Fallait pas allumer le feu !

C’est ce qu’a fait Adrien Desport, auparavant numéro 2 du FN dans son département, afin de glaner des voix pour l’emporter éventuellement lors des élections départementales où il se présentait.
En effet, jugeant peut-être que le quota de voitures brûlées n’était pas atteint, pour mieux légitimer sa profession de foi, laquelle évoquait l’insécurité dans sa bonne commune de Mitry-Mory (Seine et Marne), reprenant le flambeau de son parti, il avait lui-même mis le feu à quelques voitures supplémentaires. lien
Aidé dans sa tâche par 5 complices, c’est le 6 et le 9 avril 2015 que la petite bande avait mis le feu à 13 voitures. lien
Il voulait se servir de ces incendies pour appuyer ses propositions de « mise en place de caméras dans les zones sensibles, et permettre la création d’un service de police municipale armée afin d’éliminer le sentiment d’insécurité ». lien
La justice l’a finalement condamné à 4 ans de prison dont 3 ans ferme (lien), allongeant encore un peu plus la liste des élus FN condamnés par la justice. lien
Ajoutons pour être complet qu’Adrien Desport était secrétaire départemental adjoint et responsable de la communication de la Fédération de Seine et Marne du Front National. lien
Hier, un autre élu FN a été condamné par la justice pour avoir trompé des personnes âgées et a écopé d’une amende de 5000 €. lien
Oublions ces peu recommandables tristes sires et intéressons-nous à d’autres incendies, lesquels sont les conséquences de la culture de l’huile de palme, dont l’Indonésie est le 1er producteur mondial.
Dans l’indifférence quasi générale, alors que ce tragique évènement est considéré comme la catastrophe la plus importante du 21ème siècle, une bonne partie du pays est la proie des flammes.
L’Indonésie est en effet l’objet depuis le mois de juin d’un immense incendie, somme de plusieurs incendies conjugués, lequel devait s’éteindre naturellement en septembre, grâce aux moussons, mais El Nino faisant des siennes, les pluies attendues ne sont pas venues, et l’incendie est en train de prendre des proportions dramatiques. lien
On en imagine encore mal les conséquences, mais déjà le gouvernement philippin a annulé des vols, placé des hôpitaux en état d’alerte, conseillant aux personnes ayant des problèmes respiratoires de ne pas sortir. lien
Le 7 octobre dernier, Greenpeace à publié des images aériennes, prises par un drone, montrant les dégâts gigantesques déjà provoqués.
Des écoles ont été fermées, parfois temporairement, et des dizaines de milliers de personnes souffrent d’infections respiratoires en raison du brouillard nocif provoqué par ces incendies. lien
Les Philippines ne sont pas le seul état touché, car aujourd’hui, c’est toute l’Asie du Sud-est qui est concernée par le dégagement de ces fumées toxiques.
D’après Marion Zipfel, journaliste française indépendante qui vit à Singapour depuis 6 ans là bas, la « saison des fumées » ne s’est jamais éternisée si longtemps : « parfois les fumées des feux de forêts venant d’Indonésie arrivent en juin, mais cette année, la sécheresse persistante a prolongé le phénomène dans une dimension jamais atteinte (…) tout le monde porte des masques et on scrute en permanence les sites Internet qui annoncent les niveaux de pollution, très toxique, mais aucune étude n’a jamais été faite sur l’impact de ces fumées sur la santé. ».
En quelques mois, ce sont près de 2 millions d’hectares de forêt qui ont été détruits, concernant les iles de Sumatra, Bornéo, dans la province de Kalimantan.
D’après les experts, entre 1990 et 2010, 8,7 millions d’hectares sont déjà partis en fumée en Indonésie, Malaisie, et Papouasie, soit 2 fois la région Rhône-Alpes.
À ce rythme, d’après un rapport du PNUE (Programme de Nations Unies pour l’Environnement) 98% des forêts de ces pays auront disparu en 2022, alors qu'elles représentent les ¾ du pays.
