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L’Afrique et le réchauffement climatique

A la veille de la Conférence des Nations unies sur le climat, qui se tiendra du 6 au 17 novembre prochains, à Nairobi (Kenya), plusieurs rapports sont publiés ou remis à l’ordre du jour, venant corroborer le constat fait par Al Gore, l’ancien vice-président américain, dans son documentaire (« Une vérité qui dérange ») sorti en France le 11 octobre, sur la catastrophe que va représenter le réchauffement de la planète en raison de l’augmentation des émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère.

Afrique : continent vulnérable

Pour ce qui concerne l’Afrique, où il a peu de pays industriels émetteurs de gaz à effet de serre mais plusieurs pays appauvris, le rapport[1] « Africa-up in smoke 2  ? » d’un groupe sur le changement climatique et le développement[2] publié en octobre 2005, se basant sur des données scientifiques, affirme que le climat y serait déjà de 0,5 degré centigrade plus chaud qu’il y a cent ans. Ce même rapport estime que la hausse des températures sera deux fois plus élevée dans plusieurs régions dudit continent qu’ailleurs, que les sécheresses vont s’y étendre et le climat y devenir de plus en plus imprévisible.

Un exemple palpable est le lac Tchad, l’un des plus grands de la planète, dont le niveau d’eau a baissé drastiquement pour ne couvrir actuellement qu’un dixième de la surface de 1963, avec pour conséquence l’augmentation des risques de conflits liés à la gestion de l’eau.

Selon un rapport publié au début juin 2005, signé entre autres par la Banque mondiale, l’Union européenne et la Banque africaine de développement (BAD) : « Les changements climatiques pourraient augmenter la présence de certaines maladies dont la malaria, le choléra et la dysenterie. Ils pourraient aussi entraîner une baisse quantitative et qualitative de l’eau et aggraver le problème de la sous-alimentation en Afrique.  »

Le dernier rapport annuel de la FAO publié le 30 octobre dernier, intitulé « L’état de l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI 2006) », explique qu’il y a aujourd’hui 820 millions d’êtres humains victimes de sous-alimentation dans les pays en développement, contre 800 millions en 1996, et que l’Afrique subsaharienne compterait 179 millions d’affamés, soit plus du double de l’objectif fixé par le Sommet mondial de l’alimentation (SMA) qui s’est tenu à Rome il y a dix ans, et qui promettait de réduire de moitié le nombre de personnes sous-alimentées dans le monde d’ici à 2015.

L’Afrique n’est pas en mesure de faire face à cette catastrophe que représenterait le réchauffement climatique et qui pourrait coûter à l’économie mondiale jusqu’à 5,5 trillions d’euros, selon le rapport Stern, du nom de l’ancien chef économiste de la Banque mondiale, publié lundi dernier. Selon ledit rapport, l’humanité devrait dépenser 1% du PIB annuel de la planète, soit 275 billions d’euros, sous peine de voir le coût du réchauffement climatique être de 5 à 20 fois plus élevé. Il faudrait, comme proposé dans ledit rapport, que les gouvernements occidentaux prennent des mesures radicales.

Monsieur Breton, ministre français de l’économie et des finances, répondant à une question à l’Assemblée nationale mardi dernier sur le réchauffement climatique, a expliqué que « ...la France est en effet aux tout premiers rangs pour ce qui concerne les émissions de dioxyde de carbone par habitant, avec un taux inférieur de 40 % à la moyenne mondiale. [...] Elle s’est en outre clairement engagée à respecter les exigences de Kyoto et l’étape de 2012.  »

Tony Blair plaide pour un accord post-Kyoto qui inclurait les principaux pays émergents tels que la Chine et l’Inde, ainsi que les Etats-Unis (premier émetteur mondial de gaz à effet de serre mais ayant refusé de ratifier le protocole de Kyoto, conclu en décembre 1997 et entré en vigueur en février 2005, et qui impose des réductions d’émissions des gaz à effets de serre).

Le Canada, pour sa part, s’est engagé à demander, lors de la Conférence de Nairobi, une révision complète du protocole de Kyoto.

