Hulot ne manque pas de culot !
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C’est entendu, pour se parer des habits de la transition écologique, Macron s’est offert Hulot... et celui-ci tente de faire bonne figure en se présentant en authentique défenseur de la nature...
Sauf que le passage de la parole aux actes semble bien compliqué pour celui qui a beaucoup promis, et dont certains attendaient manifestement trop.
Le scandale du glyphosate en est la preuve, car argumenter qu’il faut un certain délai pour remplacer ce dangereux pesticide démontre une parfaite mauvaise foi.
Les témoignages de paysans qui ont cessé d’utiliser les pesticides se multiplient, démontrant qu’il est possible dès aujourd’hui de se passer du glyphosate. vidéo
Comme l’a écrit dans son ouvrage « changeons d’agriculture », Jacques Caplat (acte sud éditeur) : « le glyphosate fait plus de dégâts que le labour, car il tue une partie des bactéries du sol alors que le labour chamboule les milieux de vie du sol (...) les partisans du glyphosate laissent toujours de côté le fait que cette molécule se retrouve partout dans l’environnement, jusque dans nos corps, alors que le labour n’a aucune incidence sur la qualité de l’air, de l’eau, sur la biodiversité ou sur notre santé ». lien
L’auteur rappelle qu’il n’est pas besoin de retourner la terre à 40 cm, ou plus, et que la herse étrille, par exemple, permet d’arracher les mauvaises herbes, à 2 cm de profondeur, même au milieu des cultures déjà existantes...
Ça permet d’étouffer les herbes indésirables, d’assouplir la terre, mais aussi d’utiliser des tracteurs moins puissants, de réduire le nombre de passages dans les champs, et donc d’utiliser moins d’engrais, comme l’expliquent Lydia et Claude Bourguignon dans leur livre « manifeste pour une agriculture durable » (acte sud éditeur, 2017). lien
Et puis il y a le semis direct sous couvert, qui consiste à implanter une culture directement dans un couvert végétal.
L’essor de la permaculture est bien la preuve que de nombreux paysans ont bien compris que les alternatives étaient déjà possible.
C’est Pascal Tellier, le président de l’association auvergnate, « Gaïa, terre vivante », qui rappelle : « le mot humain vient de humus. On vient de la terre. Une civilisation qui ne met pas le biologique au centre de son organisation est vouée à disparaitre ».
La permaculture, une étique plus qu’une technique, vise à permettre aux hommes de vivre en préservant leur environnement, à créer des habitats plus autonomes, durables et une société moins dépendante des systèmes industriels. lien
Xavier Mathias, un paysan, auteur de « au cœur de la permaculture » regrette que l’on considère ceux qui ont tourné le dos à l’agriculture chimique comme des passéistes, alors qu’à son sens, il est au contraire un novateur, et il écrit : « se passer des pesticides demande des compétences très pointues, les céréaliers bio sont des paysans chercheurs »...
C’est l’occasion de redécouvrir l’intervention de Nicole Ferroni, sur l’antenne de France Inter, face au nouveau ministre de l’agriculture. vidéo
Et puis, Nicolas Hulot a-t-il pris le temps de lire l’étude commandée par le groupe écologiste au parlement européen à l’O.N.G. PAN (pesticides action network) parue mi-octobre qui expliquent comment cultiver sans pesticides ? lien
Aurait-il le don d’un dédoublement de personnalité lorsqu’il attaque Monsanto dans cette émission de tv ? lien
Aujourd’hui, il plaide pour un délai de 3 ans... la commission européenne va jusqu’à 7... Et le gouvernement évoque 5 ans, mais attendre, ne serait-ce que quelques mois supplémentaires, n’est-il pas criminel ?
Et puis il y a ceux qui, preuves à l’appui, démontre que tous ces pesticides, ce n’est pas si dangereux, comme on peut le voir dans cette courte vidéo.
D’autres sujets ne semblent pas trop inquiéter notre nouveau ministre de l’environnement, notamment dans le domaine de l’énergie en général et du nucléaire, en particulier.
Au moment où nos centrales vieillissantes tombent de plus en plus souvent en panne, il n’a pas l’air très enthousiaste pour les fermer toutes, et nous mettre enfin à l’abri du potentiel danger.
Récemment, une étude nous apprenait que les canalisations de la centrale du Bugey, à 30 km de Lyon, (et à 70 km de Genève) étaient toutes rouillées...lien
Ce que confirme l’ASN, « certains tuyaux sont tellement rouillés que l’épaisseur de leurs parois à diminuer et pourraient ne pas résister en cas de séisme ou d’inondation ».
Pour l’instant ça n’a pas l’air d’inquiéter grand monde...mais si un accident arrive un jour, on voit mal comment on pourrait évacuer les millions d’habitants de Lyon et de sa région...
