Contre le nucléaire et ceux qui en ont besoin
Le nucléaire, c’est le capital
Sur la voie du nucléaire, le capital s’est fourni une source d’énergie infinie pour permettre une croissance également infinie du développement économique. Il est prêt à tout pour produire davantage de marchandises, pour accroître le profit au maximum. Ainsi, main dans la main avec l’État, vu que l’État est la seule entreprise capable d’investir tant d’argent sur une longue durée, la seule entreprise sûre d’exister assez longtemps pour assurer ses investissements, le nucléaire a été imposé il y a 40 ans, en dépit de la résistance féroce d’une partie de la population. Les installations sont loin d’être sûres et les 7 réacteurs à but commercial que compte la Belgique sont vieux, tous construits entre 1969 et 1978. Et pourtant, la Belgique veut prolonger leur durée de vie, car l’exploitation des centrales nucléaires qui sont amorties depuis des années est un business de pur profit. Electrabel s’en met plein les poches, alors que la liste des personnes à qui l’on coupe l’électricité et qui reçoivent la visite des huissiers – ces voleurs en uniforme – ne cesse de s’accroître.
Le nucléaire, c’est la technologie
Le nucléaire, ce n’est pas seulement les centrales, ce sont aussi les laboratoires nucléaires (comme à Fleurus), le centre d’étude à Mol, où 4 réacteurs de recherche sont stockés. On y expérimente avec les réacteurs 4ième génération, présentés comme étant plus sûrs, plus verts, le futur du nucléaire. Mais les recherches sur le nucléaire se font aussi à beaucoup d’autres endroits, comme à l’institut des sciences nucléaires à Gand où le réacteur de recherche construit en 1967 rentrera en phase de démantèlement en 2012. Vu qu’on ne peut pas se débarasser d’un réacteur une fois construit, on se bouffera pour l’occasion une bonne dose de merde irradiée, dans l’air, dans le sol, dans l’eau. L’université ainsi que la haute école du Limbourg font des expériences avec la technologie nucléaire ; tandis que l’université de Louvain fait des recherches dans le nucléaire médical. Le suprême argument pro-nuk : nous avons besoin du nucléaire pour soigner les maladies. Comble de cynisme, car ce sont les mêmes cancers provoqués par les nuisances nucléaires. Ce n’est pas un hasard si les universités prennent le devant dans la recherche nucléaire et d’autres technologies, car c’est là que les pouvoirs de demain se construisent.
Le nucléaire, c’est la colonisation moderne
Un des autres arguments pro-nuk qui revient souvent, c’est le fait qu’il permet aux grandes nations d’assurer une indépendance énergétique, c’est-à-dire sans devoir importer son électricité. L’argument est faux, car le combustible d’un réacteur nucléaire c’est en partie de l’uranium, et l’uranium se trouve surtout dans les mines au Niger et au Congo. Ce sont des entrepreneurs belgo-congolais qui exploitent les mines là-bas. Ce n’est pas un hasard si la Belgique est un pays fort nucléarisé, les rapports marchands avec son ancienne colonie ont certainement aidé. L’uranium devient de plus en plus rare, l’extraction de plus en plus dangereuse. Des régions entières se mangent une bonne dose d’irradiation, et les mineurs ne bénéficient même pas d’une pseudo-protection. Le nucléaire implique aussi une colonisation des terres d’ici, une colonisation des régions où il impose ses centrales, installe son petit monde pro-nucléaire – ses travailleurs, ses chercheurs – arrose les villages alentours de thunes pour toutes sortes de développements urbains et autres merdes.