Des promesses pour aider l’Afrique à faire face au réchauffement climatique non tenues

Des propositions fermes avaient été faites lors du dixième anniversaire du Sommet mondial de la Terre à Johannesburg (Afrique du Sud) en 2002. A cette occasion, les gouvernements s’étaient mis d’accord sur une assistance aux pays africains au sujet du changement climatique. Un Plan d’action de Johannesburg s’engageait entre autres à :

• « aider les pays africains à mobiliser des ressources suffisantes en vue de répondre à leurs besoins d’adaptation face aux effets préjudiciables des changements climatiques, des conditions météorologiques exceptionnelles, à l’élévation du niveau de la mer et à l’instabilité du climat, et aider à établir des stratégies nationales concernant les changements climatiques et des programmes en vue d’atténuer leurs effets au niveau national... » (paragraphe.56 (k))

• « apporter une assistance technique et financière aux pays africains en vue de renforcer leurs moyens institutionnels et humains, notamment à l’échelon local, pour une gestion efficace des catastrophes, y compris en matière d’observation et d’alerte rapide, d’évaluation, de prévention, de planification préalable, d’intervention et de secours » (paragraphe.59 (a))

Mais, ces promesses ne sont pas tenues. Et pourtant lors de la Conférence mondiale sur la réduction des catastrophes de janvier 2005, les gouvernements l’ont reconnu : « En Afrique, les catastrophes constituent un obstacle majeur aux efforts du continent pour parvenir au développement durable. »

Le rapport « Africa-up in smoke 2 » désigne l’Afrique comme «  le continent le plus vulnérable aux effets prévus du changement car le niveau de pauvreté générale y restreint les possibilités d’adaptation ». Est-il souhaitable que les gouvernements africains participent au système d’échange de crédits de pollution, même si le rapport Stern affirme qu’un tel mécanisme est essentiel à une réduction rapide des émissions polluantes ?

La conférence de Nairobi va-t-elle déboucher sur des mesures concrètes pour limiter l’émission de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, afin d’éviter la catastrophe prévue, l’Afrique devant être le continent le plus vulnérable et le plus pénalisé ?

Komi TSAKADI



[2] Ce groupe comprend ActionAid International, Birdlife International, CAFOD, The Catholic Institute for International Relations (CIIR), Christian Aid, Columban Faith and Justice, IDS (Institute of Development Studies), IIED (International Institute for Environment and Development), Friends of the Earth, Greenpeace, Medact, nef (new economics foundation), Operation Noah, Oxfam, People & Planet, Practical Action (ancien ITDG), RSPB, Tearfund, teri Europe, WWF and WaterAid.


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3 réactions à cet article    


  • Colonel 2 novembre 2006 12:16

    De nombreuses missions d’aide humanitaires sont présentes sur le continent africain, chacune apporte sa petite pierre, c’est vrai qu’elles sont petites leurs pierres, mais elles réchauffent les coeurs par leur présence !

    Parfois, un sourire peut suffire pour oublier qu’on est triste...


    • ZEN zen 2 novembre 2006 14:30

      Bonjour Tsakadi

      Bon article

      Au sujet des problèmes d’alimentation, vous auriez pu rappeler l’essentiel de votre dernière contribution(pression du FMI, etc...)

      Quelle est la part de la désersification due aux déboisements (effet de la pression démographique) dans les régions subsahariennes ?


