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Accueil du site > Actualités > Environnement > Du pétrole et des idées : comment sortir de notre dépendance (...)

Du pétrole et des idées : comment sortir de notre dépendance ?

Le pétrole est au coeur de notre capacité à nous déplacer. La mobilité des personnes et des biens nous semble un droit inaliénable alors qu'il dépend étroitement d'une ressource hydrocarbure que l'on nous trouve, sur notre planète, qu'à l'état de fossile dans des gisements de plus en plus inaccessibles. 

 

Toute la crise économique est analysée avec une distorsion extraordinaire : la majorité des observateurs oublie le rôle crucial que joue le coût des hydrocarbures dans la lente dégradation que subissent les économies occidentales depuis 30 ans.

Au coeur de nos modes de vie et de nos dépenses, depuis plus d'un demi-siècle, le pétrole a les vertus d'une évidence qui ne discute plus. Aucune piste crédible ne semble représenter une alternative à sa domination sur nos économies.

Les hydrocarbures ont un avantage énorme sur les autres vecteurs énergétiques : ils concentrent une puissance à l'unité de poids incomparable. On peut donc stocker et transporter une énergie considérable, bien plus facilement que dans des batteries ou un réservoir d'eau situé en hauteur.

Cet avantage comparatif exceptionnel explique la révolution des transports que nous avons connu au XXéme siècle : aujourd'hui un véhicule autonome d'une tonne peut transporter plusieurs quintaux de personnes et de marchandises sur plus de mille kilomètres. Le carburant nécessaire à cet exploit ne représente qu'une cinquantaine de litres d'un liquide au goût et à l'odeur caractéristique.

Depuis, aucune autre invention technique n'a pas dépasser ces performances. Cela explique l'échec déjà patent du pari de la voiture électrique individuelle.

Or, les temps glorieux du pétrole se terminent : inexorablement, le coût des hydrocarbures augmentent. Le pic de production étant atteint, on peut s'attendre, dans les années à venir, à voir les prix à la pompe augmenter de manière importante. Il est réaliste d'imaginer un litre de carburant à 2 voir 3 euros d'ici cinq ans, soit un plein d'une voiture entre 100 et 200 euros.

Il y a donc quelque chose de surréaliste à voir des candidats à l'élection présidentielle, défendre l'idée d'un moratoire sur les prix dont tout le monde se doute qu'il s'agit d'une annonce démagogique.

Les conséquences de ces augmentations risquent d'être dramatiques : un coût élevé pour les ménages et les entreprises, une nouvelle dégringolade pour une balance commerciale qui perd déjà l'équivalent de la facture pétrolière chaque année (60 milliards), une aggravation de la crise économique et donc de la crise de la dette pour l'économie française et mondiale.

La seule question qui vaille est donc bien la suivante : sur le plan de nos mobilités, comment imaginer des solutions réalistes et efficaces pour éviter ce désastre annoncé ?

Comment nous venons de le voir la solution du tout-électrique de Bolloré et de Renault ne semble pas à la hauteur du défi : l'autonomie faible de ces véhicules, le coût élevé des batteries condamnent ces voitures à des usages limitées : utilisation urbaine, essentiellement dans des flottes en auto-partage et en entreprises, avec des points de recharge balisés. Le péri-urbain qui habite à 50 kilomètres de son lieu de travail ne pourra pas s'en contenter et ne prendra pas le risque de l'acheter.

Le développement des hybrides semble davantage prometteur. Mais ces véhicules sont chers et lourds. Il en est de même des véhicules à hydrogènes, dont la technologies, encore fragile, semble prometteur. Il paraît difficilement concevable d'aller vers une planète automobile entièrement constitués de véhicules utilisant ces énergies.

De plus, avec la diminution des ressources en hydrocarbures, se profile un autre danger : celui du coût croissant des matériaux nécessaires à la construction de nos véhicules : acier, plastique et constituants des batteries vont voir leurs prix augmenter, parallélement à ceux du pétrole.

Notre planète ne pourra pas supporter des véhicules individuels complexes, utilisant des matériaux non renouvelables, pour tous les habitants. De plus, on sait que la congestion des agglomérations par les voitures individuelles comportent de nombreux effets négatifs. 

Que faut-il alors faire ? Voici un "plan de bataille" en quelques points :

1-"Profiter" de l'augmentation inéluctable du prix de l'énergie pour dégager des ressources financières permettant d'investir dans un nouveau système de mobilité. La conséquence positive de l'augmentation des carburants sera l'augmentation proportionnelle de la TIPP, impôt payé sur l'achat des carburants. On a alors trois possibilités :

-La démagogie : Diminuer la charge sur les ménages de l'augmentation des prix des hydrocarbures en utilisant des mécanismes de TIPP flottants. C'est généreux mais cela serait continuer à maintenir "la tête dans le sable" des populations qui seront confronté inévitablement à ces augmentations. Cette stratégie est donc utile sur le court terme mais catastrophique sur le long terme car seuls les plus riches pourront continuer à circuler dans des véhicules individuels.

-Le cynisme : utiliser les produits de ces augmentations comme un impôt et en profiter pour diminuer les déficits de l'Etat.

