Copenhague : Un rendez-vous historique manqué ?
Quelles sont les perspectives d’un accord à Copenhague ?
La conférence des Nations Unies est une forme de dernier ressort pour trouver un successeur au Protocole de Kyoto, dont le but est d’empêcher un réchauffement climatique aux conséquences dramatiques.
Elle se déroulera à compter du 7 décembre pour une durée de deux semaines. Il s’agit également de la dernière d’une série d’autres conférences dont les origines remontent au Sommet de la Terre à Rio en 1992.
Le fond.
Les experts du climat sont convaincus que le monde doit arrêter l’augmentation des émissions à effet de serre et devrait commencer à s’y attarder d’ici peu. Pour avoir la chance de maintenir le réchauffement climatique à moins de la barre des 2 degrés celsius, une baisse de 25 à 40% par rapport aux niveaux de 1990 des émissions à effet de serre est exigée. Mais les offres faites lors des pré-négociations sont bien en dessous de ces objectifs.
Qui devrait s’atteler à réduire ses émissions ?
Ici se pose le problème majeur. Les pays industrialisés comme les Etats-Unis, le Royaume-Uni et le Japon, et bien d’autres, ont de loin émis le plus de CO2. Ainsi, l’émission de CO2 par tête reste très élevée, d’où la nécessité de réduire ces émissions comme le demandent les scientifiques. Mais les émissions faites par les pays émergents explosent, en Chine et en Inde notamment. Ainsi, toute limitation internationale sur les émissions à effets de serre doit également inclure ces pays. Cependant, concernant les émissions par habitant, ces pays n’ont qu’un moindre impact sur la planète vu que des millions d’habitants vivent dans l’extrême pauvreté - 400 millions d’Indiens vivent sans électricité, par exemple. Par conséquent, la Chine, l’Inde et d’autres font valoir la nécessité de continuer à polluer pour améliorer les conditions de vie de leurs citoyens. Trouver un équilibre dans les responsabilités de chacun relatives à la réduction des émissions de CO2 sera l’élément essentiel des négociations.
Qui va payer ?
L’autre élément crucial. Certains avancent que, sur le long terme, une économie qui nécessite peu de CO2 serait moins chère qu’une économie basée sur les énergies fossiles, et représenterait donc un investissement fantastique. Mais on manque de temps et il faudra en payer le prix dans le court terme. Tous s’accordent pour dire que les pays les moins développés ont besoin d’une aide d’urgence. Les citoyens d’Haïti, du Soudan ou du Bangladesh n’ont rien fait, virtuellement, pour polluer l’atmosphère, mais ils subissent les pires inondations et sécheresses attribuées notamment au réchauffement climatique. Ainsi, les pays les plus riches devront verser des milliards à compter d’aujourd’hui. Un versement considéré comme une forme de réparation pour avoir dégradé le climat de la Terre. Cela coûtera encore plus cher quand il faudra construire de nouvelles infrastructures respectueuses de l’environnement, essentielles pour arrêter l’utilisation du charbon et des centrales électriques alors responsables d’une large partie des émissions globales de CO2. Pour les pays dont le développement économique est fulgurant, comme en Inde, l’idéal serait de sauter la phase de la croissance nécessitant beaucoup de CO2, et de passer directement aux énergies renouvelables et même à l’énergie nucléaire. Là encore, les pays les plus riches devraient prendre le leadership pour les encourager. S’ils ne le font pas, il n’y aura rien pour les empêcher de construire des centrales de charbon. L’Union Européenne a suggéré de verser 100 milliards de dollars par an aux pays en développement entre 2013 et 2020 pour couvrir la facture du changement climatique. Cependant, certains estiment qu’il faudrait multiplier cette somme par quatre pour que cela puisse changer la donne. Trouver la somme exacte à mettre sur la table sera le second élément essentiel des négociations.
Qu’adviendra-t-il du marché des permis à polluer ?
En principe, acheter des permis à polluer le moins cher possible à ceux qui peuvent baisser leurs émissions est un système attrayant (car il constitue un flot d’argent important permettant d’être investi, officiellement, dans la recherche et développement). Pourtant, d’un autre point de vue, ce système peut apparaître comme étant le moyen pour les pays riches de payer les populations plus pauvres pour qu’elles nettoient derrière eux, tandis qu’ils peuvent continuer à polluer. Aussi, si le but du marché des permis à polluer est de réduire les émissions, les règles du marché doivent alors être encadrées de manière stricte. A ce jour, les impératifs politiques ont dominé ceux de la planète. Néanmoins, le marché des permis restera au coeur de la convention qui émergera de Copenhague, comme il l’a été dans le Traité de Kyoto.
Stopper la déforestation.
A peu près 40% de tout le CO2 émis par l’activité humaine provient des forêts en cours de déforestation. Arrêter la déforestation serait, en principe, simple et à peu de frais. Mais payer les gens, via des crédits de CO2, pour les empêcher d’abattre des arbres devient complexe à son tour. A qui appartiennent réellement les arbres ? Est-ce qu’ils allaient être abattus d’une manière ou d’une autre ? Et comment vérifier ce qu’il se passe réellement ?
Quelles sont les perspectives d’un accord à Copenhague ?
Les négociations qui se sont tenues à Barcelone en Septembre ont été lamentables : tous reconnaissent qu’un accord légal à Copenhague est désormais impossible. Seul un miracle pourrait en assurer l’établissement. Le Président Obama est celui qui pourrait délivrer ce miracle, mais cela semble peu probable. Ce qui semble le plus probable est que chaque partie reste au stade des pourparlers pour sceller un accord en 2010. Un échec total mettrait un terme à vingt ans de négociations et laisserait aucun espoir de protéger le monde des ravages du réchauffement climatique. Cette issue n’est pas aussi improbable que celle d’un éventuel miracle.
Damian Carrington, The Guardian, Mardi 10 novembre 2009
Traduction : E.Malafa
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