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Accueil du site > Actualités > Environnement > Crise écologique : notre système de valeur en question

Crise écologique : notre système de valeur en question

Peut-on rendre responsable de la crise écologique actuelle le système de valeur de nos sociétés selon lequel l’homme est la mesure de toute chose ?

A notre époque, les questions liées à la protection de l'environnement sont essentielles et vitales. Les multiples Instruments internationaux et rencontres que leur consacre la Communauté Internationale témoignent de leur importance. Les médias en parlent. Pourquoi alors cette alerte ? Cette alerte parce que la crise écologique actuelle est d’une grande envergure d’après ce que nous disent les médias en les moyens de communication. La question qui se pose est de savoir s’il y a vraiment une crise écologique ? Et s’il y en a, est-elle si grave qu’il faut alerter le monde de la sorte ? La terre a connu des crises écologique dans le temps telles que la glaciation et autres. Quelle est alors la spécificité de cette présente crise par rapport aux autres ? En dehors de ces questionnements sur la crise, peut-on rendre responsable de cette crise le système de valeur anthropocentriste selon lequel l’homme est la mesure de toute chose ?

Telles serons les questions sur lesquelles nous nous pencherons dans ce présent travail.

Parler de crise écologique actuellement, nous ne saurons le dire d’autant plus que la nature elle-même fait déjà une sélection. Nous voulons parler de la sélection naturelle. Cette théorie de la sélection naturelle permet d'expliquer et de comprendre comment l'environnement influe sur l'évolution des espèces et des populations en sélectionnant les individus les plus adaptés[1]. Ainsi nous devons reconnaitre que l’espèce humaine se comporte effectivement comme toute espèce animale. Ses actions n’auraient d’autre but que d’assurer sa survie par la recherche d’une maîtrise de son environnement. Au même titre que les sauterelles, l’espèce humaine n’aurait d’autre choix que de s’adapter à une nature avide de conserver son propre équilibre. La sélection naturelle elle-même peut entrainer par son efficacité, un renforcement des inégalités entre espèces du vivant.

Partant de ce point de vue, on peut dire que c’est la nature elle-même qui est en évolution. La preuve est qu’il y a eu des crises écologiques avant nous. Donc nous ne pouvons qu’affirmer que la crise dont nous parlons n’est pas un phénomène écologique, mais qu’elle est un phénomène de l’histoire.

En observant de plus près tout ce que nous traversons actuellement, bien que nous avons dit que c’est l’histoire qui suit son cours, un cours que nous pouvons peut être appelé normal, il en ressort que la nature est perturbée et cela n’est pas bon pour nous. Elle est perturbée par les actions des hommes. La crise écologique est donc le résultat de l’action humaine sur la nature. Cette action a atteint un point où la survie de l’humanité est potentiellement en question. L’intérêt économique d’une petite minorité commande, d’une part l’apparition accélérée de nouvelles formes de production sans évaluation préalable de leurs conséquences écologiques, et d’autre part le maintien de techniques de fabrication pourtant reconnues comme nuisibles. S’ajoutent à tout cela, les progrès de la technologie qui augmentent les possibilités d’agir sur la nature, et donc aussi de la bouleverser et de la détruire. Mais la crise écologique telle que nous la connaissons, n’est pas la conséquence linéaire du développement industriel depuis le XIXème siècle. Elle est le résultat d’un saut qualitatif, enclenché à l’échelle mondiale par le boom économique capitaliste des années 1950 et 1960, par la généralisation massive de l’utilisation du pétrole et par le développement gigantesque de l’automobile, par le développement de l’industrie chimique et la généralisation de sa pénétration dans tous les secteurs d’activité, et en particulier dans l’agriculture avec les engrais et les pesticides.

En effet, les activités humaines rejettent environ 7 milliards de tonne par an de gaz à effet de serre (CO2, CH4, N2O, CFC) dans l’atmosphère, dont la moitié n’est pas recyclée par les océans ou les forêts. Une grande variété de substances toxiques est disséminée dans l’air par les industries, les transports ou la dégradation de bien de consommation plus ou moins durables. Des études européennes ont révélé que plusieurs dizaines de milliers de décès par an étaient attribuables à la pollution des grandes métropoles de l’Europe de l’Ouest.

