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Accueil du site > Actualités > Environnement > Crise écologique : L’Homme est-il coupable ?

Crise écologique : L’Homme est-il coupable ?

Le débat qui s’est installé à la suite de la sortie de Home a permis de soulever une question qui dépasse largement le sujet du film évoqué.  L’Homme est-il coupable ou victime de la crise écologique actuelle ? Pour répondre à cette question, il faut sortir du simple cadre économique habituel auquel les polémiques autour de l’écologie sont trop souvent réduites. Il s’agit ni plus ni moins que de confronter deux « visions » différentes de ce qu’est l’humanité.

Plaçons nous d’un strict point de vue scientifique... c’est à dire ici de biologiste. Reconnaissons alors que l’espèce humaine se comporte effectivement comme toute espèce animale. Ses actions n’auraient d’autre but que d’assurer sa survie par la recherche d’une maîtrise de son environnement. Au même titre que les sauterelles, l’espèce humaine n’aurait d’autre choix que de s’adapter à une Nature avide de conserver son propre équilibre. La sélection naturelle à laquelle il est ainsi fait référence entrainerait, par son efficacité, un renforcement des inégalités entre espèces du vivant. Au final, la domination extrême d’une espèce sur son milieu finit par provoquer sa perte. Jared Diamond parle d’ « Effondrement ». S’il vient un jour à disparaître, l’Homme ne sera en définitive que la victime d’un processus de rééquilibrage que la Nature impose à tout ce qui est « trop dominant » pour assurer l’équilibre entropique du système. La Nature se charge seule de trouver ce point d’équilibre …et le fait à son rythme. L’Homme est donc dans son rôle. C’est sa nature même qui explique (justifie ?) son comportement. L’ampleur de ses destructions sur son environnement ne serait qu’une question de degré et pas de nature. Le problème semble donc résolu car, un animal peut-il être coupable ?

La réponse est dans la question : l’Homme est-il vraiment un animal comme les autres ? Répondre relève d’un choix éthique et philosophique. Quels que soient les arguments invoqués, la réponse est clairement négative. Ce qui fait la grande différence entre l’animal et l’Homme c’est que ce dernier a conscience de lui-même. Il est capable de mesurer les conséquences de ses actes d’un point de vue moral. Il a la capacité de décider. C’est le fameux « libre arbitre »... cadeau empoisonné qui place sur ses épaules son plus lourd fardeau : la responsabilité.

L’Homme serait coupable car responsable ? L’Homme s’est en effet tellement convaincu de sa spécificité (Le fameux « cogito » de Descartes) qu’il a estimé pouvoir quitter sa place dans l’ordre naturel. Pire, il a fini par se considérer « Comme maître et possesseur » de la Nature. La faculté de penser serait son seul mais puissant moyen pour s’émanciper de son état de nature. L’état actuel du monde est le résultat de cette erreur sur laquelle s’est appuyée toute la pensée Occidentale depuis le XVIIème Siècle. Non content de se considérer au « centre du monde », l’Homme se déclare au dessus de lui. S’il est coupable de quelque chose, c’est avant tout d’avoir limité sa vision du monde à un anthropocentrisme radical. L’humanité a tellement bien « travaillé » que la question de la survie de l’espèce ne s’est plus posée. Elle est même devenue secondaire face à la satisfaction de ses plaisirs. Le renforcement de la crise écologique amène heureusement à s’y intéresser à nouveau.

Pour autant, une erreur ne doit pas en appeler une autre. Si l’Homme ne doit pas oublier sa place au sein de la Nature, il ne s’y réduit pas non plus. Il ne faudrait pas tomber dans le piège qui ferait de l’Homme un simple rouage d’une grande mécanique qui le dépasse, dépourvu de toute volonté propre, esclave de sa nature, c’est à dire de la Nature. Dans son livre « Et si l’aventure humaine devait échouer », Théodore Monod tire un constat alarmant sur le degré de « maturité » de l’Homme et rappelle son lien fondamental à la Nature en tant qu’espèce. Pour autant, c’est à plus de « Civilisation » qu’il aspire .... Il demande un Homme plus humble car parfaitement conscient à la fois de sa place dans la nature et de sa responsabilité à son égard. Il souhaite que l’homo devienne véritablement sapiens.

