dans le village de Zhangliangbao réclamant la libération de Yue Yongjin. Le 6 avril, la police pour la sécurité publique du centre local de détention a placé Sun en garde à vue, et on n’a pas eu de nouvelles de lui depuis cette date. Des sources indiquent que la police pour la sécurité publique a visité à plusieurs reprises la maison de Sun dans le comté de Diebu après qu’il fut parti pour Pékin, et il est possible que sa détention la plus récente soit liée à sa violation des conditions applicables à la fin de sa résidence surveillée.
HRIC condamne la nouvelle détention de Sun Xiaodi après son enlèvement et sa disparition pendant 8 mois, en violation du droit chinois et international. C’est la deuxième fois que les autorités exercent des représailles contre les efforts inlassables de Sun de voir s’appliquer la justice pour sa communauté en faisant des pétitions, ce qui est tout à fait légal pour un citoyen chinois. Bien que Sun ait prétendument violé les conditions applicables à la fin de sa résidence surveillée, il n’est inculpé d’aucun délit, la privation de sa liberté de déplacement est donc illégale. HRIC demande sa libération immédiate et inconditionnelle.
HRIC est également préoccupé au sujet des révélations selon lesquelles Yue Yongjin serait forcé de travailler en prison en étant privé d’une alimentation adéquate et des normes minimales pour le traitement des prisonniers, comme l’exige le droit international. Yue n’a été reconnu coupable d’aucun délit, son travail forcé est de toute évidence illégal au regard du droit chinois et du droit international.
HRIC fait appel aux autorités afin qu’elles enquêtent au sujet des allégations de travail forcé illégal au centre de détention de Sujiatun et qu’elles s’assurent que les mauvais traitements dont Yue fait l’objet soient arrêtés immédiatement.
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* HRIC (Human Rights in China) est une organisation non gouvernementale internationale de surveillance et de soutien basée à New York et à Hong Kong. Fondé en mars 1989 par des scientifiques et des intellectuels chinois, il effectue des recherches, de l’éducation et des programmes afin de promouvoir les Droits de l’Homme reconnus universellement et de faire avancer la protection institutionnelle de ces droits dans la République populaire de Chine.
* Réseau Sortir du nucléaire
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