Le nucléaire, c’est la militarisation
Le nucléaire et la militarisation vont main dans la main, l’un ne peut simplement pas exister sans l’autre. Les installations nécessitent une organisation et une structure militaire, un État, une centralisation du pouvoir. Le nucléaire est venu au monde pour faire la guerre, par le biais des bombes atomiques, et la Belgique détient 20 armes nucléaires sur la base de l’armée américaine à Kleine Brogel – ce que l’État a tû pendant des années. Mais le nucléaire militaire ne s’arrête certainement pas là. Les États nucléaires insistent lourdement sur la distinction entre le nucléaire militaire et le nucléaire civil, alors que cette distinction ne tient pas la route. C’est évident que les recherches et les technologies développées pour l’un servent bien pour l’autre. C’est la technologie nucléaire et l’uranium appauvri (déchets nucléaires) qui sont utilisés dans les guerres soi-disant humanitaires d’aujourd’hui, dans les obus, les missiles, les hélicoptères. Quand l’armée arrive, c’est donc l’irradiation qui l’accompagne. Pour l’État, il s’agit de gérer les populations, de manière que seule une militarisation peut assurer. Il s’agit d’habituer les populations à l’armée, la rendre socialement acceptable et nécessaire.
Le nucléaire, c’est la démocratie
Ce sont les démocrates qui nous imposent tout ça et par le leurre qu’est la démocratie, on délègue à d’autres la prise sur nos vies, l’environnement. La démocratie, c’est nous laisser totalement dépendre d’eux, les soi-disant spécialistes, pour prendre les décisions et en gérer les conséquences. C’est légitimer le pouvoir des dominants. Toute la clique politique y participe, vert, rouge, bleu ou brun, ne nous faisons pas d’illusions sur ce point. En France, dans les années 80, l’illusion que la gauche allait arrêter le nucléaire a étouffé les révoltes contre celui-ci. Aujourd’hui, la France est un des pays les plus nucléarisés au monde. Car à gauche comme à droite, c’est la foi dans le progrès sacralisé qui domine, les morts et les irradiés ne sont alors pas plus que des dégâts collatéraux. Nous ne sommes pas dupes. Penser que voter, pour quelque couleur que ce soit, changerait quoi que ce soit de fondamental au chemin pour conquérir notre liberté est l’arnaque du siècle.
S’accommoder au nucléaire
Les nuisances liées au nucléaire et les déchets radioactifs ne viennent que s’ajouter à toutes les autres nuisances que nous subissons tous les jours. La radioactivité est déjà présente dans une bonne partie des outils et des appareils que nous utilisons. Le taux de cancer a augmenté de plus de 50% les 20 dernières années – mais qui saurait encore dire à quoi c’est dû ? La résignation humaine dans tous les domaines de la vie est une des plus grandes forces que l’État et le Capital ont à leur disposition. Le pas de la résignation à l’acceptation, parfois active, n’est pas grand. En ce sens, les industries nucléaires vont investir dans une soi-disant transparence par rapport au public, afin de nous faire penser que tout ça c’est pour notre bien, qu’il n’y a pas de danger et que, de toute façon, c’est eux qui gèrent tout. Les installations d’énergies renouvelables se vendent comme des petits pains. Le green est à la mode, un nouveau marché s’est ouvert, le capitalisme a aussi besoin de nouveaux horizons. Promouvoir une énergie verte (ni nucléaire, ni pétrolière) qui serait plus sûre et moins nuisible, sans changer les rapports de domination et ce monde de marchandise, n’est qu’une vaste escroquerie. Le capitalisme vert produit son énergie verte…
Comme un vieux son de cloche…
Prenons l’exemple des éoliennes industrielles. Ce ne sont certainement pas que les gens soucieux de pollutions visuelles ou sonores qui viennent s’opposer à elles. Ce sont les entreprises nucléaires qui les possèdent et les exploitent, et voilà la vielle histoire de l’exploitation des humains et de la nature qui refait surface. En effet, les matériaux qui constituent une éolienne industrielle se composent de certains métaux, appelés « terre rares », les mêmes qu’on retrouve dans les voitures électriques et hybrides. On les trouve surtout en Chine. Et comme par hasard, l’extraction de ces métaux n’a rien à envier à l’extraction de l’uranium en Afrique. Ce sont des travailleurs non-protégés, sous-payés qui travaillent dans ces environements très acides, chimiques et corrosifs. Quant aux éoliennes installées en pleine mer, elles déstabilisent la flore et détruisent des parties de sols marins. En plus des fuites quotidiennes de pétrole, la pêche industrielle et les déversements de substances chimiques dans l’eau, toute la vie aquatique se prend aussi les nuisances liées aux éoliennes.
