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Droit d’ingérence énergétique

La compassion pour les malheureuses victimes du séisme et du tsunami au Japon ne permettait pas dans un premier temps de braver une certaine pudeur, un temps de deuil décent. Pour autant il est permis maintenant de poser quelques questions quant à la gestion de cet équipement source de toutes les radiations et polémiques : la centrale de Fukushima.
On sait que c’est un groupe privé qui fut en charge de sa construction et assume depuis de sa gestion. C’est toujours ce groupe, Tepco qui essaye actuellement, avec difficulté, d’éviter le pire. On connaît les dernières hésitations sur les chiffres de radioactivité autour du réacteur N°2 et plus généralement l’exaspération est croissante au Japon comme ailleurs envers le peu de transparence de l’entreprise.

Cette société Tepco vient d’appeler à l’aide entretenant ainsi des doutes fondés sur sa capacité à reprendre le « contrôle » de sa centrale : un « coup de main a en particulier été demandé aux spécialistes français du nucléaire et Eric Besson confirme qu’EDF, AREVA et le CEA ont été sollicités. Il ne s’agit pas ici de reprendre un débat sur le nucléaire en général. Il sera sans aucun doute évoqué à nouveau à l’occasion d’autres notes.
Aujourd’hui examinons simplement l’inadéquation des systèmes de gestion d’éléments qui devrait concerner le monde entier. Il est en particulier très incohérent de constater que quand il s’agit d’aller sauver des populations menacés par un « fou sanguinaire » des « mandats impératifs » sont délivrés et rappelons ce fameux « droit d’ingérence » institutionnalisé par Bernard Kouchner, maintenant parfaitement entré dans les mœurs internationaux. Les dernières décisions Onusiennes vis-à-vis de la Libye de Kadhafi en sont le dernier exemple. Parallèlement à cette nouvelle « morale » rien pour ce qui concerne les dangers écologiques planétaires.
Répétons-le, en dehors de toute idéologie pour ou contre le recours à l’énergie atomique, pourquoi ne pas réglementer très fortement, avec vigilance et moyens coercitifs s’il le faut, son éventuelle utilisation par tel ou tel État ? Ces États devraient se conformer à des règles communes, de construction, de sécurité, de gestion. Ils devraient, quelle que soit la formule adoptée (secteur privé ou public), publier dans la clarté et sous contrôle international, les données de base de la maintenance et les valeurs radioactives régulièrement mesurées et contrôlées. En cas d’accident, comme au Japon, mais avant aux États-Unis ou ailleurs, « l’ingérence » serait systématique dans la zone, sans attendre l’appel à l’aide. Les nuages radioactifs franchissent les frontières beaucoup plus facilement que les armées et leur vélocité se moque des ambassadeurs et des contorsions diplomatiques.
Les Etats ont le droit de recourir à des systèmes diversifiés pour ce qui concerne leur autonomie énergétique mais ils devraient rendre des comptes très précis et se plier à une réglementation internationale stricte et étroitement surveillée.
Le droit à l’ingérence énergétique est à l’ordre du jour … Malheureusement !

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8 réactions à cet article    


  • pilhaouer 30 mars 2011 08:27

    C’est du simple bon sens !
    Le problème est que cela conduirait à un contrôle étatique et inter étatique, ou, mieux un contrôle par les citoyens des activités dangereuses.
    Et là, on se heurte à de puissants intérêts privés pour qui la sécurité des citoyens importe moins que le profit (voir TEPCO et les autres) .


    • easy easy 30 mars 2011 11:41


      Après le drame du Titanic, le Blanc avait certes à faire de deuil de son arrogance. Et comme ce n’était pas une pirogue qui avait défoncé sa Machine, il ne lui était pas possible de déverser sa colère sur un quelconque bouc. « M’enfin kicékia laissé traîné des icebergs en plein milieu du couloir ? » ne pouvait pas passer.
       
      Du coup, il fallut trouver en interne une réparation à cette humiliation. Comme il n’y avait aucun principe de secret dans cette histoire de technique navale, chacun a pu y aller de son bon sens, de ses trouvailles et astuces. De cette situation claire est né un dispositif de secours soudainement beaucoup plus sûr et fondé sur un concept inédit qui affirme que la perte de contrôle d’une machine peut se produire et qu’à défaut de sauver les ogueils, il faut au moins sauver les vies, les vies de tous, pas seulement les premières classes. 