En définitive, la question se pose-t elle vraiment de savoir si l’Homme est condamné à disparaître de son propre fait ou parce que la Nature l’y condamne ? L’état actuel de nos connaissances tend à prouver effectivement que nous ne représentons pas grand chose à l’échelle de l’histoire de la planète. D’autres espèces ont dominé avant nous, d’autres le feront après nous. Pourtant, la capacité de l’Homme d’appréhender son univers par la pensée lui offre une liberté qu’aucune espèce vivante connue n’a pu revendiquer. Pour exercer pleinement cette liberté, l’Homme doit faire un choix, celui d’assumer sa responsabilité. Une responsabilité vis-à-vis de lui-même, des autres et vis-à-vis du monde qui l’entoure… C’est peut être là l’objet d’une véritable politique de civilisation.


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22 réactions à cet article    


  • werther_original werther_original 18 juin 2009 00:23

    Actias, quand je vous disais que vous aviez une dent contre l"homme. (rapport à votre dernier paragraphe)


  • marcel 17 juin 2009 14:31

    Entièrement d’accord avec Actias sur le diagnostic et j’ajouterais que l’homme accélère le processus d’élimination que dame nature lui concocte .

    A moins d’un changement gigantesque de mentalité , le règne du bipède destructeur ne devrait plus être trop long, et au total , il sera très loin d’égaler celui des créatures qui l’ont précédé .


    • worf worf 17 juin 2009 14:34

      L’Homme ne se défini pas que par la capacité du Libre arbitre, de la conscience de soi.

      Mais aussi par la volonté de créer, de perdurer après sa mort.

      De l’usage de l’Outil, utilisé aussi par certains animaux, mais l’Homme l’a poussé tellement loin qu’il en est devenu totalement interdépendant, voir esclave dans certains cas.

      Et il doit avoir d’autres éléments qui différencient encore l’Homme des autres espèces animales.

      Tout à fait d’accord au fait que l’Homme doit redevenir plus humble, faire montre de Sapiens pour vivre avec son environnement et pas contre.


      • quen_tin 18 juin 2009 00:14

        Cette réflexion est très intéressante.

        Je pense que la crise écologique créée par l’homme sors largement du cadre des crises naturelles.
        Les extinctions massives dont on peut observer les traces géologiques avaient un temps beaucoup plus long et n’étaient pas à ma connaissance le fait d’une espèce unique devenue trop dominantes. D’ailleurs on n’en connait pas forcément toutes les causes mais elle peuvent avoir été dues au volcanisme ou à un impact de météorite... Non pas à un dérèglement interne mais à une déstabilisation de l’extérieur. Il me semble que les évolutions naturelles des écosystèmes sont généralement harmonieuse. Finalement les crises d’extinctions massives sont extrêmement peu fréquentes dans l’histoire de la vie, puisqu’on en compte 3 en quelques milliards d’années. La sélection naturelle est une histoire de compétition mais aussi d’harmonie. Bien sûr on peut voir à juste titre des pulsions animales derrière la volonté de dominer la nature, mais c’est parce que l’homme par ses capacités échappe à cette harmonie naturelle, aux régulations de l’environnement (la disparition de la nourriture, ...) et parce qu’il est une espèce mondiale que se produit cette crise.


        • werther_original werther_original 18 juin 2009 00:17

          Comment avoir une idée des crises d’extinction massive quand on n’a aucune idée ( meme pas la plus petite) du nombre d’espèces vivant sur terre.


          • quen_tin 18 juin 2009 12:56

            On estime le nombre d’espèces sur terre à environ 2 millions.


          • werther_original werther_original 18 juin 2009 19:25

            citez moi vos sources , je serai bien content de l’apprendre.


          • werther_original werther_original 18 juin 2009 19:36

            le chiffre que vous me citez se réfère au nombre d’espèces CONNUES.

            Marjorie L. Reaka-kudia dans biodiversité , compréhension et protection de nos ressources biologiques :

            Les tentatives faites pour déterminer le nombre total d’espèces se sont révélés étonnamment infructueuses.

            un autre lien tres interessant

            http://isis.blog.mongenie.com/index/p/2008/01/544824

            Comme vous le voyez , la fourchette est énorme.

            Je réitère ma question :

            Comment alors avoir une idée des crises d’extinction massive quand on n’a aucune idée du nombre d’espèces vivant sur terre ?