-Le réalisme : utiliser les produits de ces augmentations de la TIPP pour investir dans un nouveau système de mobilité qui nous permette de sortir de notre dépendance au pétrole. C'est le mécanisme des contributions incitatives.

2-La complexité des systèmes urbains autorise le développement de système de mobilités comportant de multiples vecteurs complémentaires. La réponse à la Berezina du pétrole n'est pas univoque. Elle prendra de multiples facettes :

a-Les énergies utilisées seront variées : véhicule léger utilisant des moteurs à très basse consommation, probablement utilisant comme carburant du gaz méthane, flotte de véhicules électriques en partage dans le monde urbain, véhicules performants collectifs fonctionnant à l'hydrogène ou en hybride.

b-Le véhicule individuel (une personne possédant un véhicule) va progressivement laisser la place à des système de partage combinant différents vecteurs de transport. Deux systèmes vont coexister :

-la location de véhicule à la demande : deux roues ou petites voitures. Les centrales de location seront installés partout : dans une copropriété (à l'usage exclusif de ses habitants), dans les supermarchés, les parkings, les services publics. La multiplication progressive des lieux de location va rendre obsolète et coûteux son "propre" véhicule puisqu'on trouvera partout son équivalent. 

-la multiplication de véhicules collectifs (taxis, petits bus) équipés de propulsion hydrogène ou hybride gaz/électrique. Fonctionnant sur des lignes souples, ces véhicules seront de plus en plus nombreux. Leurs fréquences de passage va augmenter en conséquence. Les pouvoirs publics vont favoriser leur accès au sein des agglomérations (couloirs de circulation, tunnel d'accès au centre ville qui leur sera réservé) 

c-Au coeur de ces nouveaux systèmes de mobilité : le téléphone mobile. Grâce à la géolocalisation et au paiement automatique, l'usager cherchera le lieu de location ou la ligne de transport le plus proche, réservera son véhicule ou son taxi collectif à l'avance et paiera son trajet.

3-Avoir une politique volontariste qui favorise l'émergence de ces nouveaux systèmes de mobilité. On peut laisser faire l'économie libérale en ce domaine. Mais on risque alors de voir les riches rouler dans de puissants véhicules hydrogènes et une partie croissante de la population se contenter de mauvais bus. Mener une politique volontariste, c'est transformer la TIPP en des contributions incitatives qui vont permettre d'investir :

-dans les stations de partage de véhicule

-dans les lignes et les taxis collectifs

-dans l'accompagnement des nouvelles énergies : électrique, hydrogène, gaz

-dans les mutations de l'industrie automobile, centrée sur la voiture individuel, vers les véhicules collectifs.

Conclusion : le personnel politique a souvent une vision à court terme des problèmes de mobilité. Il est vrai qu'il est soumis à ses propres représentations et à ses propres usages. Passer de notre véhicule personnel, dont nous sommes propriétaires, dont il nous suffit de prendre la clé pour se mouvoir, à un autre système où on prend son mobile pour appeler ou chercher un véhicule représente une révolution mentale qui va mettre des décennies à s'imposer. Cette révolution est pourtant indispensable si nous ne voulons pas voir les voitures individuelles réservées à quelques privilégiés pendant que la majorité de la population ira s'entasser dans des bus.


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11 réactions à cet article    


  • yt75 16 avril 2012 09:17

    A propos de pétrole et du pic de production, à signaler une tribune/« appel aux candidats » publiée jeudi 22 mars sur lemonde.fr, « mobiliser la société face au pic pétrolier »
     
    Signée par :
     
    Pierre René Bauquis – Ancien Directeur Stratégie et Planification du groupe Total
    Yves Cochet – Député Européen, ancien Ministre de l’environnement
    Jean-Marc Jancovici – Ingénieur consultant, Président de The Shift Project
    Jean Laherrère – Président ASPO France, ancien patron des techniques d’exploration du groupe Total
    Yves Mathieu – Ancien chef du projet Ressources pétrolières mondiales à l’Institut Français du Pétrole
     
    Texte de la tribune et possibilité de se joindre à l’appel en ligne ci-dessous :
    http://tribune-pic-petrolier.org/


    • yt75 16 avril 2012 09:18

      Sujet important s’il en est un, et effectivement quasiment ignoré (directement ou par omission) par les politiques actuellement, ne pas hésiter à signer et relayer !
      http://tribune-pic-petrolier.org/


      • Soi Même 16 avril 2012 13:13

        Il existe des techniques qui on jusqu’à présent on été tue dans l’œuf, elles ne pourront éclore quand cette vie politique serra moral et sera reconquérir sa place faces au pouvoir Financier.
        C’est l’ultime condition pour quelle puisse naître.