      Ce principe qui reconnut l’hystérie et la catastrophe cybernétique, a conduit à ce qu’aujourd’hui chaque embarcation comporte tout ce qu’il faut au cas PROBABLE où un naufrage se produirait.
      Parce que dans l’automobile, il n’y a jamais eu de catastrophe ponctuelle et donc spectaculaire, parce qu’il a fallu attendre les regroupements des actuaires pour découvrir que les accidents épars représentaient des milliers de morts par an, le concept de la perte de contrôle a mis plus de temps à s’installer. Mais ça fait tout de même 30 ans qu’il est admis qu’un voyage en voiture peut virer à l’accident total et qu’il y est imposé une panoplie de dispositifs de sauvetage. 


      Pour un tanker, une raffinerie, une plateforme pétrolière, un avion, on considère aussi qu’une hystérie cybernétique peut se produire mais les parades sont alors beaucoup plus difficiles à trouver.

      Quand on veut faire valoir ce principe de la perte de contrôle probable pour une usine Sévéso, on ne voit pas comment sauver la population alentour. Une tenue NBC dans chaque maison, au-dessus de chaque lit, dans chaque sac à dos, c’est encore possible. Mais quid de centaines de km² de terres polluées et qu’il faudra déserter comme à Tchernobyl et comme il faudrait faire à Bhopal.
      A force de condamner des surfaces de Planète, il y aura plus de trous que de gruyère.



      Rien qu’un bête tanker même hyper blindé peut casser et perdre sa cargaison. Et bien on ne sait toujours pas comment faire pour sauver le littoral. Du reste, on ne saurait toujours pas sauver les gens une immense tour en feu. 

      Alors que sur un navire on a su trouver des solutions vraiment efficaces, il y a plein de domaines où l’on ne dispose pas de solution de sauvetage. 

      Puisqu’il y a donc des accidents cybernétiques sans solution de sauvetage, il apparaît une problématique inédite dans l’Histoire : doit-on accepter de prendre des risques cybernétiques sans solution de sauvetage ? De cette question il ressort une catégorisation en deux groupes. Les accidents qui ne tuent que ceux qui en ont accepté l’augure et les accidents qui tuent aussi les autres, voire parfois uniquement les autres (Le PDG d’Union Carbide, Bophal, coule des jours heureux aux EU)

      Moi, je veux bien accepter des risques sans solution de secours pour ma propre carcasse. C’est ma vie qui est en jeu, j’en fais ce que je veux. Je veux pouvoir disposer d’une piscine chauffée, d’un avion privé, rouler à 300 à l’heure, acheter mes mignardises à New-York et en crever s’il le faut. Mais ce que n’accepte pas, c’est d’hypothéquer les horizons, la santé et la vie des autres, de ceux qui n’ont pas fait les mêmes choix que les miens. Les Dogons, les Karens et autres marsupiaux, qui vivent aujourd’hui ainsi que ceux et celles des générations à venir, n’ont pas à subir mes priorités et lubricités. 

      Il y a 1000 ans, la question ne me serait jamais venue à l’idée mais en 2000, c’est clair, je ne dois accepter de risques que parmi ceux qui n’hypothèquent que ma propre vie, avec le souci de la survie de la Planète entière.
       
      En fronton de chaque usine à gaz, de chaque tanker, il devrait y avoir un panneau indiquant « Je représente un risque sanitaire certain pour des gens qui ne m’ont pas choisi » 

      On ne doit pas profiter de notre affairement autour d’un blindage de centrale pour focaliser les attentions sur ce prométhéisme de plus et enterrer le fait qu’elle peut toujours passer hors contrôle en hypothéquant alors l’avenir de milliards d’êtres vivants complètement étrangers à notre jeu.


      Alors l’ingérence, entre nous, les jet-seteurs ? 
      Le compte n’y serait pas, il y aurait collusion d’intérêts (la taxe carbone est une tartufferie entre carboproducteurs)

      Il faut une ingérence allant non pas de l’archange vers le Guarani mais du Guarani vers l’archange.

      Vu précisément l’écart des puissances entre l’archange équipé d’épée chromée, d’armure flamboyante, d’ailes de sept lieues et le Guarani en pagne, c’est paradoxalement au lion de plaider pour le zèbre.