          • quen_tin 18 juin 2009 21:09

            Franchement je dirais qu’on en sait peu de chose. On sait ce qu’on peut en savoir, à partir des fossiles, des carottes glacières : à certaines périodes, il semble qu’un nombre très important d’especes aient disparues partout sur la planète. Pour ce qui est des causes, ce sont plutôt des théories spéculatives je suppose. Par exemple j’ai vu un article récent relatant une étude qui remettait en question que la disparition des dinosaures ait pu être causé par un météorite, ce qui était jusqu’alors l’hypothèse communément admise (parce que’on sait que de gros impacts ont eu lieu à cette période). Comme quoi ces sujet font encore débat. Mais étant donné que ces extinctions étaient mondiale, on a de bonne raison de penser qu’il a du s’agir d’un événement extérieur au vivant (parce que les écosystèmes sont localisés).

            Quoi qu’il en soit mon propos était de dire que des extinctions de masse à l’échelle de la planète son tout de même très rares, et que la crise écologique qui a lieu en ce moment sors sans aucun doute de ce cadre.


          • quen_tin 18 juin 2009 21:15

            Pour ce qui est du nombre d’espece : effectivement, 2 millions est le nombre d’especes connues.


          • werther_original werther_original 18 juin 2009 21:58

            Bon on est passé de :

            « Les crises massives d’extinction sont très rares , on n’en compte que 3 ». C’est à dire on compte 3 cas de disparition d’espèces, est-bien cela ?
            Vous disiez cela pour étayer le propos suivant (qui était sans argumentaire) , si je ne me trompe pas :
            « l’effondrement de la biodiversité »

            à

            « franchement , je dirais qu’on en sait peu de choses ».

            Donc, on en vient à : Le fait qu’il y ait un effondrement de la biodiversité ne peut absolument pas être prouvé.Donc on ne peut souscrire à votre dernier paragraphe.

            Bon c’est déja pas si mal , un grief vis-à vis de l’homme en moins (jusqu’a preuve du contraire).

            Reste la surpopulation , le rechauffement climatique , la pollution , la déforestation.

            Pour ces points-ci , voulez vous que nous en débattions.

            Bien à vous.


          • quen_tin 19 juin 2009 22:02

            Bien sûr que si, on sait qu’il y a effondrement de la diversité.
            On sait peu de chose sur les causes des extinctions massives dans le passé. On sait qu’il y en a une en ce moment, et qu’elle est causée par l’homme.


          • werther_original werther_original 20 juin 2009 12:26

            très bien , dites moi comment savez-vous qu’il y a effrondrement de la bio-diversité propre à l’homme si d’abord vous n’avez même pas un taux d’extinction naturel.

            Neammoins et si vous tenez à passer outre cet épineux problème, citez moi vos sources pour l’effondrement que vous clamez.


          • quen_tin 20 juin 2009 17:14

            Désolé je ne suis pas biologiste, je ne fais que me tenir au courant de l’actualité scientifique, mais je pense que vous obtiendrez toutes les réponses que vous voulez en postant sur des forums scientifiques.

            Je ne connais pas tous les habitants de ma ville, mais si je sors de chez moi et que je constate que 9 personne sur 10 a de gros boutons rouges sur la figure, j’aurai de bonne raison de penser qu’il y a une épidémie. Bien sûr, il y aura toujours un werther_original pour me dire « comment pouvez-vous affirmer ça alors que vous n’avez croisé que quelques centaines de personnes sur les centaines de milliers qui vivent ici ? ». Et pourtant il est plus que probable que j’ai raison, c’est mathématique.


          • werther_original werther_original 20 juin 2009 21:19

            Exemple qui n’est pas approprié.

            Dans le cas que vous citez , vous savez qu’il est anormal d’avoir des boutons car vous connaissez la figure normal d’un humain. Maintenant dites moi comment sauriez qu’il y a une epidemie chez les « pentatomidaes vertes » si vous en voyez 100 à la suite sans spécimen sain pour comparer ?

            Car tel est ce que vous me dites avec l’effondrement de la biodiversité.

            Vous dites : l’homme est responsable de la chute de la biodiversité mais sans connaitre un quelconque taux naturel d’extinction.


          • werther_original werther_original 20 juin 2009 21:21

            J’ai oublié de préciser : et sans connaitre non plus le nombre d’espèces qui vivent sur terre.


