Esprit du Pacte, es tu là ?
Près de 2 mois après la signature en grande pompe du Pacte écologique de Nicolas Hulot et de sa fondation, le principal intéressé s’inquiète de voir l’environnement relayé au stade de gadget électoral. Quel bilan en tirer ?
Le 31 janvier dernier, dix candidats déclarés à l’élection présidentielle s’étaient rués au Quai Branly pour jurer fidélité au Pacte écologique de Nicolas Hulot devant un parterre d’ONG et de caméras, comme pour remercier l’animateur de télévision d’avoir suspendu son « ingérence politique ».
En préambule de son intervention, France Gamerre, Présidente de Génération Ecologie, avait prévenu : « Signer un pacte en période électorale, ce n’est pas tout. Cette sorte de contrat moral qui ne prévoit ni gendarmes ni sanctions, n’aura d’effet que si les contractants en respectent les termes au-delà du premier tour. Or, il y a deux types de signataires : ceux qui sont convaincus et ceux qui signent par opportunisme. C’est donc autant dans la personnalité du contractant, que dans le contenu du pacte, que résidera l’avenir ».
Sur les dix candidats qui ont passé le grand oral le 31 décembre dernier, cinq sont encore en piste pour l’Elysée. Près de 2 mois après cette pirouette médiatique, que reste t il du fameux Pacte écologique ?
Nicolas Sarkozy s’est affranchi d’une des principales propositions contenue dans le Pacte Ecologique en annonçant son rejet d’un moratoire sur les OGM. Le candidat de l’UMP a toujours affirmé qu’il entendait rester « un homme libre », a forciori depuis son départ de la place de Beauvau. On était prévenu...
A gauche, on savait déjà que Ségolène Royal se prenait pour la France, elle s’auto proclame désormais comme « la vrai candidate de l’écologie ». Le volet environnemental de SON Pacte (encore un !) présidentiel se résume pourtant à un bain d’eau tiède. Pour ne prendre que l’exemple de l’énergie, l’augmentation de 20% de la part des énergies renouvelables qu’elle propose dans le bouquet énergétique français, est d’ores et déjà inférieure à celle préconisée par l’Union Européenne. Les autres mesurettes déclinées manquent à la fois d’ambition et de chiffrage. Mais passons car il n’y a rien d’étonnant, la médiocrité est monnaie courante chez la candidate socialiste.
Du côté des Verts, la situation n’est pas plus réconfortante : Dominique Voynet dégringole à 0.5% d’intention de vote dans les sondages. Dans le même temps, Nicolas Hulot lui témoigne son estime mais lui refuse son soutien ; les électeurs comprendront... L’émulation crée un temps autour de l’hypothétique candidature de Nicolas Hulot illustre le peu de crédibilité dont disposent les Verts en matière de défense de l’environnement, malgré 5 années à la tête du Ministère de l’Ecologie (dont 4 au compteur de l’actuelle candidate) et un groupe à l’Assemblée nationale.
Au final, la signature ce Pacte aura été une façon de se dédouaner de l’Ecologie, « la B.A. » de la campagne en quelque sorte. Aucun n’a pris la mesure de l’urgence écologique, aucun n’a fait du Développement durable le prisme de son projet.
Le constat est largement partagé. Les dernières réminiscences d’ingérence politique de Nicolas Hulot lui-même en sont la meilleure illustration. Jean-Marc Jancovici, membre du comité de veille écologique de la Fondation Nicolas Hulot, estime quant à lui que « les candidats s’assoient sur le Pacte écologique ». La démarche de Nicolas Hulot trouve ici ses limites.
France Gamerre avait conclu son discours ainsi : « Mais que des loups se vêtent d’une peau de mouton pour approcher le troupeau et abuser les chiens de bergers, cela est monnaie courante, car je ne crois pas que la colombe de la grâce écologique ait touché subitement des candidats, qui, depuis plusieurs décennies, sont responsables de la politique productiviste qui nous a menée où nous en sommes ». Tout est dit...
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