L’exposition à ces bactéries peut engendrer des troubles intestinaux ou des cystites, plus ou moins graves, en fonction de la virulence des bactéries. Potentiellement, cette eau contaminée peut également être à l’origine de cas de méningites ou d’hépatites.
En 2011, des centaines de coupures ont été prononcées – heureusement suffisamment tôt pour éviter les drames sanitaires – sur tout le territoire pour cause de contaminations bactériennes.
Ces incidents sont souvent liés à des insuffisances dans le dosage de la chloration ou à une mauvaise étanchéité du captage et du réseau.
En Juillet 2011,
185 000 usagers de la région de Bordeaux apprennent que leur eau courante est contaminée par un polluant industriel : le perchlorate d’ammonium. Un produit utilisé pour la fabrication de missiles par une usine d’armement en Gironde.
Dans le Bordelais, ces taux de perchlorate d'ammonium ont dépassé les 30 microgrammes par litre. Or le seuil maximum établit par l’Anses est de 15 microgrammes pour les adultes et de 4 micro-grammes pour les nourrissons.
Problème : jusqu’en 2011, le perchlorate d’ammonium ne faisait pas partie des produits contrôlés pour déterminer la potabilité de l’eau.
Ce qui laisse penser que ces pollutions sont probablement très anciennes. Pendant combien de temps les consommateurs ont-il été exposés ?
On sait que ces pollutions peuvent engendrer un déficit d’hormones tyroïdales et affecter la santé des nourrissons de moins de 6 mois.
Par ailleurs, de façon plus ponctuelles, d’autres pollutions industrielles sont régulièrement mentionnées dans les bulletins d’alertes : hydrocarbures à Toulon, antimoine dans le Gard ou arsenic dans le Var.
Plus inquiétant, ces incidents ne révèlent en réalité que la face visible des pollutions industrielles. Car parmi les milliers de polluants rejetés par l’industrie, nombreux sont ceux qui ne font pas l’objet de contrôles spécifiques pour évaluer la qualité l’eau.
Nitrates et pesticides dans la France agricole
En Bretagne, en Champagne ou dans le Nord, les coupures liées à des dépassements en matière de nitrates et pesticides sont à la fois trop fréquentes et trop rares.
Fréquentes, car ces coupures liées à des pollutions agricoles ont touchés plus de 30 000 personnes en 2011.
Rares, car on sait que ces coupures auraient dû toucher au moins un million de personnes. Selon Que Choisir, il s’agit du nombre de personnes qui ont consommé une eau non-conforme en matière de pesticides et nitrates en 2011.
Plus grave encore, cet écart, entre la population réellement exposée et la population informé de non-conformité de l’eau, augmentera considérablement en 2012.
Un décret adopté au début de l’année –et révélé par l’association Générations Futures- autorise un doublement des teneurs en pesticides dans l’eau de consommation.
Si les incidents liés aux pesticides devraient officiellement diminuer, la qualité de l’eau continuera d’empirer !
Une stratégie irresponsable quand on sait que que des centaines d’études établissent un lien entre une exposition prolongée aux résidus de pesticides ou aux nitrates, et l’apparition de différentes pathologies comme les cancers (de la vessie, de l’estomac, etc), la maladie de Parkinson, des problèmes de fertilité, des complications pour les femmes enceintes ou des risques sanitaires pour les nourrissons de moins de 6 mois.
Conclusion
Aujourd’hui la
carte des coupures d’eau témoigne de la dégradation des ressources et du réseau d’eau courante en France. Mais témoigne-t-elle déjà des prochaines maladies –liées à des pollutions agricoles ou industrielles- qui toucheront certaines régions ?
Certes, le système d’alerte sanitaire en vigueur nous protège efficacement contre les risques les plus spectaculaires, comme les maladies hydriques qui touchent les pays sous-développés.
Mais ce système aura toujours un temps de retard pour mettre fin à l’exposition répétée de nos organismes aux polluants agricoles ou industriels qui impactent notre santé à moyen et long terme.