          • quen_tin 20 juin 2009 21:33

            Je ne parle pas d’épidémie mais d’extinction. On observe une diminution drastique des especes depuis des décenies, et pas besoin de connaitre le nombre total d’espece sur terre pour le savoir, comme je vous l’ai expliqué avec mon exemple des boutons : il suffit de savoir que dans tous les écosystèmes que l’on connait les especes disparaissent à vitesse grand V pour s’en rendre compte. Il n’y pas de « taux naturel d’extinction », sinon il n’y aurait plus de vie sur terre. Enfin que l’activité humaine nuise à la biodiversité est une évidence : regardez nos campagnes, vous ne verrez que du mais, du macadam et des villes. Je vois bien une seule raison de ne pas le croire : la mauvaise foi pour se donner bonne conscience.

            De toute façon pourquoi me posez vous ces questions à moi ? Je vous l’ai dit je ne suis pas biologiste. Ce sont les biologistes qui affirment qu’il y a une extinction en ce moment même, et si vous en savez plus qu’eux, n’hésitez pas à publier vos articles dans des revues spécialisées, ils seront ravis de les commenter.


          • werther_original werther_original 20 juin 2009 22:04

            Ne vous inquiétez pas. Je ne vous ai pas pris en grippe. Mon but n’est pas d’être de mauvaise foi. Mon but est de savoir la vérité : qu’elle plaise ou non.

            Non , votre exemple n’était pas bon je vous l’ai montré.

            Vous me dites qu’il n’y a pas de taux d’extinction naturel ?

            J’ai trouvé ceci :
            http://biodiversite.mediasfrance.org/spip.php?article49

            La première phrase est la suivante :
            Selon les meilleures estimations, le rythme actuel de l’extinction est 1000 à 10 000 fois plus rapide que le rythme moyen à l’échelle géologique : un mammifère sur quatre et environ 12 000 espèces de plantes sont menacés d’extinction.

            Donc il y a bien un taux naturel d’extinction. Maintenant ce que je dis , c’est que ce taux est forcément faux car il y a inconnue sur le nombre d’espèces réelles.

            Et donc dire que le taux actuel est 10000 fois plus élevé qu’un taux naturel donné au pif , ca ne fait pas très sérieux.

            Vous avez tout à fait raison , je vois voir sur un forum de biologie. Peut-être sauront-ils répondre à mes interrogations.

            Merci pour la discussion. N’oubliez pas que seule la vérité compte.


          • quen_tin 21 juin 2009 00:57

            Ce que je voulais expliquer avec mon exemple, c’est qu’il n’est pas nécessaire de connaitre le nombre exact d’espece, il suffit d’étudier un échantillon assez grand et représentatif pour estimer ce qu’il se passe.


          • quen_tin 21 juin 2009 01:01

            S’il y a un taux d’extinction naturel, c’est qu’il y a aussi un taux d’apparition de nouvelles especes à peu près équivalent sinon la vie aurait disparue. Si on observe plus d’extinction que d’apparition, on peut estimer qu’il y a une diminution de la biodiversité.


          • Deneb Deneb 18 juin 2009 07:45

            @ l’auteur : vous dites que l’Humain se différencie des autres espèces par la conscience de soi. Il n’est pourtant pas le seul être à avoir une conscience. On a prouvé qu’un éléphant arrive aussi à se reconnaitre dans un mirroir. On a également remarqué une conscience de soi chez certains singes at mamifères marins, mais aussi chez certains rongeurs, comme les chiens de prairie. Ces dérniers possèdent d’ailleurs un code de communication extrèmement évolué.
            Je pense que le seul avantage de l’humain sur les autres espèces est sa capacité d’abstraction. L’imagination. C’est pour cela que le seul avenir possible de l’espèce est dans les réseaux virtuels : trouver un mode de vie peu gourmand en energie mais capable d’assouvir la curiosité humaine, qui est d’ailleurs sa plus grande qualité, et non pas un vilain défaut comme les religions essaient de nous faire croire.


            • moitoinous84 moitoinous84 18 juin 2009 09:45

              Je serai assez d’accord avec Actias, quand à sa dent.
              L’Homme est formé d’hommes tellement différents les une des autres.
               Ces hommes là sont chacun persuadés de détenir la vérité( à commencé par la mienne), alors comment voulez-vous qu’ils s’entendent, ils préfèrent se saborder plutôt que de trouver un consensus.
              D’autre part l’Homme fait partie de la Nature, donc si la Nature s’autorégule , l’Homme y est pour beaucoup puisque il en fait partie.
              En fait c’est le serpent (l’arbre de la connaissance) qui se mort la queue.

              Donc y a rien de bon à en attendre.

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