      • Yannick Comenge (---.---.102.41) 25 janvier 2007 14:11

        Dans l’hémisphère sud, l’énergie solaire a été vu comme un atout pour le développement. Ainsi, la mise en place d’une centrale solaire peut permettre de faire fonctionner des pompes à eaux, des dispensaires peuvent avoir des réfrigérations garanties de leur stock de médicaments et de vaccins grâce à l’ajout de batteries rechargeable. Ailleurs ce sera un village isolé qui bénéficiera de panneaux solaires permettant de faire fonctionner quelques appareils électriques et aidant au confort de la population. Ainsi, la notion d’électrification rurale en zone décentralisée est un concept bien vivant et très appliqué dans des pays émergeants. Elle est un « plus » pour le développement local notamment grâce à la mise en place d’une irrigation maraîchère intensive. En Afrique tropicale, les femmes d’un village bénéficiaire d’un programme d’électrification ont conduit à une bonne croissance des cultures. Ceci a conduit également grâce à l’énergie solaire à l’enrichissement de la région et enfin à une amélioration globale de la santé des communautés. Pour appuyer cette dynamique de développement, des structures non gouvernementales aujourd’hui sont spécialisées pour l’apport et le transfert de cette technologie. La Fondation Energie pour le Monde et d’autres collectifs sont devenus des références dans la création de pôles de développement solaire en partenariat avec des aides gouvernementales (EDF...). Ainsi, on va même jusqu’à la formation des gardiens sur place qui sauront à la fois éviter des vols de panneaux solaires mais aussi assurer la maintenance. Ainsi des associations européennes comme « Observ’ER, http://www.energies-renouvelables.org » et « associationintervida.org » qui s’occupent pour cette dernière de la construction d’écoles sont arrivées à agir en synergie au niveau local et dans plusieurs pays en apportant l’énergie solaire (Mali, Maroc, Madagascar). L’ association Intervida a déjà mis en place des systèmes solaires en Amérique du SUD et je recommanderai de visionner le regard rayonnant de ces gamins qui désormais peuvent étudier grâce à quelques installations bien pensées mais aussi grace à des conseils adaptés aux populations (savoir-faire agricole, hygiène, énergie). Comme nous avons deja cité des entreprises et des structures européennes (EDF, ADEME) qui orientent leur aide sur des plans d’électrification décentralisée (ERD), il est utile de voir quelques exemples de plus prêt. Une application courante de l’ERD consiste notamment la création de pôles solaires visant à créer des zones de production agricole. Ainsi au Sénégal, en Basse Casamance, un projet d’une dizaine d’implantations solaires a été réussi pour un coût total de 300 000 euros avec la participations d’acteurs engagés (ONG, entreprises, gouvernements). Au sud de Madagascar, neufs site ont été équipés de pompes solaires permettant de puiser de l’eau jusqu’à plusieurs dizaines de mettre. La population bénéficiaire pouvait fluctuer entre 250 et 2400 habitants en fonction des capacités locales d’extraction de l’eau. Les pompes en question ont un débit de 8 à 23 m3 par jour. La capacité enfin de stocker l’énergie pourrait améliorer le rendement du débit. La Fondation Energie pour le Monde fut un des moteurs institutionnel de ces expériences qui ont apporté beaucoup de confort à quelques communautés. La réussite de ces modèles d’ERD permet d’espérer une extension de cette politique d’électrification. Par ailleurs, on peut compter sur « l’innovation entrepeneuriale » dans le domaine solaire. Ainsi, SOLTYS Propose une réponse adaptée à l’électrification d’appoint en zone rurale. Grâce à des panneaux solaires de faible surface (quelques dizaines de cm2), l’entreprise SOLITYS.fr permet d’assurer un fonctionnement de lampes ou de modules pendant environ une dizaine d’heure. Outre des systèmes portables, il est courant que cette entreprise fournisse des jeux de lampes très utiles pour subvenir à un éclairage diffus ou puissant. Cette innovation s’est vue être primée en 2005. Aujourd’hui le directeur de Soltys, Alexandre Chavanne, effectue des recherches de marché au Mali. En 2005-2006, en partenariat avec une importante ONG malgache, Soltys a pu équiper un dispensaire de brousse situé à Belanitra, village rural des hauts plateaux. Alexandre Chavanne estime qu’il peut aider à un développement harmonieux au Mali. Enfin pour montrer le coté pratique du dispositif solaire, j’exposerai quelques échanges que j’ai eu avec le Prof.Dr.A.Jagadeesh, responsable du « Nayudamma Centre for Development Alternatives » en Inde. Celui-ci a mis au point une batterie de système permettant de chauffer les aliments grâce à des réflecteurs solaires. Ceci permet une cuisson idéale des repas et également une économie de bois ou de combustibles dans des zones quasi désertiques. Par ailleurs, il a mis au point des systèmes permettant de sécher le poisson et d’autres denrées fort utiles dans des pays en développement. Le solaire donc peut permettre une révolution dans les mœurs quotidiennes de villageois toujours très seuls face aux besoins les plus simples. Mais, surtout, ses inventions pratiques sont idéales pour dépolluer l’eau...ces réflecteurs peuvent rapidement porter une eau à ébullition voire tout simplement à 65°C ce qui permet de tuer la plupart des virus et bactéries problématique. Il s’agit d’une urgence majeure sachant qu’on sait que toute les 8 secondes un enfant meurt d’une pathologie liée à de l’eau non potable.

        L’idée essentielle à mes yeux consiste en la mise en place d’une dynamique locale, régionale et nationale. Les dispositifs solaires peuvent faire « tache d’huile » et cela grâce à l’idée du récent prix Nobel de la Paix, Mohammed Yunus attribuée pour ses idées concernant la microéconomie et le microcrédit. Mohammad Yunus se bat pour redonner leur dignité aux “humbles et aux sans-grade”. Depuis Trente ans qu’avec la Grameen Bank, cette “banque des pauvres” spécialisée dans le microcrédit, il martèle que la pauvreté dans le monde ne pourra pas être éradiquée avec seulement des dons et des bons sentiments. On sait que le microcrédit peut permettre à des familles de construire leur vie par la création d’entreprises familiales. Ce modèle fonctionne bien et a été reconnu comme d’utilité universelle... Une extension de cette idée pourrait être adaptée au transfert de technologie solaire. Ainsi, un village électrifié serait garant d’une dynamique de croissance et pourrait aider à financer d’autres projets d’envergure afin d’étendre l’électrification à des centres voisins. Ainsi, le développement local durable et l’électrification rurale décentralisée pourraient être les pierres fondatrices d’un développement transversal dit en « tache d’huile » avec une base de microcrédit. Ceci est urgent car plus de deux milliards d’hommes n’ont pas accès encore à l’électricité.

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