COP 21 Chronique n°6 chaises et ZAC

Ici on se prépare pour le rendez-vous sous la tour Eiffel à 14h Samedi. Bien obligé de faire le constat, la COP c’est deux mondes. Il y a le monde du pouvoir en place qui s’exprime principalement au Bourget, au Grand Palais et dans tous les médias les plus établis (enfin avant les élections) et il y a le monde d’un pouvoir en émergence qui a traditionnellement la rue pour s’exprimer, mais qui dans les circonstances d’état d’urgence, n’a que les trottoirs, comme le 29 novembre, le Village Mondial des Alternatives, la Zone d’Action Climat (ZAC), les réseaux sociaux et quelques médias confidentiels. Et même si c’est trop dommage, peu nombreux sont ceux qui vivent les deux mondes, passant de l’un à l’autre et faisant des pauses parfois au bord du déséquilibre entre les deux, mais c’est possible et c’est utile. Parce que s’il y a deux mondes à la COP, notre société elle n’en fait qu’un et nous devons dialoguer, faire ensemble, nous entendre.
Nos rêves indexés sur le prix de l’essence
Dimanche 6 décembre, c’était le jour d’apothéose pour une action courageuse et risquée qui a démarré au Pays basque chez HSBC et s’est poursuivi dans un tas de villes et d’agences bancaires. Ainsi, ce sont 196 chaises prises symboliquement dans des banques qui utilisent les paradis fiscaux et de ce fait favorisent l’évasion fiscale qui se chiffre, c’est à peine pensable, à plus de vingt mille milliards de dollars. Les citoyens utilisant la désobéissance civile chère à Henry David Thoreau (inspirateur de Gandhi, quand même !) prennent ces chaises, disant qu’elles appartiennent au peuple, puisque payées par de l’argent qui normalement aurait dû être versé au fisc. Les chaises ont été stockées en sécurité chez certains intellectuels emblématiques pour ceux qui veulent un monde meilleur, comme Edgar Morin ou Patrick Viveret qui, Place Jean-Jaurès à Montreuil, a lu l’appel a internationaliser le mouvement. Ouverte par la danse et fermée par le rap « c’est une évidence, nos vies n’ont plus aucun sens depuis que nos rêves sont indexés sur le prix de l’essence », la séquence s’est déroulée dans une très bonne ambiance.
Premier pas vers la démocratie
Au VMA les stands sont très nombreux et variés. Rencontre forte, inoubliable avec Jean-Marie Desdions paysan du Loiret, malade des traitements chimiques infligés à la terre. De nombreux paysans comme lui sont regroupés dans l’association Phyto-victimes et attaquent Monsanto en justice. Qu’on se le dise dans le monde des éducateurs à l’environnement de la région Centre, il est prêt à intervenir auprès des lycéens pour avec eux discuter. Le ministère y sera forcément favorable… une évidence. Le stand du Réseau Ecole et Nature et GRAINE Ile de France n’a pas été fait pour rien, il a accueilli beaucoup de monde ; nombreux sont nos concitoyens dans le désir d’une école ouverte sur le monde, mettant les enfants au contact de la nature et dans l’exercice de pratiques démocratiques. S’exprimer oralement dans un groupe, c’est d’abord ça la démocratie. Parler en groupe, c’est pour une personne, le premier le premier pas vers la démocratie, celui qui peut conduire à l’urne. A méditer quand plus de 63 % des jeunes 18-35 ans se sont abstenus ce dimanche d’élections régionales.
Bien le 104
Lundi 7 c’était le début du programme de la ZAC. Avec pour l’éducation à l’environnement un atelier participatif sur le thème : « Quelle éducation face au défi climatique ? ». On a été tout de suite dans l’expression de chacun et la discussion en petits groupes. Nous étions 21 participants venant du Canada, d’Italie, du Mali… dans le centre social 19, pas loin du 104. Nous avons travaillé en même temps en anglais et en français, ce n’est pas un problème. J’ai eu, après le débat le temps, de me faire une opinion positive de ce qui se passait au 104 ; quel bel espace. Couleurs, diversité, bonne humeur, on se sent bien au 104 ; le temps d’une interview sur l’EEDD avec radio Campus.
10 000 scolaires annulés !
Autre ambiance au Grand Palais, faire la queue dans le froid, être fouillé au corps à deux reprises, trouver des travées assez clairsemées et une ambiance de foire expo où il est très difficile de tenir une réunion parce qu’un bruit de fond permanent nous empêche de nous entendre… J’ai appris de la bouche de Gilles Bérault, président du Comité 21, que 10 000 scolaires s’étaient inscrits en 3 jours dès l’ouverture des réservations et que tout a été annulé pour cause d’interdiction de sorties scolaires. Mauvaise décision, comme pour l’interdiction de la marche du 29 novembre, très mauvaise décision. Nos dirigeants politiques prônent la mobilisation citoyenne depuis des mois avant la COP et maintenant ils l’empêchent ; bravo les gars on adore !
C’est une évidence, le ministère va vous aider.
La petite respiration du début de semaine aura été de voir « Demain » le film qui fait du bien et qui j’espère va tourner. Là aussi, je lance un appel à tous les éducateurs, enseignants, animateurs de France et d’ailleurs, emmenez les élèves au ciné, organisez des projections où vous pouvez, les 10 000 animateurs nature environnement du pays, et plein de colibris vous aideront. Réussite assurée. Après le discours de Najat Vallaud-Belkacem du 4 décembre, c’est une évidence le ministère va vous aider.
Un film pour les enfants, un film pour la nature
Le 8 décembre, le Réseau Ecole et Nature organisait dans le cadre de la ZAC, une projection du film le lien, au 104. Frédéric Plénard, auteur du film, était là. Le film est superbe. Enfants de cités projetés pour dix jours dans les Pyrénées, c’est de toute beauté. On voit les enfants se transformer. Au bout de quelques jours ils n’ont plus qu’un mot à la bouche et ce mot c’est « paisible ». Ca leur fait un bien fou. Mais qu’est-ce qu’on attend ? Qu’est-ce qu’on attend ?! La nature nous aide à devenir humains. Sur quoi devrions-nous investir aujourd’hui si ce n’est pas là-dessus ? Merci à Fête le mur et Education environnement 64.
Une salle de 300 places…vertige !
Aujourd’hui, on a un travail collectif programmé par le CFEEDD dans le cadre de la ZAC autour de la question « Comment développer ensemble l’EEDD ? Les quatrièmes assises » ; salle de 300 places à la Bourse du travail… Comment ça va se passer ? Suspense !
A suivre
Roland Gérard co-directeur du Réseau Ecole et Nature.
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