        • jacques lemiere 16 avril 2012 19:47

          Les états unis ne préparent elles pas des carburant mix avec du gaz ( de schiste)


          La question centrale du fameux pic pétrolier c’est quand il se produira...ce qui change tout...10 ans ou 30 ansce n’est pas pareil pour le roulant ; notez que si on exploite les gaz de schiste ça repousse le picounet......
          ah oui ajoutons l’effet de serre...donc on ne doit pas exploiter le pétrole à cause du climat et on va manquer de pétrole ( ne pas exploiter une ressource qui va manquer ???)
          Vous prétendez survoler le débat , je ne suis pas certain que ça amène grand chose au pequin de base...
          EN fait vous voulez surtout nous convaincre que la fiscalité environnementale , taxe carbone et cie est utile, et tiens ! c’est votre spécialité..curieux.
          A mon opinion, vous aurez un problème c’est que les gens n’accepterons probablement pas de taxer une ressources qui augmente car elle se raréfie en vertu du principe que les gens sont écolo en parole mais pas en acte.
          Votre discours est politique, si il ne l’est pas donnez moi l’évolution du prix du pétrole que je sache quoi faire..

          Bordel si il n’y a plus de pétrole , les gens rouleront autrement ou ne rouleront plus, en attendant, vous gagnez votre croûte avec la fiscalité environnementale sans être capable de dire si vous apporterez une quelconque solution....on est très étonné quand on voit celle que vous proposez et on se demande pourquoi il faudrait une fiscalité environnementale pour les mettre en oeuvre !

          Je vois surtout un specialiste de la fiscalité environnementale qui veut me convaincre que la fiscalité environnementale c’est super...ça me fait tiquer/

          • lerenard lerenard 16 avril 2012 19:51

            vous êtes gentil de parler de location taxi est autre mode de transport c’est valable en ville mais quand on habite dans des coins reculé et mal desservi on a pas d’autre choix que le véhicule personnel et à par utiliser si on as de la place une carriole à cheval nous n’avons guère de solution mais le pétrole de synthèse pour ne pas dire biologique existe depuis 1947 inventé par un biologiste mr laigret pourquoi ne le fabriqu’ons pas ? 


            • lerenard lerenard 16 avril 2012 20:22

              et aussi pourquoi donc les navires pétrolier tournent en rond en attendant une augmentation du baril est ce normal ?


              • Crevette Crevette 16 avril 2012 23:12

                Je serais d’accord avec cet article s’il remettait en cause la mobilité, perçue comme un acquis.

                C’est une erreur !

                la voiture électrique ou à hydrogène de masse sont une illusion.
                L’approvisionnement de Rungis posera problème bien avant que les problèmes de mobilité individuelle soient résolus. Pour l’instant, pas de bagnole électrique de masse, comme évoqué dans l’article, faute de centrales. L’hydrogène est un vecteur (comme l’électricité) il faut de l’énergie (pétrole ou nucléaire) pour en produire.

                Aujourd’hui, on ne trouve que des hybrides chez le concessionnaire.

                La 1ère chose à réviser est la mobilité de masse.
                Ensuite l’isolation et le chauffage.

                Les seule solutions sont la relocalisation, la souveraineté alimentaire, la sobriété.


                • titi titi 16 avril 2012 23:54

                  « La 1ère chose à réviser est la mobilité de masse. »

                  Ce qui revient à dire... supprimer les vacances...


                • brieli67 16 avril 2012 23:56

                  un bon début serait d’économiser 


                  plus de stand-by ces petites diodes rouges de nos multiples z’appareils : une à deux centrales en France rien qu’en coupant les machines......

                  le « smog » de luxe et de luxes la nuit....... que de clochers et de rues et de façades et de magasins illuminés la nuit....

                  la mobilité ? le plus cher en attendant c’est la construction de voies de communications.... complètement farfelue une autoroute a son flux-débit que sur au max de 4 heures, le rezstant du temps 2oh de vide !!

                  faisons l’éloge et battons nous pour le télétravail..... à domicile par exemple
                  mais nos patrons et nos petits chefs veulent voir le « bétail » corvéable dans ses locaux.

                  et puis...... désacralisons le 22o volts 
                  que d’énergie qui se perd entre redressement du courrant par les transfos et autres pompes à électrons......


                  Question chauffage........ arrêter de construire à tous vents et à toutes hauteurs.....
                  troglodytes.......... dites......

                  creuser dans le sol et très profond.......... 

                  retour aux cavernes !!

                  • titi titi 18 avril 2012 00:06

                    « faisons l’éloge et battons nous pour le télétravail..... à domicile par exemple »

                    Le télétravail je le pratique depuis 10 ans.
                    Et je constate que tout le monde n’est pas fait pour le télétravail.

                    J’ai eu le cas d’un salarié qui pleurait parcequ’il ne voyait personne de la journée. Il a fini par partir.
                    J’ai eu le cas d’un salarié qui ne comprenait pas que même à son domicile il devait appliquer des horaires correspondant à ceux de nos clients. C’est moi qui l’est fait partir (bien que je pense que c’est plutot son épouse qui ne comprenait pas que le fait d’être à la maison ne signifiait pas êter dispo pour les courses...)

                    Le télétravail c’est pas simple...

                     


                  • Soi Même 17 avril 2012 19:27

                    Il serrait bien de pensé qu’il existe d’autre énergie que les énergie fossile et l’électricité.
                    Qui son tous aussi crédible et bien méconnues des esprits cartésiens matérialistes de notre époque.

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