EELV beugle et la transition énergétique trépasse
Europe Ecologie-Les Verts n’en finit pas de toucher le fond et creuse encore. Le traintrain quotidien pour le parti écologiste depuis l’élection présidentielle de 2012, me direz-vous. Le Parti est en ruines, rongé par des dissensions internes sanglantes qui ne mènent à rien. Pendant ce temps, la politique environnementale et énergétique s’élabore sans eux. Une conséquence autrement plus dommageable compte tenu de l’importance des enjeux.

Avec un score peu glorieux de 2,31 % aux présidentielles, force est de constater que les écologistes partaient de loin pour intégrer le gouvernement. Le problème est qu’une fois aux manettes c’est l’écologie qui est aux oubliettes.
Dans son équipe, Jean-Marc Ayrault n’en a sélectionné que deux (de trop ?) : Cécile Duflot au Logement et Pascal Canfin à la Coopération. Mais ces deux maroquins suffisent à faire imploser le Parti. Inexpérimentés et incapables de se confronter à l’exercice du pouvoir, les Verts se déchirent autour de cette participation gouvernementale. Et, comme cela a souvent été le cas dans l’histoire du Parti, les conflits d’ambitions ont été prompts à réapparaître.
Chefs de clan et batailles d’égos
Dans ce jeu de massacre, Daniel Cohn-Bendit a tiré le premier. Ses cibles : « la patronne de la firme », Cécile Duflot, et celui qu’on surnomme le « Cardinal », Jean-Vincent Placé, chef du groupe écologiste au Sénat. De fait, à eux deux, ils tiennent les rênes du Parti et divisent pour mieux régner. Insupportable pour Noël Mamère, ne ratant jamais une occasion de faire crépiter les flashs des journalistes. Et, plus dommageable, insupportable pour Pascal Durand, le discret secrétaire national, désigné à ce poste précisément pour ne pas faire d’ombre aux deux thénardiers.
Cécile Duflot et Jean-Vincent Placé, ancien couple (oui oui, on n’en parle pas, discrétion sur la privée oblige, mais c’est avéré) semblent donc avoir conservé de bonnes relations. Au Congrès de Caen, sommés d’éteindre le feu, ils ont fait élire leur vassale Emmanuelle Cosse, laquelle face à la presse a maladroitement donné le change, susurrant du bout lèvres que « trouver un second souffle » est nécessaire.
D’ailleurs les apparatchiks commencent à partir, à l’image d’Isabelle Attard, députée écologiste du Calvados. Excédée par la direction de son parti et par son « action » gouvernementale, a déclaré « La première déclaration de notre nouvelle secrétaire nationale a été de dire que nous appartenons à la majorité gouvernementale. Ce qui me déçoit, c’est notre façon de fonctionner, nos divisions, les luttes pour chaque poste ».
On ne saurait mieux dire… Et avant de claquer la porte, elle assène une petite gifle additionnelle. « On arrivait encore à encaisser jusqu’à la fin de l’été […], mais il y a eu le report de la transition énergétique, l’allongement de la durée de vie des centrales nucléaires de dix ans […]. Sans oublier l’écotaxe, l’affaire Leonarda, la non-révision du CICE fait sans aucune conditionnalité écologique ou sociale et la hausse de la TVA », se répand-elle dans la foulée.
Courage, fuyons !
Au travers de ce grand déballage, confirmant un peu plus l’incapacité intrinsèque des Verts à gouverner, Isabelle Attard appuie néanmoins là où ça fait mal. Les écologistes n’ont même pas été capables de défendre une politique… écologique et énergétique digne de ce nom. Le débat sur la transition énergétique a fait pschitt, les énergies renouvelables ont du plomb dans l’aile avec la fin annoncée des subventions et la révolution des réseaux intelligents semble passer à quinze milles au-dessus de leur tête.
Or la transition énergétique se bâtit aujourd’hui. Les investissements (d’avenir) doivent être ambitieux et présentés pédagogiquement aux Français pour qu’ils puissent être acceptés. Les réseaux intelligents représentent les moyens d’honorer l’objectif de réduction de la consommation d’énergie. Ils permettent la rationalisation de la consommation, l’inclusion des énergies vertes et la sécurité de l’approvisionnement. Au lieu de s’écharper entre eux, Cécile Duflot et sa clique feraient donc mieux de travailler pour faire avancer des projets tels que Grid4EU, le plus grand projet de réseaux intelligents d’Europe, justement chapeauté par ERDF, une entreprise tricolore.
Mais non, s’abritant derrière la victoire, temporaire, du gaz de schiste, et s’agrippant à leurs strapontins gouvernementaux, les Verts ont relégué au second plan l’essence même de leur mission. Déplorable, tant les enjeux sont immenses. De retour de Varsovie où s’est déroulée une parodie de conférence sur le climat, Pascal Canfin n’a pas hésité à s’associer à Philippe Martin et Laurent Fabius pour déclarer sa satisfaction…
S’ils continuent de creuser, les écologistes finiront par trouver du gaz de schiste !
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