Gaz de schiste aux USA : une catastrophe pour l’eau et la santé
On en sait un peu plus sur la contamination des eaux liées aux forages des gazs de schistes aux Etats-Unis. Si les grandes compagnies énergétiques se veulent rassurantes, la question des impacts sanitaires commence à surgir dans l’actualité américaine.
Une récente étude américaine, abondamment reprise par la presse, s’est penchée avec bienveillance sur les pollutions au méthane autour des forages de schistes réalisés au Texas et en Pennsylvanie. Elle innocente le procédé de fracturation hydraulique pour incriminer la mauvaise étanchéité des conduits qui laissent s’échapper le méthane. Et présente comme une « bonne nouvelle » le fait « que la plupart de ces problèmes d'étanchéité des puits peuvent être évités en améliorant leur construction ». Une information que ne manqueront pas d’utiliser les partisans de l’exploitation du gaz de schiste en France, qui promettent l’avènement d’une fracturation hydraulique écologiquement soutenable.
En réalité, la question des rejets de méthane n’est pas la question principale des pollutions liées aux gazs de schiste. Car la fracturation hydraulique génère le rejet de près de 750 produits chimiques. Selon France Libertés, « 25% des produits qui s’infiltre dans les nappes phréatiques, sont cancérigènes, 37% sont des perturbateurs endocriniens, 40 à 50% pourraient affecter les systèmes nerveux, immunitaire et cardiovasculaire, et plus de 75% les organes sensoriels et le système respiratoire ».
Par ailleurs, on sait qu’il faut 15 à 20 millions de litres d’eau pour réaliser un forage. Sachant qu’il existe 500 000 forages aux Etats-Unis, les menaces sur les réserves d’eau sont tout simplement ubuesques.
Les américains commencent à en mesurer les conséquences. Car les plaintes des riverains à proximité des forages des gaz de schiste se multiplient. Ainsi en interrogeant 180 familles près des forages du gisement de schistes Marcellus en Pennsylvanie, les universitaires de Yale ont-ils pu établir avec certitude que :
- 39% des personnes vivant dans un rayon de moins d’1 kilomètre autour du forage ont souffert de symptômes au niveau des voies aériennes supérieures : sinusites, saignements du nez, irritations de la gorge, etc.
- 13% des riverains directs (moins d’1km) ont également souffert de syndromes cutanés tels que les urticaires, irritations ou sensations de brulures.
Un jury de Dallas a donné raison à une famille vivant à proximité de puits de gazs de schistes, en condamnant la société Aruba Petroleum à une amende de 2 millions de dollars pour des dommages sanitaires de ce type.
Par ailleurs, au Colorado, dans le Comté de Garfield, les équipes médicales des cliniques se sont inquiétées d’une brusque augmentation des malformations chez les nouveaux nés depuis l’exploitation des forages. Ainsi le risque de malformations cardiaques a-t-il augmenté de 30% alors que certaines pathologies rares, comme celles liées aux malformations du système nerveux, ont doublé. En cause, les composés organiques volatiles qui contaminent l’air, mais aussi l’eau en s’infiltrant dans les zones phréatiques.
Un mode de contamination, lié à la fracturation hydraulique et à l’impossibilité de décontaminer les quantités astronomiques d’eaux injectées dans les sols pour percer les roches. On estime que 40% des eaux contaminées par la fracture hydraulique s’infiltrent dans les nappes phréatiques sans aucun traitement de dépollution. Le reste est " stocké dans des bassins de décantation à ciel ouvert favorisant l'évaporation de substances volatiles (..) et dommageable pour la santé des populations riveraines » affirmait dès 2012 l’Association Santé Environnement France, en s’appuyant sur les données de l’EPA, l’agence de santé américaine.
Cette association, rassemblant des médecins français spécialisés dans les impacts sanitaires et environnementaux, résumait ainsi la situation : "Il y a eu le scandale du sang contaminé, là, c'est de l'eau contaminée avec des produits cancérigènes reconnus". Tout en pévoyant qu’une exploitation du gaz de schiste en France ferait exploser le déficit de la sécurité sociale compte-tenue des nouvelles maladies engendrées.
Autant dire que cette « bonne nouvelle » célébrant la possibilité de diminuer les pollutions au méthane est un leurre. Le choix est simple, soit l’on se lance dans l’exploitation des gazs de schiste, soit on conserve nos ressources en eau. Il n’y pas d’entre-deux.
Pour d'autres articles sur l'eau ; eaumondieu.wordpress.com
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