COP 21 chronique n°7 mobilisation

Il s’est passé quelque chose, le ton a changé. On a appris ce soir au 104 de la bouche de Geneviève Azam d’ATTAC que la négociation va se poursuivre samedi, alors que la clôture était prévue vendredi soir. Il semble clair pour tout le monde que l’accord sera décevant, voire très décevant. Du coup il y a une sorte de réponse qui est en train de se faire jour. Cette réponse c’est un désir fort de mobilisation.
Rendez-vous à Berlin 14 et 15 février
Ce désir s’est traduit concrètement lors de l’AG du 10 décembre au 104 à 18h. Nous étions 3 000 participants assis devant la scène ou debout sur les côtés. Impressionnant ! La scène, parlons-en de cette scène ! Dessus, des fauteuils qui ne me sont pas inconnus. Facile de les reconnaitre, ils étaient à Montreuil dimanche, ce sont ceux qui ont été réquisitionnés dans les banques ces derniers mois. Beaucoup de cohérence dans tout ça. Avant 19h les intervenants se sont succédés à un bon rythme. J’ai retenu qu’un rendez-vous était déjà fixé pour les 14 et 15 février à Berlin pour continuer le processus de mobilisation mondiale de la société civile pour le climat.
L’intelligence, c’est non-violence.
Plus proche de nous, avec l’interdiction de la manif, nos amis ont été très créatifs. Samedi 12 décembre, entre 9h30 et 11h30, deux actions vont se dérouler. La première dès 9h30 sera basée sur la géo localisation. Elle est organisée entre autre par les amis de la terre. Dans ce cadre, il y aura un rassemblement sur le thème de l’éducation. J’irai. La deuxième action s’appelle « ligne rouge », elle démarre à 12h. On est invités à venir par deux maximums avec quelque chose de rouge. Le lieu du rendez-vous est encore tenu secret… très excitant. On joue comme des gosses ! Christophe Aguiton a rappelé pour conclure cette première partie, que la coalition climat 21 était en négociation avec le Préfet de police, espérant que les actions prévues soient autorisées ou au moins tolérées et en aucun cas interdites. Le mot d’ordre est : si c’est interdit on y va quand même. Si la désobéissance civile est bien au cœur de la culture de ce mouvement, il est rappelé que notre lutte est non violente. Ça fait du bien, l’intelligence est au pouvoir ici – l’intelligence c’est non-violence- ! Puis le débat a commencé.
Le « la » du concert des nations
Sont venus sur la scène Naomie Klein, journaliste et activiste canadienne bien connue en particulier depuis son livre devenu célèbre « No logo », et un des suivants « La stratégie du choc ». Il y avait aussi représentée par une jeune femme (pas réussi à noter les noms !), la célèbre association américaine Sierra Club, un activiste allemand très engagé de la Fondation Rosa Luxembourg et un philippin représentant des mouvements sociaux. Le débat est animé par une journaliste de Médiapart bien au courant elle aussi de ce qui se passe au Bourget côté négociation et bien engagée. Naomi Klein tient le discours qu’on lui connaît. Elle explique que pour les gouvernements tout ce qui concerne le climat passe après le commerce. Et là, elle incrimine les accords de libre-échange. En fait ce sont ces accords qui donnent le « la » du concert des nations et pas la question du climat. Partant on imagine facilement que tout accord à la hauteur pour le climat est juste impossible.
Revoir complètement nos systèmes éducatifs
Les intervenants constatent que lutte sociale pour le climat et lutte contre les accords de libre-échange ne se rencontrent pas et restent séparées l’une de l’autre, ce qui est une grande perte de force et d’efficacité. Je ne suis pas certain que dans les propos qui ont suivis la question de la journaliste on ait eu la vraie réponse, en tout cas, il ne m’a pas semblé l’entendre. Après, on nous a demandé d’écrire nos questions sur des petits papiers. « Est-ce qu’il n’y a pas un problème de culture environnementale de la population ? Ne pensez-vous pas que nous devrions complètement revoir les systèmes éducatifs qui mettent la pression sur la jeunesse, les profs, les parents avec cette compétition, cette sélection. ? Ne croyez-vous pas que l’éducation devrait être à l’agenda des solutions ? Nous proposons de faire des Assises internationales de l’éducation pour la transition à toutes les échelles de territoire à partir des territoires locaux ».
S’organiser.
La question qui a été retenue, c’est comment mieux coopérer entre le nord et le sud ? Et la deuxième la célèbre question, toujours entendue depuis des années dans moult assemblées et sidérale : « Et moi qu’est-ce que je peux faire ? ». Là, dommage, notre activiste allemand a un peu beaucoup minimisé l’action individuelle. Il a dit : « Ce que je peux faire tout seul c’est très peu. C’est presque rien. Ce qu’il faut c’est s’organiser dans les mouvements sociaux. La représentante du Sierra Club a la même réponse : s’organiser. Le philippin dit que nous vivons là un moment qui nous donne du pouvoir. « Il y a beaucoup d’énergie ici, je la ramènerai dans mon pays, dans les communautés ».
Le 12 décembre nous reconquerrons la rue
Comme il se doit, Naomie Klein a le dernier mot : « Cette ville est remplie de héros de la crise climatique. Ces gens sont les gardiens originels de la terre, de l’eau… il faut dire non au bon carbone, non aux accords de libre échange qui nous mettent tous en danger. Je crois que le gouvernement français a utilisé les peurs des gens pour les obliger à rester chez eux – là énormes applaudissements, l’approbation de la salle est totale – Le 12 décembre nous reconquerrons la rue. Elle passe alors à la langue française. « En France la liberté ce n’est pas qu’un mot, c’est un devoir, ça ne concerne pas que les marchés de noël et les matchs de football, j’espère vous voir sur les rues ». La journaliste nous dit que les questions seront toutes conservées par la coalition climat. C’est bien, parmi elles il y aura quelque chose sur l’éducation.
Créons notre propre pouvoir
En rentrant j’ai eu l’heureuse surprise de trouver dans mes emails le texte du serment : « citoyens du Peuple de la Terre, créons notre propre pouvoir ». Extrait : « Nous faisons ce serment, en quittant Paris, de ne pas nous séparer ni par le cœur ni par l’esprit ; de maintenir nos liens au travers de tous les moyens de communication et de média citoyens ; de nous rassembler partout où les circonstances l’exigeront ; de faire pression sur toutes les instances de pouvoir, qu'elles soient gouvernementales ou entrepreneuriales, corporatistes et financières, locales, nationales et multilatérales, afin qu'elles prennent leurs responsabilités ; de coopérer sans cesse entre réseaux citoyens à la mise en œuvre des objectifs vitaux et urgents ci-dessus mentionnés ; et de renforcer ainsi nos liens d’amitié, de fraternité, de solidarité et d’entraide afin d'étendre ce réseau mondial de citoyennes et citoyens de la Terre. » C’est porté par dialogue en humanité et le forum social mondial. C’est clair, ça organise !
A suivre
Roland Gérard co-directeur du Réseau Ecole et Nature.
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