On se souvient que lors de la catastrophe de Fukushima les autorités américaines avaient demandé à leurs ressortissants de s’éloigner d’au moins 100 km du site dévasté.
D’ailleurs nos voisins outre-quiévrain, ont décidé de distribuer les pilules d’iode dans un rayon de 100 km autour des sites nucléaires. lien
Pour rester quelques instants encore à Fukushima, rien n’est réglé, les 3 réacteurs en fusion continuent de relâcher leur poison dans l’air, l’eau et la terre, toutes les tentatives pour faire intervenir des robots sont restés vaines, et comme l’écrit Mickaël Ferrier, l’auteur du livre « Fukushima, récit d’un désastre » (éditeur Gallimard 2012) : « à Fukushima, c’est une situation de guerre ». lien
Récemment, 770 000 litres d’eau contaminée a été rejetée dans l’océan.
A ce jour, la facture de la catastrophe s’élève déjà à 177 milliards d’euros. lien
En ces temps de transition énergétique, après la COP 21, et celles qui suivront, la France reste à la traine dans le domaine des énergies propres, et de la défense de l’environnement. lien
Pourtant, il y a au niveau environnemental des actions qui pourraient être lancées tout de suite : du coté de Marseille, le grand collecteur d’égout continue à se jeter dans la Méditerranée, et l’usine Altéo continue de rejeter ses boues rouges et toxiques...
Récemment, le professeur Augier, président de l’association de défense a écrit au ministre pour que cesse enfin ce scandale, demandant de revenir sur l’arrêté préfectoral du 28 décembre 2015, lequel autorisait le rejet industriel polluant de l’usine d’alumine de Gardanne dans les eaux du Parc national des Calanques... sans réponse à ce jour. lien
Il a aussi déposé une plainte auprès de la commission européenne, laquelle a adressé à l’état français une série de questions pour réponse sous 10 semaines.
C’était au début janvier... et les réponses se font attendre.
Un autre front s’est aussi ouvert contre cette usine et ses rejets toxiques : Olivier Dubuquoy, président de l’association ZEA, dénonce la double pollution, celle en mer, et celle en terre.
Pas moins de 4 tonnes d’arsenic ont été déversées au large de Cassis.
« On en est revenu à la situation antérieure à 1966 où les boues rouges étaient stockées à terre », déplore-t-il.
Le recours déposé au tribunal administratif de Marseille le 19 juin 2017 par des riverains de Bouc-Bel-Air, reste toujours sans réponse. lien
Et ce n’est pas tout.
Le gouvernement, dont fait partie notre Hulot, vient de supprimer la taxe sur les activités polluantes et les installations classées...lien
Il préfère s’en prendre aux pauvres bougres qui font griller quelques saucisses dans leur cour et laisse les industriels salir notre air, notre eau, notre terre...
Mais nombre d'informations sont passées sous silence, car au pays de la macronie, le chef de l’état entend mettre le holà à toute information qui ne serait pas susceptible d’être communiquée au bon peuple, sauf qu’il y aurait au moins une taupe à l’Élysée, ce qui met le président hors de lui...
Il a missionné du beau monde pour mettre fin à ces fuitages intempestifs, pour l’instant sans résultat. lien
Pour en terminer avec Nicolas Hulot, il n’est manifestement pas totalement naïf, puisqu’il vient d’annoncer qu’il se donne un an pour juger de son utilité dans ce gouvernement. lien
Est-ce reculer pour mieux sauter ?
L’avenir nous le dira.
En tout cas, personne n’a oublié que sa fondation, rebaptisée « fondation pour la nature et l’homme », est encore sponsorisée par Bouygues, Vinci autoroute, EDF, Areva, L’Oréal, TF1, Eolia... lequel siège au conseil d’administration, et les sommes versées sont conséquentes : 200 000 € par an pour Éolia, 460 000 € jusqu’en 2012, et 100 000 € cette année pour EDF. lien
D’ailleurs Hervé Kempf, s’interroge dans Reporterre, sur le soutien apporté par Avril, le groupe agro-industriel dirigé par Xavier Beulin, à la fondation Hulot, dont on connait le rôle néfaste sur l’agriculture française. lien
D’aucuns s’interrogent aussi sur de possibles conflits d’intérêt.
Et quid de Vinci autoroute, qui veut encore construire l’aéroport de NDDL (notre dame des landes) ? lien
Ça expliquerait les atermoiements du ministre concernant ce projet.
Comme disait mon vieil ami africain : « un pessimiste est un optimiste bien informé »...
L’image illustrant l’article vient de https://www.contrepoints.org
Merci aux internautes pour leur aide précieuse
Olivier Cabanel
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