Ajoutons pour la bonne bouche que c’est à cause de la destruction de ces forêts que l’Indonésie est le 3ème producteur mondial de gaz à effet de serre. lien
À Palangkaria, ville de 240 000 habitants, les populations se ruent dans les cliniques les plus proches afin d’utiliser l’un des 10 réservoirs à oxygène, et 3 bateaux de guerre, transportant des équipes médicales, des masques, sont en route pour les régions les plus touchées. lien
Un autre journaliste, Georges Monbiot, s’alarmait dans les colonnes du « Gardian » du silence des journalistes locaux, affirmant qu’il s’agissait de la plus grande catastrophe de notre 21ème siècle, car elle avait déjà entraîné des infections respiratoires chez 500 000 personnes.
On ne peut pas non plus passer sous silence le drame vécu par les orangs-outans, espèce protégée, et qui payent durement cette exploitation honteuse des forêts. lien
Chaque année, 1000 d’entre eux sont tués par les braconniers, ou meurent suite à la déforestation, alors que la moitié des 70 000 d’entre eux vivent dans les zones exploitées pour la production d’huile de palme.
À ce rythme, plus grand monde ne doute de la prochaine disparition de ce magnifique animal.
Le gouvernement indonésien a finalement avoué, à la mi-octobre, être dépassé par la situation, acceptant l’aide d’hélicoptères et bombardiers de Singapour et de Malaisie, afin de tenter d’enrayer tous ces incendies, mais refusant pour autant l’aide de la communauté internationale, malgré la pression des ONG.
Pour l’instant, les 2000 militaires réquisitionnés n’ont pu venir à bout de la catastrophe, et tout le monde continue d’attendre une pluie qui ne vient toujours pas. lien
Cette catastrophe écologique, menaçant de nombreuses espèces animales, est la conséquence de la culture généralisée de l’huile de palme, l’Indonésie en étant le 1er producteur mondial, devant le Brésil.
La Malaisie et l’Indonésie produisent 85% de la production mondiale, soit 48 millions de tonnes d’huile de palme. lien
Cette même huile de palme si consommée en France, représente, d’après le Crédoc, (centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) 1kg par personne et par an, et a envahi notre alimentation : chips, soupes lyophilisées, pâtes à tartiner, chocolat, fromage râpé, pâtes à tarte, plats préparés, etc. lien
Il faut avoir laissé un pot de Nutella dans une voiture, en plein soleil, pour constater quelle quantité d’huile de palme entre dans la composition du produit…et le peu de chocolat qu’elle contient. vidéo
Question santé, cette huile de palme n’est pas idéale, et les spécialistes de la nutrition affirment que sa concentration en acides gras saturés contribue aux risques de maladies cardio-vasculaires en augmentant drastiquement le taux de mauvais cholestérol. lien
Auparavant, les matières grasses utilisées dans nos produits courants de consommation étaient des huiles de colza, de tournesol, mais le prix attractif de l’huile de palme a emporté l’adhésion des industriels de l’agro-alimentaire.
Si elle a tant de succès, c’est que le palmier qui la produit pousse très vite : en 3 ou 4 ans, il produit des noix dont la pulpe facile à extraire se transforme en une graisse utilisée dans l’industrie alimentaire.
Ajoutons que le rendement du palmier à huile à des rendements à l’hectare bien supérieurs à ceux des autres plantes oléagineuses : 8 fois plus que le soja, et 6 fois plus que le colza. lien
Alors brûler des millions d’hectares de forêts, abimer les poumons de centaines de milliers de personnes, prendre le risque d’une maladie cardio-vasculaire, participer à la destruction d’espèces protégées pour quelques pots de pâte à tartiner, Le jeu en vaut-il la chandelle ?
Comme dit mon vieil ami africain : « le chat mordu par un serpent craint même une corde ».
L’image illustrant l’article vient de fao.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse.
Olivier Cabanel
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