Eaux minérales, du rêve au cauchemar
Qu’il est merveilleux ce monde qui nous est proposé dans les campagne publicitaires des eaux minérales : Contrex, Evian et les autres abreuvent leurs agences de publicité d’un flot continu d’euros pour nous présenter un monde merveilleux ou la nature est reine et les eaux minérales pourvoyeuses de santé et de bien être. Mais ces images idylliques sont là pour nous faire oublier que le tableau est beaucoup moins agréable, puisque la nature se passerait volontiers des 170 000 tonnes de plastiques nécessaires pour la fabrication des bouteilles et des millions de tonnes de CO2 émises pour les transporter et... les recycler (ces chiffres ne concernent que la France) ! Quand aux bienfaits diététiques de ces eaux, le seul amaigrissement sensible et constaté est celui de nos portefeuille, puisque l’eau minérale est en moyenne 200 fois plus chère que l’eau du robinet.
Des initiatives se multiplient pour dénoncer le scandale écologique que représente cette industrie. Aux États-Unis une Conférence des maires a voté une résolution appelant les municipalités à abandonner l’eau en bouteille et à promouvoir l’importance des réserves publiques d’eau potable, la municipalité de Londres impose l’eau du robinet dans les restaurants (campagne London on tap). En Australie une ville a même purement et simplement interdit l’utilisation des eaux en bouteille. Même si toutes ces initiatives sont encore peu coordonnées, si l’on ajoute le contexte de la crise économique, les groupe comme Nestlé, Danone et compagnie sont inquiets pour leur chiffre d’affaire. Le secteur a enregistré une baisse de plus de 7% des ventes. Quand on sait qu’Evian réalise 10% du chiffre d’affaire du groupe Danone, on comprend rapidement que les enjeux sont énormes.
Donc pas question de laisser s’installer dans l’opinion publique l’idée que la consommation d’eau en bouteille est une catastrophe écologique.
Alors tous les moyens sont bons. Danone vient, par exemple, de lancer une campagne de publicité dans le magazine « Coté mômes », diffusé dans les maternités et les hôpitaux, sous la forme d’un article de quatre pages intitulé : « Pour la santé des bébés et des mamans... Quelle eau choisir ? » Si la méthode est plus que spécieuse (une publicité déguisée en article), le fond l’est encore davantage : le code couleur utilisé est bien sûr celui d’Evian et tout au long de l’article, des spécialistes et des médecins instillent pernicieusement le doute dans l’esprit des lectrices quant au bien fondé de donner l’eau du robinet aux enfants :
« certes, l’eau du robinet est utilisable pour votre tout-petit, mais il suffit d’une fois... »
« ne vous inquiétez pas, avec tout le chlore et les produits chimiques qu’on met dedans, il n’y a que le problème des canalisations en plomb... »
« bien entendu, pas de risque, si vous pouvez par vous-même contrôler en continu sa qualité... »
La polémique récente lancée par le docteur Servan-Schreiber, recommandant aux personnes malades du cancer ou qui sont passées par la maladie de ne boire quotidiennement de l’eau du robinet que si elles sont sûres de sa qualité est venue jeter un pavé dans la mare et semble très opportune pour les vendeurs d’eau minérale et de source. De là à imaginer que tout cela participe d’une stratégie commerciale organisée est un pas que je ne franchirai pas...
Et pourtant il existe une solution très simple, efficace et financièrement bien moins onéreuse que l’achat de bouteilles d’eau : l’utilisation d’un osmoseur domestique. L’installation de cet appareil est simplissime et permet d’obtenir une eau parfaitement pure. J’utilise un osmoseur à la maison depuis plusieurs années et l’eau d’origine est puisée dans la citerne... (voir l’encadré). Ce système est tellement efficace que les communes devraient financer une partie du coût de l’acquisition (à partir de 350 euros, à comparer au budget eau minéral d’une famille de 4 personnes, proche des 800 euros par ans).
L’osmose inverse
L’osmose inverse est un système de purification de l’eau contenant des matières en solution par un système de filtrage très fin qui ne laisse passer que les molécules d’eau.
Considérons de l’eau comportant des solutés, particulièrement du sel. Si l’on met deux solutions de concentrations différentes de chaque côté d’une membrane filtre, l’eau franchit celle-ci jusqu’à ce que les concentrations s’équilibrent : c’est le phénomène de l’osmose. En exerçant une pression hydrostatique (entre 50 et 80 bars), on dépasse la pression osmotique et on force l’eau à franchir la membrane dans un sens, ce qui permet d’obtenir d’un côté un plus grand volume (environ 70% à partir de l’eau de mer océanique) d’une eau dont les solutés sont plus dilués (donc d’une eau plus pure), et de l’autre côté un plus petit volume d’une eau plus concentrée, qui sert de piston.
Ce procédé a été utilisé pour la première fois par la US Navy pour fournir de l’eau potable aux sous-mariniers. Il est utilisé aujourd’hui de façon industrielle pour la purification de l’eau et le dessalement de l’eau de mer.
Plusieurs industriels vendent de l’eau osmosée dans les pays qui ont peu de ressources en eau potable, et intègrent de l’eau osmosée dans leurs sodas.
L’osmose inverse est également facilement accessible au particulier : les osmoseurs sont alors composés de cartouches. Les modèles les plus répandus utilisent trois cartouches. La première cartouche est un filtre à sédiments d’une porosité de 5 à 10 µm. Cette cartouche est destinée à retenir toutes les impuretés solides présentes dans l’eau. La deuxième cartouche est un filtre à charbon actif qui permet de neutraliser le chlore afin de protéger la membrane. Enfin la troisième cartouche démontable reçoit la membrane d’osmose inverse. Cette cartouche comporte une sortie d’eau osmosée et une sortie des concentrats. Cette dernière sortie passe au travers d’un restricteur de débit qui permet à la membrane d’être rincée en permanence de façon optimale. La cartouche de préfiltration et la cartouche au charbon actif doivent être remplacées régulièrement, lorsque leur pouvoir de filtration est atteint. Le non remplacement de ces cartouches conduit à une dégradation du rendement de production et une usure prématurée de la membrane. Certains modèles plus économiques d’osmoseurs n’ont qu’une seule cartouche de préfiltration assurant à la fois la pré filtration mécanique et la filtration sur charbon. Ces petits osmoseurs ont un débit théorique journalier très faible (50, 75 ou 100 GPD soit 190, 290 ou 380 litres par jour). Le débit réel est généralement plus faible et dépendra de la pression, de la dureté, et de la température de l’eau. Lorsque la pression d’eau du réseau n’est pas suffisante, il est possible d’insérer une pompe booster destinée à augmenter la pression d’eau sur la membrane afin d’améliorer le rendement qui peut varier entre 10 % (10 l d’eau consommés pour 1 l d’eau osmosée produite) et 50 % (2 l d’eau consommés pour 1 l d’eau osmosée produite).
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