Parmi les manifestations les plus dramatiques de la crise écologique, nous avons aussi la destruction mondiale des forêts qui est particulièrement inquiétante, à cause de l’ampleur de ses conséquences. Elle frappe principalement les pays tropicaux. Dans les pays industrialisés, la surface forestière reste assez stable mais est atteinte d’un lent dépérissement dû à la pollution de l’air, des eaux et des sols. Par contre, dans le "Tiers Monde" c’est le déboisement qui caractérise la crise écologique.

L’existence de dizaines de milliers d’espèces est menacée par les atteintes innombrables que subissent les écosystèmes. Un quart de la biodiversité mondiale pourrait ainsi disparaître d’ici 25 ans. Dans certains cas, ces atteintes peuvent entraîner la déstabilisation des équilibres environnementaux avec des conséquences incalculables sur les conditions de vie de l’espèce humaine[2].

Ainsi se présente les données de la crise écologique actuelle. Ces données méritent vraiment une alerte. Alerte au monde entier et en particulier à l’homme. Car une lecture attentive de ces données nous montre que l’auteur de cette crise est l’homme ou soit qu’il est le plus doigté et c’est à lui que reviennent tous les problèmes. Bref, c’est l’homme qui est à la base des maux dont souffre la nature parce qu’il est la mesure de toute chose. La question que nous nous posons est de savoir si on peut rendre responsable de la crise écologique actuelle le système de valeur anthropocentrisme selon lequel l’homme est la mesure de toute chose.

Longtemps, les hommes se sont employés à sur-humaniser l'animal pour alléger leur pensée des tourments les plus aigus et trouver dans une vénération partagée un lien qui les unit. La pensée grecque, à la notable exception d'Epicure (341-270 av. J.C.), prenant le chemin de la philosophie, a retourné ce culte en pur mépris ou en simple condescendance. Lorsque Platon (428-348 av. J.C.) en vient dans le Timée à parler des animaux, c'est pour laisser entendre qu'il s'agit d'êtres humains dégénérés. Aristote, qui fut son disciple, s'en démarque et passe, à juste titre, pour le fondateur de « l'histoire naturelle ». D’après ses observations sur les animaux, l'homme y apparaît comme un animal ; mais c'est d'un « animal raisonnable » qu'il s'agit. La pensée occidentale mettra des siècles à se libérer de l'anthropocentrisme qu'implique une telle conception, d'autant qu'elle s'est trouvée renforcée dans la pensée chrétienne par la référence au texte de la genèse, où il est écrit que Dieu a destiné l'homme, créé à son image et à sa ressemblance, à « régner sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail, sur la terre entière et sur tous les reptiles qui rampent sur le sol  »[3]. Quoi qu'il en soit, un tel mode de pensée faisait corps dans la pensée antique avec le géocentrisme auquel Claude Ptolémée donna au IIe siècle après Jésus Christ ses lettres de noblesse mathématiques. Repris par les théologiens, il signifiait que, par la volonté du Créateur, la finalité de la nature plaçait l'homme au sommet de la création, exactement comme il avait installé la Terre immobile au centre des orbes célestes qui composaient le cosmos[4]. Pour ne pas aller loin, nous pouvons dire que l’anthropocentrisme est une conception qui considère l’homme comme le centre du monde et la fin de tout le reste de l'univers. L’homme est alors maître de la nature et est libre de faire tout ce qu’il veut, libre d’exploiter la nature comme il le pense. Au vu de tout cela, peut-on le rendre vraiment responsable de cette crise écologique ?

