Futuna : le cyclone Tomas, pire que Raja
Dans le Pacifique, le cyclone Tomas a touché les îles françaises Wallis et Futuna dimanche dernier (14 mars). Si Wallis a été relativement épargnée, Futuna a été dévasté.
Après le passage de Tomas, c’est le mot unanime des futuniens : « c’est pire que Raja ». Pourtant après Raja, qui avait dévasté l’île en 1986, il avait fallu 5 ans d’effort pour tout reconstruire.
Dimanche 14 Mars, à 16h, heure locale, au pire moment du cyclone, chez moi on pouvait observer un vent moyen entre 160km/h et 180km/h avec des rafales à plus de 200km/h.. Le délégué du préfet nous a même annoncé aujourd’hui qu’il y avait eu des rafales de 280km/h ; de toute façon, l’anémomètre de la station météo de l’aéroport a été arraché.
Dans mon village, Kolia, toutes les maisons ont subi de sérieux dégâts. Les « falé » traditionnels ont été les premiers à s’écrouler ; celui de mon voisin est tombé dès 11h ; sur plus de 50 falés que compte le village, seuls deux restent debout. Les « maisons en dur » ont résisté un peu plus longtemps, mais les grosses bourrasques de l’après-midi ou de la soirée ont généralement eu raison des toitures....
Les dégâts sont similaires dans les villages d’Ono et de Sisia. A Ono, même le toit de l’église -dernier refuge des habitants- s’est envolé. L’école d’Ono a perdu son toit. Le collège de Sisia est hors d’usage : il restera fermé au moins 4 semaines.
Léava, Nuku, Fiua et Vele ont été plus légèrement touchés mais quelques maisons traditionnelles sont tombées.
Sur la côte Est, par contre, c’est pire qu’ici. En plus du vent, Tomas a provoqué un raz de marée avec des vagues de 7 à 9 mètres.
J’ai pris hier la route de Poï ; peu après le col, on domine normalement le village de Laloua. Je ne reconnaissais plus rien : le village a disparu ; à la place il y a une plage de sable ; il ne reste même pas de tas de décombres : la mer a tout nettoyé en se retirant.
Je n’ai pas pu aller plus loin : l’accès à Poï et Tamana restent difficiles ; mais selon les témoignages ce n’est pas beaucoup mieux. Tavaï au Nord serait pareillement détruit.
Heureusement le cyclone est monté en puissance progressivement ; les habitants ont pu fuir avec les premières bourrasques ou les premières vagues. Ceux de la côte Est ont trouvé refuge auprès des soeurs dans la basilique de Poï, qui a résisté : la mer n’est monté que jusqu’au parvis.
C’est un miracle au vu des dégâts matériels que d’avoir si peu de victimes : aucun mort ou disparu, tout au plus une quinzaine de blessés légers. Les consignes et messages d’alerte diffusés dès le Vendredi par les 4 gendarmes de l’île et l’employé de la délégation ont très certainement contribué à un bilan humain léger.
Mercredi, 3 jours après le cyclone, le premier d’avion a pu atterrir sur l’île avec les premiers secours extérieurs : 13 militaires qui se battent auprès des habitants ; ils sont aujourd’hui 34. Les sans abris ont trouvé refuge dans les maisons ou les bâtiments encore debout ; chacun s’active à réparer ce qu’il peut même si les matériaux manquent.
Les services locaux de EEWF (l’équivalent d’EDF) ne relâchent pas leur efforts pour rétablir l’électricité ; ce n’est pas facile, beaucoup de poteaux sont tombés. Pour l’instant, une toute petite partie de l’île, le village de Léava et le quartier de l’hôpital à Kaleveleve, ont pu recouvrir l’électricité (et même internet !). Il faudra un mois d’effort, selon les ouvriers qui s’activent pour remettre le courant sur toute l’île.
Un autre chantier prioritaire est de reconstituer un réseau d’eau courante. A ce jour, la plupart des futuniens vont chercher l’eau à la source et font leur lessive à la rivière.
La totalité des cultures vivrières de l’île sont détruites. Futuna va dépendre de l’aide alimentaire pendant de longs mois.
Déjà, les enfants réclament de retourner à l’école. Ce ne sera pas facile ; non seulement les bâtiments ont été endommagés ou détruits mais la plupart des enfants n’ont plus de livres ou de cahiers. Dans ce domaine là aussi, les enfants de Futuna auront besoin de la solidarité extérieure.
Après avoir dévasté Futuna, le cyclone Tomas a poursuivi sa route sur Vanua Levu, île fidjienne qu’il a dévasté Lundi, occasionnant là non seulement des dégâts matériels mais aussi des pertes humaines.
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