L’affaire Paul Watson : la consécration de l’impérialisme écologique ?
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Paul Watson dit ne vouloir que faire respecter les lois en mer, mais souhaite en revanche pouvoir s’y soustraire… Paul Watson a été arrêté le 13 mai à Francfort par les autorités allemandes suite à un mandat d’arrêt du Costa Rica pour infractions aux lois maritimes (mise en danger d’un équipage costaricain) en s’en prenant à des pêcheurs d’ailerons de requins du Varadero en 2002. Depuis, les spéculations de ses militants vont bon train, jusqu’à verser dans la théorie du complot : ce serait en fait la mafia taïwanaise qui ayant mis la tête de Paul Watson à prix, n’aurait pas trouvé de méthode plus simple ou expéditive que de soudoyer les gouvernements Costaricains et Allemands, tous deux pourtant connus pour leur grande conscience écologique. La police Guatémaltèque aurait également retourné sa veste, et le Japon serait peut-être lui aussi dans le coup… Interprétations aussi extravagantes qu’invérifiables… Une chose est sûre, suite au mandat d’arrêt immédiatement lancé contre lui en 2002 au Costa Rica, Paul Watson prend lamentablement la fuite au Panama, et il essaye aujourd’hui encore de s’extraire de ses obligations judiciaires.
La découpe d’ailerons de requins est interdite par la loi costaricaine, et ces lois doivent être appliquées le mieux possible. Mais doit-on pour autant laisser Paul Watson, qui considère qu’un ver de terre est plus important qu’un humain, se charger de faire appliquer les lois internationales selon ses méthodes extrêmes et contestées ? Toute personne (d’un pays riche) animée de bonnes intentions écologiques peut-elle aller faire justice elle-même à renfort de bateaux ultra polluants dans l’autre hémisphère ? Dans cette affaire, après avoir lu des dizaines d’articles déversant les mêmes litanies à la gloire du « héros », qui s’est un seul moment demandé ce qu’avaient à dire les 6 petits pêcheurs costaricains agressés par Paul Watson et son armée ?
Les pays du Sud considèrent déjà que nombre de dispositions environnementales internationales, comme celles relatives au changement climatique, relèvent d’un impérialisme écologique. Alors que les organisations internationales et les ONG privilégient la diplomatie et la coopération environnementales, cautionner les interventions illégales d’un sauveur des océans mandaté par les baleines ressemble fort à une consécration de cet impérialisme écologique.
Il serait alors temps que la lumière soit faite sur l’affaire Paul Watson en toute impartialité et en écoutant toutes les parties en présence, sans céder au populisme ambiant.
Eric Pinault, Responsable stratégie et communication Europe des IrreverSEAbles
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