En effet, l’homme n’est pas un animal comme les autres. Ce qui fait la grande différence entre l’animal et l’homme c’est que ce dernier a conscience de lui-même. Il est capable de mesurer les conséquences de ses actes d’un point de vue moral. Il a la capacité de décider. L’homme s’est en effet tellement convaincu de sa spécificité (Le fameux « cogito » de Descartes) qu’il a estimé pouvoir quitter sa place dans l’ordre naturel. Pire, il a fini par se considérer « comme maître et possesseur »[5] de la nature. L’état actuel du monde est le résultat de cette erreur sur laquelle s’est appuyée toute la pensée Occidentale depuis le XVIIème siècle. L’homme, mécontent de se considérer comme « centre du monde », se déclare au dessus de lui. Et si aujourd’hui il est coupable de quelque chose, c’est parce qu’il a avant tout limité sa vision du monde à un anthropocentrisme radical. Devant ce fait que doit-il faire alors ? Va-t-il continuer à détruire l’environnement d’autant plus que cela se retourne contre lui ? Le besoin de redéfinir le système anthropocentrisme se fait sentir. 

Que devrait être alors le système anthropocentrisme ? Au lieu d’être à la destruction de l’environnement, le système anthropocentrisme devrait être à la base de la construction de notre écosystème. L’utilitarisme semble s’accorder aisément avec une vision centrée sur l’homme dans le respect de l’environnement. En nous invitant à prendre en compte l’ensemble des conséquences avantageuses et désavantageuses de nos actions, l’utilitarisme semble très bien répondre aux exigences d’une éthique de l’environnement. On peut aisément appliquer le principe du bonheur du plus grand nombre aux problèmes de la lutte contre la pollution ou de la préservation des ressources naturelles[6]. L’homme entant que maître et possesseur de l’environnement, doit pendre soin de l’environnement comme cela se doit. Il doit être un grand défenseur de l’éthique de droit pour que les générations futures puissent en bénéficier. L’homme au lieu de garder sa position anthropocentrique, doit opter pour une position écologique profonde. Selon ce courant, les environnementalistes revendiquent un statut moral non seulement pour les animaux dotés de sensibilité, mais aussi pour les espèces vivantes en tant que telles ou encore pour des écosystèmes entiers. L’écologie profonde traduit la vison la plus large de nos devoirs moraux envers l’environnement naturel. C’est un mouvement de pensée très ambitieux qui introduit une dimension spirituelle dans la réflexion éthique en faisant de la nature une sorte de bien ou de valeur morale suprême. Elle cherche à transformer notre vision du monde et notre conception de la vie et du bonheur. Elle tente d’effacer la frontière entre l’homme et la nature et de réintégrer l’être humain dans la nature en tant qu’une de ses manifestations[7]. Ici, une vie considérée comme digne et accomplie est une vie vécue en harmonie avec la nature[8].

Se demander s’il y a une crise écologique de nos jours serait être sous informer de ce qui se passe. Depuis sa maison on peut la constater. Les médias en parlent et soi même on le constate par le changement climatique et d’autres choses encore. L’auteur de cette crise est sans doute l’homme. Car selon le système anthropocentrique, l’homme se croit au dessus de l’univers et se permet tout. Si c’était la nature elle-même qui suivait son cours normale, cela ne sera pas de façon accélérée comme nous le constatons. L’homme doit alors revoir sa position par rapport à l’environnement. Il serait mieux pour l’homme d’opter pour l’écologie profonde ou la « deep ecology ». Il conviendrait selon cette écologie, de dépasser l'anthropocentrisme pour le biocentrisme, l'être humain n'étant plus alors défini par sa spécificité (c'est-à-dire, le caractère qui distingue son espèce des autres espèces animales et végétales), mais par son appartenance à la biosphère. Il n'aurait donc plus de droit sur la nature. Les défenseurs des droits des animaux diront que chaque animal a ses propres droits inhérents. Poussant l'analogie, d'autres diront que toute vie se tient en elle-même et a donc des droits inhérents équivalents (ou négociables) à ceux des droits des êtres humains. D'où la requête qu'en toutes choses l'on prenne le point de vue de la plante, de la rivière, de la pierre[9].

 

BIBLIOGRAPHIE

BEAUCHAMP A., “La construction du champ de l'éthique en environnement ”in PHILOSOPHER no 16, 1994, pp. 125-132.

Bible TOB, Cerf, 2004.