      Ce que fait Greenpeace qui se met le plus possible à la place des méduses pour interpeller les hommes les plus fous.


      • easy easy 30 mars 2011 16:50

        «  »«  »«  »«  »«  »« savez-vous que la série »les Rois Maudits« qui avait fait un tabac il y a 20 ans, a été un véritable fiasco dernièrement ? (c’était dans l’émission de TADDEI avec P. BELLEMARE) »«  »«  »«  »«  »

        Oh punaise de punaise ! Non Parkway, je ne savais pas (je n’ai pas la télé)

        Cette série était extrêmement intéressante car elle nous permettait de faire des milliers de liens entre des situations anciennes et les nôtres, y compris familiales ou de voisinage, pas seulement de grande politique. 

        Il est bien triste qu’une telle source de compréhension de notre psychologie et de notre histoire soit désormais sans aucun intérêt pour les plus jeunes


      • Axel de Saint Mauxe Axel de Saint Mauxe 30 mars 2011 15:29

        Et qui serait légitime pour cette ingérence ?


        • Mutamuta 30 mars 2011 23:14

          Au premier abord, cela vous paraitra sans doute excessif mais pourquoi pas :
          - Nationalisation (ou plutôt confiscation car nous n’avons pas d’argent à perdre pour enrichir encore plus quelques uns déjà très riches) des entreprises du nucléaire industriel afin que l’État redevienne l’unique responsable du risque nucléaire. Cela permettra de pérenniser la garantie et la qualité de la gestion du nucléaire industriel même quand ce domaine ne rapportera plus d’argent (gestion des déchets et des sites pollués définitivement).
          - Criminalisation donc interdiction de la promotion, du commerce et de l’usage du nucléaire au-delà du niveau nécessaire pour les traitements de la santé.
          - Délai non extensible de vingt ans à compter du 1er juillet 2011 pour l’arrêt total de toutes les centrales nucléaires de la planète.
          - Rétorsion sévère à l’encontre des pays contrevenants : mise au ban international, voire intervention militaire internationale et occupation pour le temps nécessaire à faire cesser le crime.
          - Pour chaque pays ayant utilisé le nucléaire, responsabilité extrême et perpétuelle pour ses conséquences (accidents, pollutions) vis-à-vis des autres pays avec indemnisation des préjudices et des victimes.
          - Attribution systématique de la responsabilité du nucléaire industriel sur toutes affections ou maladies pouvant avoir comme cause la contamination ou les radiations nucléaires avec prise en charge totale des soins par le pays incriminé et ce sans avoir besoin d’avoir recours à la justice. Cette mesure indispensable, si elle peut paraitre excessive, devrait inciter les pays à plus de précautions dans le traitement des risques radioactifs.


          • RUE1793 31 mars 2011 00:14

            Droit d’ingérence sanitaire ?


            • Nometon Nometon 31 mars 2011 01:34

              Dans la ligne de votre billet, je vous suggère la lecture de cet article paru récemment dans Le Monde :
              http://www.lemonde.fr/idees/article/2011/03/17/le-nucleaire-est-un-bien-public-mondial_1494891_3232.html


              • francoyv francoyv 31 mars 2011 13:52

                à l’auteur

                Il est malheureusement irréaliste d’imaginer pouvoir mettre sur pied une réglementation universelle des règles de construction et d’exploitation de l’électronucléaire sauf à rester dans les généralités, ce qui existe déja : 1) à cause de la diversité des filières actuelles et pire, à venir ne sont pas réductibles à des règles uniques trop générales 2) parce que les nuances des aciers spéciaux pour les futurs réacteurs à haute température, graphite et Hélium capables aussi de produire de l’hydrogène ne sont encore pas disponibles 3) parce que les différences d’approches sont culturelles — et tant mieux , c’est ça qui amène de la diversité donc de la sécurité — 3) parce qu’on voit bien que vous ne savez pas ce qu’est de travailler dans un projet international, toujours un maelström désespérant où le consensus ne peut se faire in fine que sur le minimum (voyez le projet de réacteur à fusion ITER qui tous les 5 ans annonce le soleil en bouteille pour dans 50 ans et n’a toujours pas fourni la moindre lueur de bougie)

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