De la merde dans un bas de soie…
AGORIA, "No future without technology", la fédération de l’industrie technologique et promoteur historique du nucléaire, est également soucieux de "populariser" les recherches technologiques. Pour promouvoir cela, elle accorde annuellement un "prix d’Agoria", pour les mémoires d’étudiants qui lui fournissent le plus d’innovation, et bien évidemment un grand nombre de projets concerne le domaine des énergies renouvelables. L’année passée, c’est un étudiant anversois qui a gagné le lot : il a soigneusement recherché comment lier les nanotechnologies pour optimaliser le rendement des panneaux solaires. Mais il n’est pas le seul, pas mal de chercheurs se penchent déjà sur la question. Des particules nano pourront ainsi améliorer l’efficacité des capteurs solaires thermiques. La nanoscience et les nanotechnologies, quoique jeunes encore, promettent un futur brillant, entre autre grâce à son promoteur belge Solvay. C’est la science de la manipulation des matières et structures, aux niveaux des atomes et des molécules. En d’autres mots, comment transformer des objets, leur couleur, leur capacité, pour davantage de rendement, pour reconquérir le monopole sur certaines marchandises, pour ouvrir de nouveaux marchés. Où cette voie va-t-elle nous mener, personne ne saurait dire, ce qui est clair c’est qu’elle doit être vendue au grand public.
Cela ne s’arrête pas là, une très grande partie de l’énergie renouvelable en Belgique est générée par les incinérateurs très polluants, car émettant toutes sortes de gaz acides, métaux lourds, oxydes de carbones, soit tout ce qui empoisonne l’air encore un peu plus. Et ce n’est certainement pas l’utilisation des matières organiques (biomasse) qui viendront changer la donne.
Sortir du nucléaire, c'est d'abord sortir du système actuel
C’est aussi bien le nucléaire que ses fausses alternatives qui se vendent au prix de la même rationalité économique et écologique. Ils ont besoin de cette électricité pour faire fonctionner leurs entreprises, pour que leurs TGV puissent speeder sur leurs voies ferrée qui détruisent tout sur leur passage au nom de la marchandise, pour flanquer des antennes de téléphones portables tous les x kilomètres, avec lesquelles ils peuvent nous traquer partout où nous emportons ce machin comme des gps personnels, pour que tout le monde puisse se brancher sur leurs ordinateurs, pour que leurs mobibs fassent bip et leurs portiques ferment devant nous, pour que tout le monde achète leurs micro-ondes pour y réchauffer leurs plats préparés (au modèle de leurs vies déjà consommées), pour que leurs nouvelles technologies ne doivent pas céder d’un pouce, pour que fonctionnent leurs caméras de surveillance « intelligentes » à de nombreux coins de rue, pour alimenter des dispositifs de contrôle, pour que ce monde continue de marcher comme il ne marche pas, pour maintenir en vie ce monde de morts.
Les premiers pas vers notre liberté rencontreront tous ces obstacles sur le chemin. Pour vivre et ne pas vivre à genoux, il faut commencer par vouloir changer soi-même dans cette société, car il est impensable de sortir de ce nucléaire-là tout en restant dans la société qui le produit.
Que le moins mauvais des mondes où l’on nous enferme ne permette de choisir qu’entre charbon, nucléaire ou éoliennes industrielles, montre bien dans quelle impasse nous sommes, et à quoi cette écologie nous intime de renoncer (c’est-à-dire changer ce monde), et ce à quoi elle nous condamne : à vivre sans cesse en choisissant entre le pire et le moindre mal, entre Charybde et Scylla. L’idée même de développement durable, si chère à une bonne part du mouvement écologiste, n’a eu de cesse que de nous faire gober que le capitalisme méritait d’être sauvé. Pourtant, la société dans laquelle le nucléaire s’est développé, c’est une société engagée dans la fuite en avant technologique, consistant à produire et consommer toujours plus. Et pour ce faire, piller, exploiter, détruire, irradier, maintenir des dictatures et des armes de destruction massive ou stratégique, contrôler et fliquer. Le nucléaire est au cœur même de ce délire boulimique.
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