CANTO-SPERBER M., Dictionnaire d’éthique et de philosophie morale, PUF, 2004.

CYRULNIC B., Naissance du sens, Hachette Littérature, Collection Pluriel, Paris 1998.

DESCARTES R., Discours de la méthode, Le Livre de Poche, 1970.

DIAMOND J.M., Effondrement. Comment les sociétés décident de leur survie, Gallimard, NRF Essais, 2006.

MENIER C., Ethique de l’environnement, Notes-élèves.

 

SITE WEB CONSULTE

www.lescommunistes.org.



[1] J.M. Diamond, Effondrement. Comment les sociétés décident de leur survie, Gallimard, NRF Essais, 2006.

[2]-Ces données sont présentées par le parti communiste genevois le 10 septembre 2003 sur www.lescommunistes.org.

[3] Genèse 1, 26

[4] Boris CYRULNIC, Naissance du sens, Hachette Littérature, Collection Pluriel, Paris 1998.

[5]- René Descartes, Discours de la méthode, Le Livre de Poche, 1970, (sixième partie).

[6] Catherine Menier, Ethique de l’environnement, Notes-élèves.

[7] Ibid.

[8] Cf.la morale stoïcienne.

[9] André Beauchamp, “La construction du champ de l'éthique en environnement ”in PHILOSOPHER no 16, 1994, pp. 125-132.

 


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6 réactions à cet article    


  • psain psain 18 décembre 2010 14:22

    Très bon article
    Je me rappelle d’une phrase pertinente mais j’ ai oublié le nom de l’auteur(désolé)

    Le modernisme ne sert souvent qu’a soigner les maux qu’il engendre.(à méditer)


    • epapel epapel 18 décembre 2010 20:30

      Un jour quelqu’un m’a dit que ce qui se rapprochait le plus de l’impact de l’homme sur la planète, c’était le cancer, car il en partage deux caractéristiques essentielles :
      - une prolifération désordonnée et incontrôlée
      - la destruction de l’hôte qui assure sa survie


      • epapel epapel 18 décembre 2010 20:35

        Je lui ai répondu qu’il y avait une différence fondamentale : le cancer ne sait pas que le processus qu’il met en œuvre le conduit à sa propre perte, l’homme si et cette connaissance peut lui permettre de l’éviter.


        • Hermes Hermes 20 décembre 2010 12:21

          Bonjour, la notion de droit est elle-même purement antropocentrique. Cette notion n’existe pas dans le règne animal. En fait ce que vous abordez en réalité, c’est la notion de devoirs de l’être humain vis-à-vis du reste de la planète.

          C’est une question intéressante à se poser, mais elle nécessite de dépasser les problématiques terre à terre du quotidien. Tant que la misère et l’oppression (violente ou psychologique) sera la règle, il y a peu de chances que cette question devienne la priorité, à moins que ces devoirs soient imposés par une nouvelle oppression... Mais est-ce souhaitable réellement ?


          • joletaxi 20 décembre 2010 14:13

            Aaaah... l’Eden perdu.


            Notre merveilleuse mère nature... avec laquelle nous luttons depuis notre apparition sur terre pour survivre.

            «  l’impact de l’homme sur la planète, c’était le cancer »...que voilà un propos plein d’intelligence !

            Tiens, j’apprends ce jour que notre terre aurait déjà connu un réchauffement climatique catastrophique du fait des pets des dinosaures !Sales bêtes, au moins elles ont eu le bon goût de disparaître,ce que d’aucuns nous souhaitent.

            Bref rien de nouveau dans ce discours sans cesse réitéré et qui se révèle chaque fois complètement faux,les amis de Malthus n’apprendront donc jamais ?


            • Ferdinand_Pecora 30 décembre 2010 22:49

              « les amis de Malthus n’apprendront donc jamais ? »

              Si on ne leur présente pas Vladimir Vernadsky, ils ne risquent pas de sortir de l’impasse !

              C’est marrant : toute l’Asie connaît et applique les découvertes de V. Vernadsky, mais c’est absolument inconnu en Europe.

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